Vos placards ne vous appartiennent plus? Ils ont été envahis depuis des années par des patins usés, des skis démodés, des valises défoncées et autres babioles accumulées?

Vos placards ne vous appartiennent plus? Ils ont été envahis depuis des années par des patins usés, des skis démodés, des valises défoncées et autres babioles accumulées?

 La quête de vos clés est une croisade quotidienne, quand ce n'est pas les gants de monsieur ou le chapeau de bébé qui se sontt encore volatilisés? Rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls. Des experts en organisation ne demandent même qu'à vous soigner.

«Vous voulez déménager car vous pensez manquer d'espace de rangement ? Vous criez sans cesse à vos enfants de ramasser leurs choses? Vous avez peur d'ouvrir certains placards... Si vous vous êtes reconnus dans l'un ou l'autre de ces symptômes, c'est sans doute que, comme des millions de gens, vous souffrez de désorganisation chronique.»

Un petit communiqué anodin, comme on en reçoit des dizaines, est venu nous chercher bien loin l'autre matin. Nous? Désorganisés chroniques? Allons donc!

Le communiqué se poursuivait comme suit: «Par chance, il existe maintenant un remède efficace: l'organisation résidentielle». Qu'est-ce que cette nouvelle invention, vous demandez-vous? Une profession en bonne et due forme, qui compte depuis maintenant trois ans une association, la POC (Professional Organizers in Canada), dont la division québécoise a été créée l'an dernier.

Ces professionnels qui oeuvrent dans l'organisation résidentielle sont évidemment des gens bien organisés, capables d'écouter leurs clients et de leur faire des suggestions appropriées. Ils vous aideront à améliorer vos espaces de rangement et à vous défaire du superflu. S'il ne reste plus de lame aux patins et que les skis sont cassés, c'est un signe qu'il est temps de vous en séparer.

En prime, ils travailleront avec vous pour adapter votre environnement à vos petites habitudes. Marre de jouer à cache-cache tous les matins? Pourquoi alors cacher vos clés sous le journal, le bol de café ou le pot de confiture de la table de cuisine? Oups...

L'auteure du communiqué, Sophie Legault, présidente d'Espace Retrouvé, offre trois types de services: le conseil (elle visite votre maison et émet de petites suggestions pour améliorer votre rangement), l'accompagnement (elle visite, conseille, et se lance dans le rangement en votre compagnie), ou carrément la prise en charge du rangement (en quelques heures, elle remet en ordre le chaos du garage, de la cuisine ou du garde-robe).

Mettre le doigt sur le bobo

Un lundi matin, Sophie Legault est venue sonner chez nous. Objectif: des conseils. Pour ne pas avoir l'air trop atteinte par le syndrome de la désorganisation chronique, une demi-heure avant son arrivée, nous nous sommes affairées à astiquer notre petit cinq et demi. En un tour de main, les toutous de bébé se sont envolés dans la chambre, les jouets dans le coffre, le journal au recyclage, et la vaisselle dans l'évier.

Mais la jeune femme n'a pas été dupe. En 40 minutes de visite, elle a été capable de mettre le doigt sur la plupart de nos bobos. Sans nous juger et plutôt en franche complicité, elle nous a suggéré de nous débarrasser de quelques inutilités, de replacer certaines babioles, et de déplacer quelques meubles.

«Souvent, les clients vont pleurer, a-t-elle commenté. Ils vont se dire: mon Dieu, je rentrais dans ce pantalon! Mais il faut faire le deuil d'une vie passée.» Exit donc nos livres d'université, les Locke, Hobbes, et autres Platon, qu'on ne risque pas de consulter de sitôt. Cela fait mal, mais c'est un fait. Exit aussi l'intégrale de Nelligan, héritée de la grand-mère, mais jamais touchée en 10 ans.

«Est-ce qu'on a vraiment besoin de tout ce qui nous entoure? On a des choix à faire», commente l'organisatrice en regardant notre collection de magazines. Désolée, mais celle-là, elle ne bouge pas.

Sophie Legault n'est pas une sainte. «Chez moi, je pitche le journal par terre!», confie-t-elle. Lors de notre passage dans son petit appartement de l'est de la ville, son pyjama traînait sur son lit, et il y avait même de la vaisselle sale dans l'évier. «Je vis aussi, je ne suis pas capotée!»

La jeune femme s'avoue aussi paresseuse, une paresse à l'origine de son sens de l'organisation. «Il faut se faciliter la vie!», dit-elle. Pour ne pas avoir à chercher sans cesse le bon disque à écouter, elle a rangé ses CD par ordre alphabétique. Idem pour ses épices. Dans un placard de la cuisine, on a même aperçu les couvercles de ses Tupperware rangés non seulement par ordre de grandeur, mais aussi par couleur.

Selon elle, pour mettre de l'ordre dans nos maisons, il faut avant tout prendre «rendez-vous avec soi». Pas la peine de mobiliser un week-end au complet, quelques minutes volées pendant la pub en regardant la télé suffisent pour commencer. Il faut ensuite s'attaquer à la pièce ou au tiroir qui nous hérisse le plus, en passant tous les objets au test. Par exemple, a-t-on toujours vraiment besoin de son agenda du secondaire? Si oui, on le range, sinon, on le met à la poubelle ou au recyclage.

Ces règles d'or de l'organisation sont partagées par la plupart des professionnels en la matière. Dans son best-seller Clutter Control, putting your home on a diet, Jeff Campbell dresse 12 règles, qui peuvent se résumer ainsi: dans le doute, on jette. Pas demain, ni plus tard, mais là, tout de suite.

Mais pourquoi diable est-ce si difficile? «C'est comme se mettre au régime, répond-il, joint à ses bureaux de San Francisco. On sait qu'il faut manger moins et faire de l'exercice, mais le savoir, cela ne suffit pas». Ce qu'il faut, c'est passer enfin à l'action.