On passe le tiers de notre vie à dormir, mais l'on consacre souvent plus de temps à choisir la décoration de sa chambre à coucher que les outils garants d'un sommeil réparateur et d'un réveil sans courbatures. Petit guide d'achat pour mieux choisir son oreiller, son matelas, ses draps et sa couette.

L'oreiller

Sitôt levé, sitôt mal au cou? Non, ce n'est pas normal, prévient le président de l'Association des chiropraticiens du Québec, Richard Giguère. «Un oreiller mal adapté ou trop vieux peut causer des problèmes au cou, aux épaules, des maux de tête et même de mâchoire.»

Durée de vie 

Un oreiller n'a pas une grande espérance de vie: de deux à six ans environ selon la qualité et la matière. Généralement, le corps signale lui-même qu'il faut changer de support, alors que les raideurs au cou et les maux de tête se font de plus en plus fréquents au réveil. Sinon, on le fera aussi pour des raisons d'hygiène, particulièrement si l'oreiller n'est pas protégé par une housse lavable.

Épaisseur 

C'est LE facteur déterminant pour éviter les courbatures. Un oreiller bien adapté est celui qui permet de garder la tête la plus alignée possible avec la colonne vertébrale. Mais pour choisir, il faut connaître la position dans laquelle on dort: si c'est sur le dos, l'oreiller devra être plus mince pour ne pas projeter la tête vers l'avant; alors que si c'est sur le côté, il faudra s'assurer que l'oreiller est assez épais pour combler l'espace entre votre épaule et votre tête pour que le cou soit bien supporté. «Un homme de 250 lb n'aura pas les mêmes besoins qu'une femme menue», illustre Odile Mainville, directrice de la boutique Tout pour le dos, une entreprise familiale de Montréal spécialisée dans la vente d'oreillers thérapeutiques.

L'adage «l'essayer, c'est l'adopter» est donc on ne peut plus vrai pour un oreiller et mieux vaut éviter les achats en ligne pour tester, en boutique, allongé sur un lit, quelques produits avant de passer à la caisse.

Mais attention! Il faut alors aussi tenir compte du type de matelas que l'on a à la maison: s'il est assez mou, notre épaule s'y enfonce davantage et l'oreiller devra être moins épais que s'il est très ferme.

Forme

Certains oreillers sont vendus préformés, avec une courbe pour le cou. «Il peut être assez difficile d'en trouver un qui soit vraiment bien adapté à sa morphologie», remarque le chiropraticien Richard Giguère. Et que dire si l'on bouge beaucoup la nuit! Mieux vaut, dit le spécialiste, s'assurer que l'oreiller est juste assez épais pour supporter la courbe du cou.

Matière 

Mousse mémoire

La mousse mémoire est particulièrement adaptée aux dormeurs qui ont la bougeotte, car elle reprend naturellement sa forme à chaque mouvement de la tête, ce qui permet de bien supporter le cou, peu importe la position. Elle est offerte en versions plus ou moins fermes, au goût du client. Pour Richard Giguère, l'oreiller idéal est constitué d'une base de mousse mémoire, surmontée d'une couche plus moelleuse. «Seule, la mousse peut créer une certaine pression sur l'oreille, dit-il. Mais elle a une belle densité et conserve bien sa forme.»

Avantage: crée très peu de pression sur la tête et le cou.

Désavantage: synthétique, cette matière retient davantage la chaleur.

Latex

Le latex est une fibre naturelle, produite par l'arbre à caoutchouc. Plusieurs modèles sont maintenant en partie fabriqués avec du latex de synthèse, qui conserve des propriétés similaires et retient moins la chaleur que la mousse mémoire. Assez denses, les modèles moulés conservent bien leur forme.

Avantage: bonne durabilité (six ans environ).

Désavantage: l'odeur du latex peut être gênante.

Polyester

C'est l'oreiller le plus commun: il est lavable, ce qui peut être particulièrement pratique avec de jeunes enfants, mais son rembourrage a tendance à s'affaisser assez rapidement. Certains, notamment de la marque montréalaise Orthocerv, sont aussi dotés d'une courbe cervicale pour offrir un meilleur support.

Avantage: leur coût, moins élevé.

Désavantage: leur faible durée de vie, soit deux ans environ.

Laine

Au toucher, les oreillers en laine ressemblent à ceux en polyester, avec une texture un peu fibreuse. À la différence près qu'il s'agit d'une fibre naturelle, qui laisse bien circuler la chaleur et l'humidité: elle peut absorber jusqu'à 30 fois son poids en eau! Assez dense, elle offre un bon support.

Avantage: fibre thermorégulatrice qui sied bien aux personnes qui suent beaucoup la nuit.

Désavantage: a tendance à s'écraser avec l'usage.

Gel

Le gel ne constitue pas la matière première de l'oreiller: il peut y être intégré sous forme de petites billes ou en une fine couche à sa surface, une option à privilégier selon Odile Mainville, puisque la quantité de gel est généralement plus importante dans ce cas. La matière ne crée pas ou presque de pression sur le corps et procure une grande sensation de fraîcheur.

