Jocelyne et Roger ont une vie familiale intense. «Nous aimons manger et déguster ensemble, confie Jocelyne. Ça se passe le plus souvent chez nous, alors nous voulons une maison conviviale.»

La cave à vin s'est imposée naturellement, réserve climatisée de 400 bouteilles dans un local du sous-sol. Isolée et étanche comme il se doit, mais aussi... théâtralisée. L'endroit distille sa propre ambiance, quelque chose qui dit à la fois le recueillement et le bonheur des rituels du vin, «ce fils sacré du soleil», écrivait Baudelaire. «Nous avons mis un an à peaufiner la conception», relate la designer Josée Séguin.

«Vin d'Espagne, maturité en 2014, bon avec le gibier, lit Jocelyne à haute voix, l'ordinateur sur la table de cuisine. La douce euphorie du vin commence dès la consultation du logiciel (À vos vins, de la boutique Vin et Passion), complément naturel de la cave à vin, qui en reflète exactement le contenu, avec représentation graphique.

Puis on descend à la cave.

Fresque, pierre et faux fini

La porte d'entrée, munie d'une vitre thermos et ornée de fer forgé, ouvre sur une pièce de onze pieds sur six, grosso modo, en incluant les creux. Des luminaires avec fer ornemental, inclinés comme des flambeaux, offrent une lumière tamisée - grâce à un gradateur -, qu'on s'empresse d'éteindre dès qu'on quitte la pièce. Une grille de métal (par Patrice Génier, artiste forgeron) ferme le renfoncement où mûrissent paisiblement les vins de garde.

Les murs de pierre décorative (maçon: Yves Duclos) reçoivent les casiers de bois Redwood californien (de chez Vinum Design). Une tablette encastrée dans une niche décorée d'une fresque reçoit la bouteille qu'on sort du pigeonnier. La fresque illustre des rameaux de vignes et les reliefs d'un repas, dont un bouchon de Château Margaux 1970, un des vins de Bordeaux les plus prestigieux. «Je n'aurai sans doute jamais d'exemplaire original!» lance Jocelyne. Cette oeuvre est de Nicole Hurtubise, artiste qui a également réalisé, en faux-fini, de vieilles pierres sur le béton brut du plancher.

Au plafond (à 7 pieds), les planches de pruche créent l'illusion d'une structure de plancher. Souvenir cher, une bouteille vide d'un Château Magdelaine 1982, appellation Saint-Émilion 1er Grand Cru Classé, offert par un connaisseur, voisine sur la tablette un grand ouvre-bouteille, décoratif et fonctionnel.

Photo: André Pichette, La Presse

Un bouchon de Château Margaux 1970, un des vins de Bordeaux les plus prestigieux, figure sur la fresque exécutée par Nicole Hurtubise.

Quelques hygromètres occupent les tablettes, ainsi que de beaux objets, comme une carafe et un bougeoir (de chez Vin et Passion).

«On fait parfois un petit rituel avec un ou une invitée, raconte Jocelyne, une lueur complice dans le regard. On apporte un morceau de fromage, on goûte le vin, on placote un peu et on remonte pour boire la bouteille.»

Un hygromètre et un thermomètres électroniques envoient, par ondes radio, leurs données d'humidité et de température à un afficheur posé à l'étage, pour vérifier à distance si tout est normal à la cave.

«Pour l'instant, j'aime essayer des vins de différents pays, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud. Avec le temps, c'est un plaisir aussi de personnaliser sa cave à vin. Mais plus on avance dans la connaissance du vin, plus on se rend compte qu'il y en a à savoir. Je me sens encore comme une débutante», conclut Jocelyne.

www.joseeseguin.com

Photo: André Pichette, La Presse

Une grille de métal  (par Patrice Génier, artiste forgeron) derrière laquelle reposent les vins de garde.