Après avoir habité le quartier Montcalm, le couple a trouvé la tranquillité à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, dans une maison de 135 mètres carrés qu'un neveu a baptisée «la base lunaire rouge». «On fait parler dans le coin», reconnaissent-ils.

Après avoir habité le quartier Montcalm, le couple a trouvé la tranquillité à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, dans une maison de 135 mètres carrés qu'un neveu a baptisée «la base lunaire rouge». «On fait parler dans le coin», reconnaissent-ils.

Bâtie sur du roc granitique, leur résidence aux parements d'épinette teints en rouge est étroite et tout en hauteur. Ses gouttières sont camouflées dans des coffres de tôle noire qui trahissent une signature, celle de Marie-Chantal Croft et d'Éric Pelletier, un couple d'architectes de Québec.

Dans le salon, une cloison ajourée borde l'escalier conduisant à la chambre.

Leur projet est finaliste au prix Marcel-Parizeau que décernera l'Ordre des architectes du Québec, le 30 août, pour récompenser une construction dont les travaux n'excèdent pas 150 000 $. Ils songeaient à se faire construire une maison depuis deux ou trois ans. Madame connaissait Marie-Chantal Croft dans un contexte pas du tout architectural. Elle s'est dit qu'il vaudrait la peine de jeter un coup d'oeil à ce que son conjoint et elle avaient à proposer. «Dès le départ, leur bureau nous a plu, raconte monsieur. Puis, on a vu qu'ils consultaient les mêmes revues que nous, et qu'on parlait le même langage.»

Rémi Hovington, finissant à la maîtrise en architecture et bras droit de Croft et de Pelletier, s'est beaucoup impliqué, lui aussi, dans ce projet.

Monsieur tenait à «habiter en tout temps tous les espaces de la maison». «On n'est pas comme tout le monde, ont-ils constaté. On n'accumule rien. La plupart des gens ne comprennent pas qu'on n'ait ni sous sol, ni garde-robe d'entrée.» Le couple préfère les espaces de vie à ces endroits inutilisés la plupart du temps.

La chambre est située en mezzanine.

Leur maison semble sans façade. Elle se présente comme un rectangle vertical à trois niveaux: la salle de séjour et une salle de bains au rez-de-chaussée; le salon au premier, la chambre en mezzanine et une autre salle de bains au deuxième. À l'arrière, la salle à manger s'ouvre sur le salon, dans un bloc juché sur des piliers de métal, surmonté d'une terrasse et sous lequel a été aménagé un rangement.

Vocabulaire architectural

Ce rangement est composé de lattes de pin noueux, dont le motif a été repris dans la cloison ajourée bordant les deux escaliers intérieurs. Le couple connaît maintenant l'importance du «vocabulaire architectural», une expression qui évoque l'homogénéité, notamment par le rappel de certains éléments partout dans la maison. Ainsi, des lattes de bois ont aussi été utilisées dans la fabrication d'une petite passerelle appelée caillebotis, entre la chambre et la terrasse extérieure. Le grand mérite de ce treillis est de laisser passer la lumière à l'étage inférieur.

La salle à manger et la cuisine logent dans ce bloc surmonté d'une terrasse, et sous lequel a été aménagé le rangement.

Des étagères Ikea rectangulaires constituées de plusieurs casiers carrés ont été récupérées pour servir d'armoires dans la cuisine, de buffet dans la salle à manger et de rangement dans le salon. Elles ont guidé monsieur dans l'élaboration de l'îlot de cuisine, et les architectes dans la distribution de minces fenêtres rectangulaires.

«Les meubles de ma tante Éva n'ont pas leur place ici», a plaisanté le propriétaire de cette maison contemporaine et sobre. La vieille commode de tante Marthe, cependant, a survécu au déménagement. «Elle traversera les siècles», a décrété madame, qui lui a trouvé un coin dans la chambre.

Le lit fait face au mur entièrement fenestré donnant sur la terrasse. Madame s'était résignée à porter un loup (bandeau pour les yeux). Mais la lumière du matin est une compagne à laquelle elle s'est finalement habituée. Le walk-in est caché derrière la cloison sur laquelle s'adosse le lit. Le couple avait exigé le moins de portes possible.

L'architecte Éric Pelletier tire sa plus grande satisfaction du bonheur de ses clients. Il avait deux paris à relever: respecter leur budget et implanter leur maison sur un site rocailleux, en préservant son cadre naturel et en «limitant les interventions», c'est-à-dire en dynamitant le moins possible. Il en témoigne: les matériaux et les coûts de construction n'ont pas dépassé 150 000 $.

La maison, bien que petite, offre des ambiances variées, selon le moment de la journée et l'endroit où l'on se trouve. «À la fin du jour, la lumière passe à travers les branches, à l'avant», mentionne M. Pelletier. Avec tous ces arbres, les rideaux sont superflus.

Les deux salles de bains n'affichent aucun luxe. «La fenêtre au-dessus de la baignoire, c'est bien plaisant», fait observer madame. Les accessoires de toilette sont rangés dans des chaudières de tôle distribuées le long d'un poteau. Cet ensemble était destiné au jardin, mais le couple l'a trouvé parfait pour son décor minimaliste.