C'est toujours avec un pincement de coeur que Margaux se départit de ses créations. «Lorsque mes meubles sont partis pour la nouvelle boutique Esprit Vintage, j'étais irritable!», dit en riant Margaux Nadeau, propriétaire d'Aux meubles de Margaux.

Depuis maintenant un an, Margaux Nadeau prend sous son aile des meubles défraîchis et leur refait une beauté. Et parfois, elle s'attache, au point où elle devient incapable de s'en défaire... Comme cette chaise de bébé bleu turquoise qui trônait dans la cuisine lors de l'entrevue. «Même si je n'ai pas d'enfants!», dit Margaux en rigolant. Car derrière chaque meuble se cache une histoire passionnante.

«Au début, je mets le meuble dans mon salon, et je l'observe longuement, pour voir comment le transformer», explique l'artisane. Chaque pièce sera d'ailleurs rebaptisée: une chaise blanche et élégante Marylin; la table basse Frank faite d'une «tranche» de bûche, etc. La chaise Al le mâle, qui trône au salon, a été conçue avec le copain de Margaux en tête: «C'est vraiment lui: à la fois mince et fort.» Toute de noir vêtue, la chaise a été repeinte, et son rembourrage et son revêtement remplacés. «J'achète toujours le tissu pour recouvrir au fur et à mesure, pour qu'il s'accorde au meuble», précise Margaux.

Au départ, Margaux vendait les pièces une fois la transformation terminée sur sa page Facebook, mais les commandes personnalisées prennent aujourd'hui de plus en plus de place. «J'aime le contact avec les gens, pouvoir discuter avec eux de l'histoire du meuble», explique Margaux.

Une passion grandissante

Depuis qu'elle a 18 ans, Margaux récupère des objets. «Je suis une véritable hoarder [amasseuse compulsive]!», avoue la jeune femme. Une série de circonstances l'ont poussée à se lancer en affaires. En 2008, Margaux et son copain achètent un condo. Elle repère ensuite une commode abandonnée sur le boulevard Saint-Laurent, et décide de la retaper. Puis, de fil en aiguille, tous les meubles de la maison passeront entre ses mains.

En 2013, tout se met en place: un nouvel appartement avec un grand sous-sol, un brocanteur à deux pas de la maison, sa mère à la retraite qui cherche une activité pour se rapprocher de sa fille et, surtout, une recherche d'emploi qui piétine.

«J'ai affiché un premier meuble sur Facebook en avril 2013; et je fais ça à temps plein depuis», se rappelle Margaux. Grâce aux réseaux sociaux, Aux meubles de Margaux se fait connaître. D'abord Facebook, puis Instagram.

Récupérer intelligemment

Autodidacte, Margaux a testé plusieurs techniques et beaucoup appris sur le web. «Je me suis exercée avant de m'attaquer aux meubles des autres», plaisante-t-elle.

Elle utilise surtout la peinture à la craie, avec ses propres recettes, et a récemment découvert la cire d'abeille pour la finition, qui ne dégage aucune odeur irritante. Sa formation en développement durable lui sert, car elle essaie d'utiliser les produits les plus verts et durables possible.

Margaux espère multiplier les collaborations si l'entreprise grandit encore. Travailler toute seule dans son sous-sol? Très peu pour elle. Elle a ainsi conçu deux tutoriels pour le blogue Déconome, une expérience qu'elle a adorée.

Que ce soit en collaboration avec d'autres artistes ou en donnant une portée sociale à son entreprise, Margaux voudrait partager sa passion. «J'aimerais mettre des gens de différentes générations en relation, un retraité et un jeune, pour qu'ils s'entraident», lance-t-elle.

www.meublesmargaux.com

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

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