Avantage: idéal pour les personnes qui ont très chaud la nuit.

Désavantage: plus cher que la moyenne.

Écales de sarrasin

L'enveloppe des grains de sarrasin est, il va sans dire, entièrement naturelle. Ces oreillers ne retiennent pas l'humidité et la chaleur, sont assez fermes et ils gardent assez bien leur forme pendant la nuit. Leur épaisseur peut être ajustée en ajoutant ou en retirant des écales.

Avantage: on peut moduler son épaisseur en rajoutant ou enlevant des écales.

Désavantage: le bruit des écales, au moindre déplacement, peut gêner le sommeil.

Plumes et duvet

Différents modèles sont offerts sur le marché: plus il y a de plumes, plus l'oreiller offrira un support important, alors que le confort est plutôt assuré par la présence de duvet. Assurez-vous que l'enveloppe soit faite d'un tissu qui ne laisse pas sortir les plumes (down proof).

Avantage: des fibres naturelles qui respirent bien.

Désavantage: la plume est une matière allergène.

Proctection 

L'achat d'un couvre-oreiller est fortement recommandé pour en assurer une plus grande longévité. Assurez-vous d'être cohérent: une protection synthétique sur un oreiller en fibres naturelles en limitera les bénéfices.

Draps

Rouge ou bleu? Le choix d'un drap n'est pas aussi simple. Entre les différentes matières, le nombre de fils et la taille, mieux vaut lire soigneusement les étiquettes, au risque de payer trop cher un produit griffé qui sera beaucoup plus joli que confortable.

Matière

Coton

Attention: tous les cotons ne s'équivalent pas. Le coton peigné - que l'on a brossé pour en enlever les fibres les plus courtes - sera plus doux et résistera davantage que le «régulier», mais l'«égyptien» (qui ne croît pas nécessairement en Égypte!) est le chouchou de cette catégorie, avec des fibres plus longues et souples, beaucoup plus durables. Si vous aimez les lits impeccables comme à l'hôtel, il faudra toutefois sortir le fer à repasser: le coton se froisse évidemment beaucoup.

Polyester

Son principal atout: il ne se froisse pas. Cette fibre synthétique est à éviter si vous suez beaucoup la nuit: elle respire moins bien que les naturelles et garde la chaleur. Le polyester est généralement mélangé avec du coton: les vendeurs recommandent généralement de ne pas aller au-delà de 50% de polyester, mais plus il y a de coton, plus les draps seront chers.

Bambou

Le bambou concurrence dangereusement le coton depuis quelques années. Il est encore plus doux et respire mieux que le coton et est naturellement réfractaire aux acariens. La fibre, synthétisée à partir de pâte de bambou, est souvent mélangée avec du coton pour limiter le coût du produit final, assez élevé.

Tencel

Cette fibre obtenue à partir de cellulose de bois (surtout d'eucalyptus), développée au tournant des années 90, a de plus en plus d'adeptes. Plus écologique que ses fibres rivales, elle respire encore mieux que le bambou et sa durabilité est louangée. Le hic? C'est aussi l'un des choix les plus dispendieux: un ensemble pour lit grand format coûte environ 250$.

Draps «santé»

Ne vous fiez pas à leur nom: c'est tout ce que ces draps ont de santé! Faits soit d'acrylique, soit d'un mélange de polyester et d'acrylique - donc de matières synthétiques -, ils gardent très bien la chaleur du corps, ce qui séduit les plus frileux, l'hiver. Mais cela veut aussi dire que vous suerez davantage, puisque la matière ne laisse pas circuler l'air. Le tissu a tendance à pelucher s'il n'a pas subi un traitement spécifique.

Flanelle

C'est en quelque sorte l'équivalent «naturel» des draps «santé». La flanelle est un tissu de coton brossé pour en relever les fibres pour plus de douceur et de chaleur. L'ennui, c'est que ce processus fragilise aussi la fibre et en réduit considérablement l'espérance de vie.

Lin

Certes, le lin se froisse énormément, mais il a la réputation d'être l'une des fibres naturelles les plus résistantes, ce qui permet d'amortir l'investissement (comptez 500$ environ pour un ensemble de draps grand format). Bien qu'il s'assouplisse avec l'usage, le lin n'est pas, toutefois, le tissu le plus doux à l'achat.

Satin

Les draps de satin se font plus rares dans les boutiques, mais les taies d'oreillers ont encore leur lot d'adeptes... féminines, car leur fini soyeux préserve davantage les mises en plis! À la maison Simons, on remarque d'ailleurs que les ventes de taies en satin augmentent chaque année à l'approche du temps des Fêtes!

Fils

La quantité de fils au pouce est un bon indicateur de la qualité d'un drap, mais ne doit jamais être prise seule en compte. «La plupart des gens ne se fient qu'à ça, mais un drap avec 800 fils au pouce peut être de moins bonne qualité qu'un drap qui en compte 400, si la matière, le traitement du tissu et son tissage sont de moins bonne qualité», note Stan Leibner, copropriétaire des boutiques Linen Chest. Or, ces deux derniers critères ne sont pas inscrits sur l'étiquette, d'où l'importance de demander conseil à un vendeur, dans une boutique spécialisée. L'indication «percale», qui décrit un type de tissage, assure un minimum de 180 fils au pouce. Le tissage «satine» est plus lustré, mais la douceur des deux types est équivalente.

