Quand on regarde attentivement la céramique d'Édith Bourgault, on se dit: attention, talent! Les pièces en grès nous font voyager dans le passé. Bien que les motifs soient abstraits, la forme et le mélange de couleurs blanc cassé et bleu cobalt nous rappellent les anciens services à vaisselle. «Ce n'est pas du blanc, c'est un crème. C'est la couleur du grès, la couleur de la terre», précise Mme Bourgault.

Les acheteurs ne s'y sont pas trompés: depuis un an, soit depuis la mise en ligne de sa collection sur Etsy, elle vend sans discontinuer sur tous les continents. Particuliers et boutiques apprécient sa production. Beaucoup d'Américains, de Britaniques, d'Australiens, de Japonais. En fait, elle vend surtout hors du pays.

Après des études en histoire, la jeune femme de 32 ans a poursuivi avec un certificat en arts visuels. C'est au cours d'une exposition, en parlant avec un artisan, qu'elle a eu le «coup de foudre irrationnel» pour le geste du tour de potier.

Son atelier Art et Manufacture est situé dans les Cantons-de-l'Est, à Magog. Son imprimé est volontairement inégal et imparfait. Elle appuie volontiers sur le bord de certaines pièces pour les rendre «un peu croches». Ses créations se prêtent donc à une vision contemporaine, mais ayant du vécu! Ce sont d'abord ses clients qui lui ont fait part de la similitude avec les anciennes faïences. «C'est après que j'ai vu le rappel des vieilles choses.»

Bleu cobalt

Cette similitude, elle saute aux yeux avec l'oxyde de cobalt qui fut longtemps réservé aux productions de luxe. Édith Bourgault a bien tenté d'autres pigments. Mais elle est revenue au bleu cobalt, car c'est celui qui offrait le meilleur contraste. Le grès cuit à haute température (le biscuit) est orné d'une première couche de glaçure (émail). Le produit à pigment est inséré entre deux cuissons, ce qui l'empêche de s'altérer. Mme Bourgault, qui a fait ses débuts dans la sérigraphie sur t-shirts, «adore aussi la modernité, le kitsch dans la forme».

 

Les commandes sont de plus en plus nombreuses. Ces jours-ci, c'est pour une boutique au Japon et pour une autre à Brooklyn qu'elle travaille. «Là, j'ai de la difficulté à produire!», avoue-t-elle.

Il lui reste maintenant à augmenter la cadence, grâce, espère-t-elle, à un petit coup de pouce de la SODEC. Du 28 novembre au 2 décembre, elle sera du Salon des métiers d'art de l'Estrie, à Sherbrooke, et, souhaite-t-elle, au Salon des métiers d'art de Montréal, en décembre, Place Bonaventure.