Olivier Desrochers a été formé au Cégep du Vieux-Montréal, en design d'intérieur. Mais pour l'étudiant qui rêvait d'être architecte, ce sont les cours de meubles, de dessin technique et d'arts plastiques qui suscitent en lui le plus grand intérêt.

Treize ans et six prix d'excellence plus tard, dont un Grand Prix du Design dans la catégorie Mobilier résidentiel de l'année tout frais, celui de 2012, OD. a suivi son petit bonhomme de chemin sur la scène du design industriel international.

À temps partiel, toutefois, parce qu'Olivier Desrochers consacre, selon son estimation, environ 20 % de son emploi du temps au design, tout en menant, en parallèle, sa carrière « officielle », sur laquelle il reste discret. Adepte des arts martiaux, du judo plus particulièrement, il adhère à la philosophie de l'efficience, qui dit qu'on peut fournir un minimum d'effort pour atteindre un maximum d'efficacité. Et il y a bien un peu de cette logique dans sa pratique du design.

En 1999, donc, diplôme de design d'intérieur en poche, Olivier Desrochers cherche un sens, occupe différents emplois. Enfant des premières écoles publiques alternatives, encouragé à l'apprentissage autodidacte, il apprivoise sur ordinateur les logiciels de modélisation tridimensionnelle, pallie à son rythme son absence de formation dans la branche industrielle du design.

Mais c'est en 2008 qu'il « passe enfin à l'action », à Bali, lors d'un voyage mi-aventure mi-exploratoire. C'est là qu'il dessine ses premiers prototypes, Nuovo et Nuova, fauteuil et chaise longue dont les courbes imitent celles des paysages indonésiens, avec leurs plateaux étagés et leurs rizières. Il les fait fabriquer sur place, en rotin naturel, et elles sont livrées juste à temps, petit miracle, pour le Salon international du design de Montréal de la même année, où il s'était inscrit... les mains vides.

Depuis, on a vu apparaître au catalogue OD. la chaise South Beach, interprétation en blanc et en lignes droites de la célèbre chaise Adirondack. Ronron, chaise en bois massif, berçante ou non, commercialisée par Interversion, un hommage détourné à la grand-maman louperivoise du designer. Ju, deux tables d'appoint polyfonctionnelles, rectilignes et spatiales; des formes géométriques créées à partir de vides. Puis Méo, étagère inspirée des échafaudages de construction, mais aussi des casse-têtes en bois pour enfants, où les planches de chêne sont reliées entre elles au moyen de tiges d'acier aux couleurs vives.

Olivier Desrochers qualifie son approche d'« émotive », en contraste avec un design peut-être plus près de l'ingénierie. Sa méthode de travail est en quelque sorte fondée sur l'intuition. Il s'exécute sans vraiment faire de calculs, sans esquisse préalable. Il attend. Puis, après des semaines de réflexion, sous pression, il s'installe devant l'écran de son ordinateur et donne ses dimensions à une idée qui n'existait jusqu'alors que dans sa tête. Les retouches sont rarement nécessaires.

On comprend mieux, sous cet éclairage, sa difficulté, voire sa réticence à intellectualiser sa démarche. Il existe certes une intention de départ, des constantes : l'équilibre dans la ligne, une audace dans la simplicité. Une affection pour les « racines » dans ses références (la courtepointe, le bois, la grand-mère), qui ne sont jamais criantes d'évidence, jamais traitées non plus dans un registre ludique. Mais théoriser son travail, ce serait risquer d'épuiser ces émotions-là, ces liens, ces correspondances, ces coïncidences qui mènent à la création de tous ses objets. En retrancher le caractère instinctif, qui est vital.

On peut admirer, se procurer ou commander les meubles d'Olivier Desrochers chez Interversion (4273, boul. Saint-Laurent) et sur od-design.com