Il leur fallait un refuge, un endroit libre de contraintes où ils pourraient donner vie à leurs élans créateurs. Fondé par Vincent Clarizio et Caroline Deforges, l'Atelier Noah est devenu un jeune studio de design à l'avenir prometteur.

«Nos cahiers sont remplis de croquis! Notre plus grand défi est de choisir laquelle de nos mille et une idées sera développée en premier», dit d'entrée de jeu Caroline Deforges.

La designer d'intérieur et le designer industriel Vincent Clarizio forment un couple dans la vingtaine, fourmillant de créativité. Ils avouent partager le même cerveau, avoir les mêmes sources d'inspiration du passé et les mêmes idées.

Mais si l'Atelier Noah (le nom fait référence à l'arche de Noé) s'appuie sur la complémentarité de ses fondateurs, ces derniers profitent aussi bien de leur dualité. «Vincent a une approche à la fois manuelle et technique. Il fabrique les prototypes et développe les détails d'assemblage. Moi, j'ai tendance à me concentrer plutôt sur le raffinement esthétique et l'expérience d'utilisation.»

Avec une grande complicité, donc, les deux Montréalais consacrent leurs moments libres - le jour, ils occupent chacun un emploi à temps plein - à repousser les frontières de leur imagination. Tester le bois, le béton et l'aluminium. Appliquer des façons de faire inhabituelles, issues du graphisme, de la poterie, de l'impression, voire de l'art génératif, à la conception de leurs objets aux lignes géométriques et épurées.

«On aime les lignes simples, à la limite du graphisme et de la 3D. C'est ce qui a inspiré Tangle, notre lampe octogonale. Selon le point de vue, on perçoit les lignes simples, et en même temps, la complexité de l'assemblage des matières», poursuit-elle.

Véritable laboratoire, l'atelier permet aux jeunes concepteurs de mettre la main à la pâte et de valider rapidement leurs idées. «On aime garder le contrôle sur nos créations. Comme on n'a pas toujours les outils ou le budget, on doit être créatifs et trouver les solutions pour fabriquer nos prototypes», ajoute Caroline Deforges.

L' arche de Noé

Tout a commencé en 2011, lorsque le tandem décide de participer au concours de design lancé par Interversion, qu'il remporte à sa grande surprise. Le jury est séduit par les lignes angulaires du pupitre BÖNE, une version modernisée du secrétaire du XVIIIe siècle. «Le concours a été l'élément déclencheur. Les gens nous demandaient le nom de notre entreprise, mais on n'avait pas d'entreprise!», avoue Vincent Clarizio. Si le prix consistait à produire et mettre en marché le prototype gagnant, c'est maintenant toute une gamme de mobilier de bureau, comprenant des bibliothèques, une crédence et des meubles d'appoint, qui est en préparation pour la boutique.

Voulant se démarquer, ils cogiteront longuement avant de fonder officiellement Atelier Noah en septembre 2012, qui vise à faire le lien entre l'artisanat et les méthodes de fabrication industrielle grâce à ses propres collections et ses services de conception sur mesure. «On a une approche très intime par rapport au design, on s'investit beaucoup personnellement dans nos projets. C'est notre propre sanctuaire créatif qu'on offre aux gens. On aime évidemment l'aspect créatif du design et de la conception, mais on a aussi la capacité de terminer les projets sur le plan de la production», poursuit le designer industriel.

Depuis, les portes s'ouvrent tranquillement et les contrats commencent à rentrer pour ces deux perfectionnistes qui préfèrent prendre leur temps et avancer un croquis à la fois. Par exemple, ils aimeraient bien collaborer avec d'autres créateurs, «mais aussi aider des entrepreneurs à développer leurs idées et concrétiser leur vision». «On a la chance de travailler à Montréal, qui est réellement un incubateur de créativité», dit Vincent Clarizio. Sans brûler les étapes, ils se permettent d'être visionnaires.

www.ateliernoah.com

Photo fournie par Atelier Noah