La boutique Brin de Folie, dans le quartier Petit-Champlain, vient de renaître, et sa propriétaire, Monique Zimmermann, aussi, enfin presque. Tout allait bien, pourtant, dans le monde féerique de Brin de Folie, mais la grande enfant qui l'a créé et qui l'habite avait un goût de renouveau. Et comme Monique Zimmermann ne fait jamais les choses à moitié, sa boutique d'objets magiques a été totalement repensée et redessinée. Une fée est passée par là...

Entrer chez Brin de Folie, c'est redécouvrir l'enfant en soi. Une figurine ici, des cartes multicolores là, des miniatures d'animaux rigolos un peu partout, tout accroche l'oeil. L'émerveillement est garanti et il est impossible d'y déambuler sans avoir le sourire littéralement fendu jusqu'aux oreilles. La colorée boutique d'objets de collection et d'importations de Monique Zimmermann, reconnue pour sa vaste collection de Matrioshkas (poupées russes), se veut maintenant une invitation à la fête, au plaisir et au rêve.

Avant, ce sont les objets cadeaux et les petites figurines amusantes de toutes sortes qui engendraient la magie désirée. Depuis la refonte sur mesure de la boutique, par la designer Caroline Gagnon, qui s'est d'abord inspirée de la personnalité de la propriétaire, toutes les composantes du commerce participent à créer un univers fantaisiste unique.

«Ça me ressemble, c'est tellement moi, c'est incroyable, c'est un génie!», s'exclame Mme Zimmermann au sujet de la designer qui a su donner vie à son imagination débordante de grande enfant... et de commerçante.

Car la propriétaire de Brin de Folie est une femme d'affaires, très impliquée au sein du C. A. de la Coopérative du Quartier Petit Champlain. Depuis quelques années, la coop des marchands veut renouveler la façon de présenter l'offre commerciale, question de poursuivre l'attrait visuel du quartier dans les commerces. Brin de Folie est la cinquième boutique à «renaître» sous l'oeil attentif de Caroline Gagnon, après Oh! Bois dormant, Sarra-Bournet Joaillerie, Temps Libre et Ô Petites Douceurs du quartier. Chaque propriétaire paie pour les rénovations de son commerce mais le tout se fait dans un but commun d'embellissement général. D'autres commerces prendront également le chemin des rénovations, d'ici quelque temps.

Petit-Champlain

«Nous voulons positionner les magasins uniques du Petit-Champlain comme des commerces de destination», explique Monique Zimmermann. Et surtout, elle insiste (deux fois plutôt qu'une) pour spécifier que tout ça vise à répondre aux besoins des clients locaux, avant tout. Oui, aussi aux touristes, mais 70 % de la clientèle vient d'ici, rappelle Mme Zimmermann.

Justement, les clients locaux sont renversés par le monde magique qu'est devenu Brin de Folie. «Les gens entrent 20 fois plus qu'avant, ils prennent la vitrine en photo, les réactions sont très positives», confirme, ravie et émue, une propriétaire aux joues roses de plaisir. Jamais renouveau commercial n'aura autant rimé avec bonheur.

Recréer la magie

La designer Caroline Gagnon a un don, c'est elle qui le dit : elle «lit» dans ses clients et s'approprie une partie de leur personnalité, le temps de réaliser leur projet. La démarche de création de la designer détail, spécialisée en optimisation commerciale, est très instinctive et intuitive. Pas surprenant que ses projets possèdent ce petit supplément d'âme, comme chez Brin de Folie, dans le Petit-Champlain.

Caroline Gagnon a son entreprise de design, Vitadéco, à Mascouche, et c'est une connaissance ici qui l'a mise en relation avec les commerçants du Petit-Champlain. Sa force, c'est qu'elle vient elle-même du commerce de détail. «Je suis une retailer dans le sang, c'est même difficile pour moi de ne pas servir les clients quand je me rends sur mes projets!», explique en riant l'énergique jeune femme, qui a travaillé dans ce domaine une quinzaine d'années, avant de bifurquer vers le design.

Pour Brin de Folie, le budget de rénovations était d'environ 100 000 $. Les travaux se sont échelonnés sur quatre mois et la boutique a été fermée cinq semaines, cet automne. Pour mener à bien le projet, Caroline Gagnon avait d'abord besoin d'une chose : Monique Zimmermann, la propriétaire, car c'est elle son inspiration première. Comme elle le fait pour tous ses clients, tout débute par une rencontre, mais pas n'importe quelle rencontre.

Dans les tripes

«Je dis aux clients : «On va descendre dans vos tripes.» Ils n'aiment pas tous ça, au départ», explique Mme Gagnon. La designer les fait parler, raconter leur vie, exprimer leurs valeurs, leurs rêves. Une rencontre qui se termine toujours avec quelques larmes, même chez les clients les plus sérieux, raconte Caroline Gagnon.

«Pour Brin de Folie, mon point de départ a été le suivant : j'ai imaginé Monique, petite fille, dans une chambre d'enfant surdimensionnée.» À cela se sont greffés des mots-clés : féerie, magie, transparence, imaginaire. Le travail pouvait commencer. Comme la boutique est un royaume magique, qui rappelle l'enfance, le thème a été exploité au maximum. La couleur jaune ensoleille l'endroit, une balançoire est installée en pleine boutique pour amuser les petits... et surtout les plus grands!

Le comptoir de service est éclairé par les luminaires du chapelier fou, créés en exclusivité. Au plafond, une projection de bulles de savon et d'étoiles complète la féerie. Et, élément vedette du magasin, la grande roue de cartes de souhaits, une idée du mari de la designer, un ingénieur de métier. Il l'a imaginée, il a dû la construire!

La priorité de Caroline Gagnon demeure la mise en valeur commerciale des produits. Elle a créé un «circuit du client» dans la boutique, une façon de regarder, aussi. La disposition d'une même collection est de haut en bas, et non de droite à gauche, pour éviter la bousculade. Le reste a été peaufiné avec Monique Zimmermann, à son goût.

«On ne peut rien faire seul et la synergie qui s'est créée entre nous a été essentielle», conclut la designer. À voir la complicité qui unit les deux femmes de cette histoire, on comprend que la magie a vraiment opéré.