Des ébénistes dans l'âme, il y en a des dizaines de milliers au Québec. Et de ce nombre, plusieurs finissent par répondre à l'appel du marteau!

C'est pour ces Québécois qui rêvent d'apprendre les techniques du bois, d'inventer des meubles et d'éprouver la fierté de dire «c'est moi qui l'ai fait» que l'école Artebois est née en 2006. Une école privée où l'apprentissage se fait par la pratique et les conseils judicieux d'une petite équipe d'experts, dont Pierre Pagé et Éric Thériault, les fondateurs de l'école. Deux gars qui, en plus d'enseigner au cégep, connaissent à peu près tous les trucs et astuces des métiers du bois.

«Plutôt que d'être seul dans son garage à se demander comment sortir d'une impasse, les bricoleurs viennent ici acquérir des connaissances, les tester et s'améliorer, explique Pierre Pagé. Notre formule repose sur la réalisation de projets. Après une initiation d'usage à la machinerie et aux règles de sécurité, chacun choisit ce qu'il a le goût de réaliser et l'horaire qui lui convient : en journée, en soirée ou les fins de semaine.» En fait, les participants fonctionnent avec une banque d'heures qu'ils utilisent à leur gré et des professeurs sont sur place pour les aider. Dans cette clientèle, 40 % sont des femmes.

«Or la principale motivation de nos élèves, explique M. Pagé, c'est de s'amuser, car la plupart n'ont jamais touché à l'ébénisterie. Mais tous ont le goût d'apprendre. D'ailleurs, depuis que nous avons ouvert Artebois, je n'ai jamais vu personne abandonner un projet en cours de route. Tous arrivent à terminer leur étagère, table ou commode», mentionne le professeur.

Et contrairement à une école traditionnelle, Artebois occupe de vastes locaux qui sentent la sciure de bois et renferment tout l'équipement dont peuvent rêver les ébénistes : des scies, des rabots, des établis, des étaux, des meules, des perceuses, et ce, même si plusieurs participants choisissent de travailler avec le minimum d'outils, à la manière des artisans.

C'est le cas de Russell Boulay, qui a découvert Artebois en janvier 2007. Et depuis, il y revient régulièrement, d'une part parce qu'il aime partager sa passion du bois et d'autre part pour continuer de s'améliorer. En ce moment, il termine un bureau Louis XV en acajou agrémenté de bronzes sculptés et assemblés avec la technique des tenons et mortaises. «C'est un travail d'une très grande complexité, avoue-t-il, mais heureusement, je peux compter sur les conseils d'Éric ou de Pierre quand je rencontre des bogues techniques.» Christiane fait aussi partie des habitués de l'école. En moins d'un an, elle est passée de débutante à experte en haussant toujours un peu plus le niveau de difficulté de ses créations. Son dernier défi a été de fabriquer une armoire traditionnelle en noyer. Le résultat est remarquable. Jeanine, une infirmière à la retraite, en est à son 14e cours à l'école. En plus d'avoir franchi les trois niveaux d'ébénisterie, elle a décidé d'ajouter des cordes à son arc en suivant des cours de finition et de dessin technique.

Pour ceux qui ont moins d'habileté manuelle, les prouesses sont un peu plus modestes, mais tout aussi captivantes, avance M. Pagé. Par exemple, on initie les enfants avec des petits projets et plusieurs ados s'inscrivent par curiosité, mais aussi pour mesurer leur intérêt pour la sculpture, la lutherie ou le travail du bois proprement dit.

Si l'ébénisterie fait vibrer Artebois, reste que l'école a su s'ajuster aux besoins de la clientèle. Au fil des ans se sont greffés des cours de lutherie (fabrication de guitares), de décoration, de sculpture, de tournage du bois et de vitrail. Afin d'offrir un aperçu de l'école et de son fonctionnement, il y aura des journées portes ouvertes du samedi 28 août au vendredi 3 septembre de 10h à 15h. Artebois, 2450, rue de la Concorde, Québec - 418 622-9549 - www.artebois.com