Des services permettent à toutes les bourses d'afficher chez soi le travail d'artistes et de tourner le dos aux reproductions vendues à des milliers d'exemplaires dans les grandes surfaces, que l'on retrouve chez le voisin, le voisin du voisin, et ainsi de suite jusqu'à saturation. Soit, ces service ne sont pas toujours faciles à trouver. En voici cinq qui ont attiré notre attention.

1. Art Bang Bang

Des oeuvres prêtées gratuitement? C'est le pari un peu fou que l'artiste Frédérique Marseille a fait, il y a deux ans, en lançant le site Art Bang Bang pour mieux diffuser sur les réseaux sociaux les oeuvres des artistes émergents. L'idée a germé quand elle a lancé un appel sur Facebook à ses amis pour leur demander s'ils avaient envie d'héberger chez eux ses toiles, faute d'espace chez elle. «J'ai eu 25 réponses positives en quelques heures: j'ai compris alors qu'il y avait quelque chose à faire avec le web pour mieux favoriser les échanges entre les artistes et le public», explique la jeune femme. Art Bang Bang est un service gratuit pour les artistes, qui peuvent y exposer librement leurs oeuvres pour les prêter, les louer (autour de 20$ par mois) ou les vendre. Lorsqu'une oeuvre est prêtée gratuitement, son locateur doit s'engager à la prendre en photo chez lui et à la diffuser sur les réseaux sociaux. L'artiste y gagne un petit coup de pub gratuite. «Notre but premier est de diffuser l'art: le prêt gratuit s'est imposé parce que, pour certaines personnes, même une location de 10$ par mois, ça ne rentre pas dans le budget. On veut que le service soit accessible à tous.» Le choix est éclectique: Mme Marseille et son associé, Bassem LHM, sélectionnent les oeuvres «coup de coeur», lesquelles sont mieux mises en valeur, mais a priori, aucun artiste n'est refusé et tout le monde a droit de cité dans la galerie virtuelle.

artbangbang.com



Photo fournie par Art Bang Bang.

Oeuvre d'Émilie S.

2. L'Artothèque

Fondée il y a 20 ans, l'Artothèque est vite devenue incontournable et compte désormais sur une collection de 4000 oeuvres signées par 250 artistes. Il faut être membre de l'organisme à but non lucratif (26,25$ par année) pour y louer une toile, une sculpture ou une gravure, dont le coût varie entre 5,40$ et 40,05$ par mois, selon la taille et la valeur. Cette somme est remise en partie à l'artiste, et déduite de l'achat éventuel de l'oeuvre. Des appels de candidatures sont menés deux fois par année pour renouveler l'offre, que l'on peut voir de visu à la galerie, près de la station de métro Rosemont. «Nous avons aussi un catalogue en ligne, mais nous encourageons vivement les clients à venir, l'effet n'est jamais le même en vrai», dit Morgane Bézard, chargée de projet. Du coup, on profitera aussi des conseils des experts. Enfin, notez que les toiles sont assurées par l'Artothèque au domicile du locateur.

artotheque.ca



Photo fournie par l'Artothèque

Savoir se taire, de Marianne Pon-Layus

3. Les Impatients

La mission première des Impatients est de venir en aide aux personnes souffrant de maladie mentale en leur permettant d'exprimer leur créativité dans des ateliers chapeautés par des art-thérapeutes et des artistes accomplis. Des 300 000 oeuvres réalisées en 23 ans, près de 15 000 ont été conservées au fil des ans, dont une partie (2000 environ, en rotation régulière) est offerte en location au public pour aider à financer les activités de l'organisme à but non lucratif. Le tarif varie entre 15 à 20$ par oeuvre par mois, mais l'achat des oeuvres n'est pas permis, à l'exception de l'encan annuel Parlez-moi d'amour. «Nous ne voulons pas créer de compétition entre les artistes», note Karine Larocque, responsable de la collection. Catalogue en ligne et consultation sur place.

impatients.ca



Photo fournie par les Impatients

Les maisons distances, d'Eli Lilly

4. Galerie d'art Stewart Hall

Méconnue du public, la Galerie d'art Stewart Hall, à Pointe-Claire, est pourtant l'une des pionnières au Québec dans le genre, et offre un service de location depuis 1967! Le choix n'est pas le plus vaste: 90 artistes et 120 oeuvres encadrées, mais il est entièrement renouvelé chaque année, tout comme les juges chargés de la sélection. «Il y a nécessairement quelque chose d'un peu subjectif dans l'art, explique Amanda Johnston, responsable de la galerie. En changeant de jury annuellement, on s'assure d'offrir une belle diversité.» Les tarifs varient de 6 à 30$ par mois, mais l'on pourra déduire jusqu'à 4 mois de location au moment de l'achat. «Il est rare que les locations durent plus de quatre mois: très souvent, les gens passent à l'achat après parce qu'ils ne veulent plus se séparer de l'oeuvre», note Mme Johnston. Pour plus de choix: visitez la galerie en novembre, lors de l'exposition annuelle des oeuvres nouvellement sélectionnées pour la location.

ville.pointe-claire.qc.ca

5. Bibliothèque Gabrielle-Roy, Québec

Les tarifs proposés pour la location d'oeuvres d'art à la bibliothèque Gabrielle-Roy sont étonnants: à peine 4$ pour trois mois, avec la possibilité de renouveler le contrat deux fois plutôt qu'une. Ceci dit, après les neuf mois réglementaires, aucun achat n'est permis, sauf lors de la vente, tous les deux ans, des oeuvres retirées de la collection permanente pour laisser place aux nouvelles acquisitions. Le service n'est pas réservé aux résidants de la capitale: il suffit d'être membre pour en profiter (gratuit pour les personnes domiciliées à Québec, 70$ pour 6 mois ou 120$ par année pour les autres). Après, libre à vous d'accrocher l'oeuvre n'importe où dans la province. Il suffit de la rapporter à temps pour éviter des frais de retard! La collection compte quelque 1400 oeuvres, à moitié constituée de reproductions d'oeuvres connues (Van Gogh, Picasso, etc.), et de créations d'artistes québécois (surtout des estampes et des lithogravures). Elle est visible tous les jours à la bibliothèque.

bibliothequesdequebec.qc.ca

Photo fournie par la galerie d'art Stewart Hall

Regarder d'en haut, de Bismark Villacres