Même si le métier d'antiquaire n'est pas très couru, Frédérique et Stéphanie Bolduc, 29 et 33 ans, ont choisi de leur plein gré d'exercer cette profession. Mais ils font figure d'exception dans un domaine où la relève se fait rare et où la moyenne d'âge est de 60 ans.

Même si le métier d'antiquaire n'est pas très couru, Frédérique et Stéphanie Bolduc, 29 et 33 ans, ont choisi de leur plein gré d'exercer cette profession. Mais ils font figure d'exception dans un domaine où la relève se fait rare et où la moyenne d'âge est de 60 ans.

En mars prochain, le frère et la soeur reprendront Antiquités Marcel Bolduc de la rue Saint-Paul, une entreprise que leurs parents ont fondé il y a environ 25 ans. Tous deux avouent qu'après avoir exploré d'autres domaines d'activité, ils ont finalement réalisé que ce qu'ils aimaient vraiment, c'était le commerce des objets anciens.

«Nous avons grandi dans les antiquités!» s'exclame Stéphanie. «On connaît ça sur le bout de nos doigts. Je dirais que c'est une passion qui s'est développée avec le temps parce qu'on ne s'est pas levés un matin en disant : "Je serai antiquaire." Avant de faire ce choix, on a appris sur le terrain, de nos bons coups, mais aussi de nos erreurs», poursuivent les jeunes Bolduc.

Comment entrevoient-ils l'avenir? «L'approche de l'entreprise ne changera pas vraiment, disent-ils. On veut rester des généralistes. Ce qui nous intéresse, ce sont les belles pièces, peu importe le style ou l'époque. Des objets authentiques qui ont bien traversé le temps.»

Nouvelle époque

Par contre, si on leur parle de gestion, ils sont carrément progressistes. Et Internet fait partie de leur vie. «C'est un outil indispensable à notre travail», affirme Stéphanie. «Un avantage dont on ne pourrait pas se passer. Tout notre inventaire est là-dessus.» À l'occasion, ils achètent de beaux objets sur le Net. «Mais on en vend aussi», précise Frédérique. Des transactions à distance pour des clients américains et même européens.

D'après eux, l'époque des rabatteurs parcourant les campagnes à la recherche d'antiquités cachées dans les granges ou les greniers est révolue. Aujourd'hui, ce sont les collectionneurs de la génération des baby-boomers qui les approvisionnent. «Ces gens-là commencent à revendre de beaux morceaux, soit parce qu'ils déménagent, soit parce qu'ils changent de mode de vie», disent-ils.

Selon Stéphanie, l'approvisionnement en objets anciens ne pose pas de réel problème. Mais c'est plutôt du côté des acheteurs d'antiquités qu'il faut s'interroger. Où sont les jeunes? demande-t-elle. Il n'y a pas si longtemps encore, les couples couraient les boutiques d'antiquités les fins de semaine dans l'espoir de faire une trouvaille. «Aujourd'hui, et là je parle de ma génération, les jeunes investissent beaucoup plus dans les voyages. Ce qui ne devrait pas les empêcher, dit-elle, d'inclure des morceaux de patrimoine à leur décor.»

Frédérique et Stéphanie pensent que l'environnement et le développement durable devraient contribuer à réaffirmer l'importance des objets anciens. «Des meubles qui ont résisté au temps, ça procure un sentiment de durabilité, de solidité.» Pour eux, la tendance n'est plus au prêt-à-jeter et aux copies made in China, mais plutôt à la conservation, au recyclage. Et dans cet esprit, les objets anciens trouvent parfaitement leur place.

 Même passion, autre époque

Ce ne sont pas les meubles centenaires qui passionnent Patrice Robitaille. Lui, ce sont les années 50 qui le branchent. La boutique De Retour, rue Saint-Paul à Québec, n'a rien de banal. Le chrome, le teck, les poufs et tissus pimpants des années insouciantes de l'American way of life meublent la boutique. «Ma sorcière bien-aimée» s'y plairait sans aucun doute.

 Patrice Robitaille et son associé Pierre Jolicoeur appartiennent à la jeune génération des marchands de la rue Saint-Paul. Ils y sont depuis quatre ans. Ce qui les a attirés dans le secteur, c'est la crédibilité de la rue, réputée pour ses antiquaires, artisans et galeries d'art.

 Pourquoi avoir choisi les années 50 plutôt que les antiquités? «Simplement par goût, avance Patrice Robitaille. Moi, tout ce qui se rapporte à l'époque de la conquête de l'espace, du rock'n'roll, du nickelé m'interpelle. Depuis mon enfance, j'idéalise cette époque-là, dit-il. Je ne sais trop pourquoi, mais les cuisines chromées et les designs à l'italienne me renvoient des images de bonheur.»

 Par contre, le commerçant avoue qu'il n'est pas facile de mettre la main sur de beaux objets même si on parle ici d'articles produits en série. Par exemple, sur 20 propositions qu'on lui soumet, il n'en retient souvent qu'une seule. «Nous sommes très sélectifs.» Si les belles égratignures donnent du cachet et de la plus-value à un meuble ancien, elles sont mal tolérées sur un objet des années 50-60, explique Patrice Robitaille. «Ça peut même faire ringard», ajoute-t-il.

 La clientèle de la boutique recoupe les tranches d'âge de 35 à 65 ans. «Certains viennent nous voir par nostalgie», explique Patrice. Des couples dans la soixantaine se présentent dans l'espoir de retrouver une armoire ou un buffet dans le style de celui qu'ils avaient lorsqu'ils se sont mariés. Quant aux jeunes, c'est davantage le design ou l'allure kitsch de certains objets qui les attire dans la boutique.

 Comme tous ceux qui fréquentent la rue Saint-Paul, les acheteurs sont très souvent en quête d'un coup de coeur.