Designer française de renom, Andrée Putman, qui a signé de son style épuré et élégant des hôtels, restaurants et boutiques chics, mais aussi des objets de la vie de tous les jours, est décédée samedi à Paris à l'âge de 87 ans.

Avec beaucoup de rigueur, de classe et un soupçon de fantaisie: la «grande dame du design» très connue à l'étranger aimait à se définir comme une «touche-à-tout», une «exploratrice» toujours en quête de «nouveaux territoires».

Son style visait à l'intemporel. Elle se plaisait à mêler les époques, les matériaux avec deux éléments essentiels pour elle: la lumière et l'espace.

Grande, toujours coiffée d'un carré ondulé blond, élégante dans ses tailleurs Thierry Mugler très structurés, Andrée Putman avait un maintien aussi impeccable que les objets qu'elle dessinait.

Travailleuse acharnée, exigeante, perfectionniste, Andrée Putman a fui jusqu'au bout l'idée de prendre sa «retraite».

Issue de la haute bourgeoisie, Andrée Putman était née le 23 décembre 1925 à Paris, d'un père universitaire et d'une mère musicienne.

Sa mère la pousse à devenir pianiste. À 19 ans, elle reçoit le premier prix d'harmonie du conservatoire de Paris des mains du compositeur Francis Poulenc. Mais elle plaque la musique du jour au lendemain et devient coursière pour la revue de mode Femina, une façon de mettre un pied dans la presse féminine qu'elle quitte en 1958.

La jeune femme, qui a épousé le marchand d'art Jacques Putman et connaît de nombreux artistes, veut révéler l'art contemporain au plus grand nombre.

En 1971, elle prend la direction artistique de «Créateurs et industriels» qui sera une pépinière de jeunes stylistes (Jean-Paul Gaultier, Emmanuelle Khahn, Issey Miyake, Thierry Mugler), avant de fermer en 1976.

Andrée Putman divorce et fonde «Ecart» en 1978, sort de l'oubli des designers de l'entre-deux-guerres comme Robert Mallet-Stevens, Jean-Michel Frank ou Eileen Gray en rééditant leurs meubles.

Elle commence à dessiner des intérieurs pour des amis (Michel Guy, Karl Lagerfeld) et en 1984, elle aménage l'hôtel Morgans à New York dans un style minimaliste qui étonne. Les Américains s'enthousiasment pour cette designer, qui incarne le chic français par excellence. Andrée Putman travaille le jour et fait la fête la nuit.

Jack Lang, alors ministre français de la Culture, lui confie la réalisation de son bureau, la première d'une série de commandes officielles. Elle redécore aussi l'avion Concorde pour Air France.

À la suite d'un différend avec son partenaire financier, Andrée Putman doit renoncer à «Ecart». Énergique, elle repart et crée en 1997 l'Agence Andrée Putman, aujourd'hui dirigée par sa fille Olivia.