Liaisons étroites avec les créateurs de mode, associations avec des designers de talent, fabrication sur mesure... Cinquante-quatre ans après sa fondation, Roche Bobois est devenu un chef de file mondial dans le mobilier haut de gamme. À New York comme à Bogota, de Berlin à Bombay, l'enseigne française séduit le public. La Presse a profité du passage à Montréal, la semaine dernière, de Gilles Bonan, président du directoire, pour parler des tendances du marché.

La marque est en pleine expansion mondiale, notamment en Amérique du Sud et en Asie. Par quoi ces nouveaux consommateurs sont-ils attirés?

Les gens apprécient et recherchent la modernité, une proximité avec le monde de la mode, beaucoup de créativité. La diversité des styles également.

À quels besoins Roche Bobois répond-il?

Dans la décoration et dans l'ameublement, il y a des préoccupations pour le confort, la qualité [le mobilier est fabriqué en Europe], la sensualité des matières. Il y a aussi une dimension statutaire. Le salon, c'est un peu le réceptacle de sa personnalité et de ce qu'on veut transmettre comme image aux amis et à la famille.

Quels styles ont la cote?

Ça dépend des continents. De façon générale, c'est davantage les collections contemporaines. Mais il y a des exceptions. En Chine, où nous avons huit salles d'exposition, notre clientèle est plus attachée aux collections d'inspiration classique. Elle a une image du style français, des châteaux, de Versailles, même si le contemporain commence vraiment à poindre.

... et au Québec?

Il est résolument axé sur le contemporain, mais le fait d'avoir cette diversité de l'offre, c'est un vrai atout, surtout ici, au Canada et au Québec. Notre clientèle associe souvent les deux styles [le classique et le contemporain]. D'ailleurs, c'est une tendance assez mondiale. Maintenant, les gens ne veulent plus forcément être dans le monostyle, dans le look total, ils aiment bien la fusion.

Comment se définit le haut de gamme aujourd'hui?

On est beaucoup moins dans l'ostentation et le bling-bling qu'il y a 5 ou 10 ans. Il y a un retour sur des valeurs naturelles et d'authenticité. On revient aux racines. On vend plus de canapés en tissu qu'il y a 10 ans. Avant, c'était majoritairement le cuir. Maintenant, le textile est vraiment un matériau d'expression de la propre créativité du client. Le haut de gamme suit et anticipe des tendances.

Quelles sont alors les tendances actuelles?

Au dernier salon de Milan, Mecque internationale du design, on voyait des marques dans des tonalités sourdes et taupes. Nous, on était dans la couleur, les matières brutes, les tissus de designers de mode, à l'occurrence ceux de Christian Lacroix.

Justement, une de vos stratégies est de vous associer aux créateurs de mode...

On a été l'un des premiers à tisser des liens, puisque notre collection avec Kenzo date du début des années 2000. Mais il ne s'agit pas d'en collectionner. On travaille régulièrement avec des designers. On a lancé un concours international de design pour dénicher les talents de demain. La première édition a eu lieu en Chine, il y a trois ans. C'était un pied de nez, car la Chine est parfois perçue de façon négative ou hostile, mais il y a une richesse créative incroyable.

Le sur-mesure, est-ce toujours la clé du succès?

C'est un des facteurs clés chez Roche Bobois. Sur un canapé, le client peut modifier le revêtement, choisir des dimensions particulières, changer la profondeur, les accoudoirs, la finition, le type de confort. Il devient lui-même créateur, car la personnalisation est telle qu'il peut faire un objet quasi unique.