Fini les murs blancs qui se font oublier, le papier peint est de retour, mais rien à voir avec les médaillons d'antan: souvent créé par des designers, il s'affirme comme un moyen de personnaliser son intérieur et ennoblit le mur, élément de décoration à part entière.

Fini les murs blancs qui se font oublier, le papier peint est de retour, mais rien à voir avec les médaillons d'antan: souvent créé par des designers, il s'affirme comme un moyen de personnaliser son intérieur et ennoblit le mur, élément de décoration à part entière.

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«Le papier peint n'est plus une décoration accessoire et insipide, il exprime avec force sa personnalité», souligne Lachlan Blackley, auteur d'un livre sur le papier peint, Wallpaper. «Après le minimalisme austère des années 1990, le retour de l'ornementation a été un facteur essentiel de la ré-émergence du papier peint», estime-t-il.

 «Jusqu'au début des années 2000, c'était un vrai désert pour le papier peint», renchérit Tim Burles, directeur commercial de la marque anglaise Cole & Son qui exposait ses collections au salon Maison & Objet qui vient de se tenir à Paris.

«Depuis trois ans, le retour du papier est effectif», selon Christelle de Montbel, porte-parole de l'Association pour la promotion du papier peint qui regroupe 80% des fabricants, éditeurs et distributeurs français. «Dans les années 1980, on vendait 80 millions de rouleaux, en 2000 45 millions, en 2006 48 millions et en 2007, on devrait atteindre les 50-52 millions», selon elle.

C'est que le papier peint est devenu à la fois plus technique et plus créatif. «Trouver du papier peint de créateur accessible, c'est la grande nouveauté de ces dernières années», estime Mme de Montbel. «Les gens osent plus, et le papier peint est plus simple à utiliser qu'autrefois», souligne Ida Marelli, assistante marketing pour la marque italienne Dedar.

L'intissé, couche en non-tissage au dos du papier peint, a constitué une révolution technique: plus besoin de table à encoller, il suffit de mettre de la colle sur le mur et de poser le papier, qui est aussi plus facile à enlever. Des matières comme le vinyle ou le PVC, d'un entretien facile, ont également changé la donne.

Surtout, les motifs des nouveaux papiers sont à des années lumière de ceux des classiques rouleaux d'autrefois.

«Le marché était moribond, il a fallu faire quelque chose de radical, sous peine de mourir», déclare Tim Burles. Cole & Son, qui a quadruplé son chiffre d'affaires en quatre ans et vend dans 52 pays, a donc lancé des papiers imprimés d'arbres, de plantes du désert, de flamants roses, d'instruments de musique, d'un motif léopard, de figures géométriques à la manière du peintre David Hicks. La dernière collection, inspirée des oeuvres de Piero Fornasetti, artiste italien décédé en 1988, propose notamment un panorama de maisons vénitiennes se reflétant dans un canal.

Les papiers deviennent aussi «plus précieux, on va vers des papiers peints bijoux», avec par exemple des perles collées sur du PVC, souligne Mme de Montbel.

La frontière entre l'art et la décoration intérieure s'estompe, constate Lachlan Blackley, en rappelant qu'Andy Warhol, «premier artiste à établir un lien entre l'art et des produits domestiques,» a créé un précédent en 1966, avec son papier peint «Vache». Depuis, des créateurs comme Jean-Charles de Castelbajac, Julien Macdonald, Luigi Colani, Ulf Moritz ont dessiné des papiers.

 Il ne s'agit plus simplement de couvrir un mur, artistes et designers «utilisent le mur comme une toile», note Lachlan Blackley.

D'ailleurs, on ne met plus du papier peint sur les quatre murs, «mais sur un pan ou deux», relève Christelle de Montbel.

 Pour Carole Texier, qui a ouvert il y a un an une boutique de papiers peints à Paris, «la peinture apporte la couleur, la matière, le papier peint apporte la personnalité». «C'est la poésie des murs».