DEL, le sigle pour diode électroluminescente, était sur toutes les lèvres à la dernière exposition Euroluce, qui a lieu tous les deux ans au Salon du meuble de Milan. «Le futur appartient aux DEL», ont annoncé les fabricants les plus avant-gardistes du secteur de l'éclairage «décoratif», lors de cette foire qui s'est terminée dernièrement. Autre observation, le design des appareils à DEL est plus raffiné et leur éclairage plus puissant qu'avant.

Les nouveaux luminaires adoptent tantôt des airs de sculpture, tantôt une allure futuriste ou même de gadget high-tech.

Prenons l'exemple de la lampe de bureau à DEL intitulée Net, de Philippe Starck pour Flos. Dotée d'un connecteur à baladeur numérique iPod, à téléphone intelligent iPhone et à tablette iPad, elle permet de recharger l'un ou l'autre de ces appareils tout en éclairant la surface de travail.

Chez Artemide, la suspension Nearco, du designer Karim Rashid, ressemble davantage à une oeuvre sculpturale qu'à un luminaire. D'ailleurs, elle ne possède aucune source lumineuse, mais elle réfléchit la lumière émise par une lampe à halogène située dans le plafond, au-dessus d'elle, grâce à sa finition miroir.

Quant aux saisissantes colonnes à DEL Mimesi et Rothko terra, de Carlotta de Bevilacqua pour Artemide, elles semblent provenir d'un roman de science-fiction.

Les nouvelles ampoules DEL d'Alessilux par Foreverlamp affichent une forme très attrayante, à des kilomètres de celle des fluocompactes. Parmi les DEL les plus originales, il y a la U2Mi2, qui possède la silhouette d'un robot sympathique.

On remarque aussi un hommage symbolique aux anciens luminaires, comme les ampoules DEL qui adoptent la forme d'une «lampe à huile», version 2011, chez Alessilux par Foreverlamp. Il y a aussi la lampe de bureau à DEL Lotek, dessinée par Javier Mariscal pour Artemide. Celle nommée Looksoflat (chez Ingo Maurer) reprend la forme de la classique lampe d'architecte, mais elle est ultra mince et dotée d'un éclairage à DEL.

Moins prisées en Amérique?

Bruno Piccirelli, vice-président des ventes commerciales pour l'Amérique du Nord, chez Artemide, rappelle que la couleur de la lumière DEL n'est pas encore appréciée par la majorité, ici. Mais ce nouveau type de produit évolue à très grande vitesse. L'éclairage à DEL peut maintenant s'apparenter à celui des lampes à incandescence ou à halogène. «Nous avons même développé une technologie qui permet de changer l'intensité ou la couleur des DEL», précise M. Piccirelli.

Le prix d'une ampoule DEL demeure toutefois (très) élevé. Exemple: la nouvelle AmbientLED de 12,5 W de Philips, qui remplace aisément une lampe à incandescence de 60 watts traditionnelle, coûte 39,98$ l'unité. En contrepartie, elle dure 25 fois plus longtemps et consomme 80% moins d'énergie que l'ampoule de 60 watts.

Photo fournie par Ingo Maurer

Cette lampe de l'architecte Stefan Geisbauer s'intitule Looksoflat

Écologiques, mais...

Malgré leurs qualités écoénergétiques, les ampoules DEL recèlent quelques inconvénients, dont celui d'émettre de la chaleur. D'où le travail de recherche des fabricants à créer des luminaires capables de l'évacuer rapidement.

«Autrement, la quantité de lumière émise par les DEL et leur durée de vie seront réduites», note François-Xavier Souvay, président et chef de la direction de Lumenpulse.

Enfin, certains éclairages à DEL présenteraient un risque pour les yeux, selon l'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), en France. Sur le site de l'organisme, il est écrit: «Être exposé de manière répétée, sur le long terme et à courte distance du faisceau lumineux de DEL à forte composante bleue augmente le risque de cataracte et de lésions maculaires (zone centrale de la rétine)».

« Quelque soit le type de lumière, on doit éviter de la regarder directement sur de longues périodes afin d'éviter des dommages à la rétine de l'oeil «, appuie le Dr Pierre Labelle, ophtalmologiste rétinologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

La majorité des appareils à DEL, dévoilés à Milan, étaient pourvus d'un diffuseur afin d'éviter l'éblouissement et d'uniformiser l'éclairage.

Par ailleurs, qu'en est-il des autres sources lumineuses? Dans les faits, les lampes à halogène et fluorescentes sont toujours utilisées. Quant aux ampoules classiques à incandescence, les Européens leur disent adieu, car elles disparaissent graduellement des rayons des magasins au profit notamment des fluocompactes.

Chez nous, un règlement sur l'efficacité énergétique, adopté en décembre 2008, prévoyait l'élimination progressive des ampoules inefficaces en 2012. Cette date a toutefois été repoussée à 2014, indique-t-on chez Ressources naturelles Canada.