Taille 

Queen, double, King, grand lit, très grand lit... mais encore? Cette information ne suffit plus pour acheter des draps de la bonne taille. L'épaisseur de certains matelas n'est que de 8 po, tandis que d'autres en font plus du double! Pour éviter les mauvaises surprises, vérifiez la taille du gousset, qui devrait avoir au minimum 3 po de plus que l'épaisseur de votre matelas.

Confection 

La présence d'élastique tout autour du drap contour, et pas seulement qu'aux quatre coins, est généralement le signe d'une confection de qualité, note Janie Patrice, propriétaire du magasin Au marché du lit, à Sainte-Agathe-des-Monts. On s'assure ainsi que les draps restent bien accrochés au matelas... même les nuits les plus agitées.

Sous la couette

La couette en duvet est la grande favorite de sa catégorie, mais pour être sûr d'en avoir pour son argent, voici quelques éléments à considérer avant de passer à la caisse.

Plumes contre duvet

La qualité d'un duvet se mesure d'abord au fait qu'il contient bel et bien du duvet, et non pas des plumes! Car seul le duvet a la propriété d'emmagasiner la chaleur. La plume, plus lourde, est souvent utilisée pour donner du poids à la couette: moins il y en a, mieux c'est! Le duvet d'oie «mature», c'est-à-dire âgé de plus de six mois, est plus chaud que celui des plus jeunes. Et donc plus dispendieux.

Gonflant

À l'achat d'une couette en duvet, il faut aussi tenir compte de son «gonflant» (loft, en anglais), c'est-à-dire le volume, en pouces, comblé par une once de duvet. Plus le chiffre est élevé, plus le duvet a la capacité d'emprisonner l'air et donc de conserver la chaleur. Chez Linen Chest, on conseille de ne pas descendre sous la barre de 400, qui est aussi le standard dans les hôtels, dit Suzie Bonneau, du fabricant de couettes Marie L'Oie.

Carreaux

Une couette avec des carreaux cousus hermétiquement gardera mieux sa forme à long terme. Le carré dit «européen» laisse circuler le duvet et, à long terme, risque de créer des trous et des accumulations. Surveillez aussi la qualité du tissu pour éviter que des plumes ne s'échappent de la couette: comptez au moins 220 fils au pouce, note Suzie Bonneau.

Entretien

Les couettes de duvet se lavent dans une laveuse frontale, avec un savon doux, et doivent être séchées à basse température avec des balles de tennis pour leur redonner du volume, conseille Suzie Bonneau. «L'hiver, je place la mienne 30 minutes dehors pour tuer les acariens.»

Housse

Placez votre couette dans une housse légèrement plus petite, de 2 po environ. «Elle sera plus gonflée», conseille Janie Patrice.

Le matelas

Ferme ou extraferme?

Un matelas ferme est-il meilleur pour le dos? «Non!, rétorque Richard Giguère. Il doit bien épouser les formes de notre corps: notre choix doit donc être guidé par notre morphologie.» Les femmes, à cause de leurs courbes, devraient par exemple privilégier des matelas semi-fermes pour que leurs hanches puissent s'y enfoncer légèrement et préserver l'alignement naturel de la colonne vertébrale.

Ceci dit, la position est aussi primordiale: «Trop de gens dorment encore sur le ventre, ce qui est très mauvais», remarque Richard Giguère. La position idéale est celle qui recrée le mieux possible la courbe naturelle de la colonne vertébrale.

Mais en choisissant votre matelas, pensez aussi au «confort». «Des clients me disent qu'ils ont de très bons matelas, mais qu'ils ne sont pas confortables ! Ce n'est pas normal», dit Jean-Nicolas Tremblay, propriétaire de la boutique Z matelas et détente, à Montréal, seul dépositaire au Québec de la marque suédoise Hästens. Un bon matelas est celui qui offrira à la fois du confort et un bon support. Il ne faut négliger ni l'un ni l'autre, croit aussi Louis Martin Despas, de chez Dormez-vous?

Modèles

Matelas à ressorts traditionnels

Parce qu'ils sont faits avec un seul fil, les ressorts dépendent les uns des autres et la pression à une extrémité du lit risque de se répercuter de l'autre côté. Pas idéal si on bouge beaucoup. Il offre néanmoins un bon support, mais exerce une pression sur le corps qui ne plaira pas à tous.

Matelas à ressorts ensachés

Ici, chaque ressort est enveloppé individuellement, ce qui limite la répercussion des mouvements et accroît le confort. Les matelas de luxe de la marque Hästens sont de ce type.

Mousse mémoire et latex

«Le développement de ces matières a révolutionné l'univers du matelas», remarque Richard Giguère, de l'ordre des chiropraticiens du Québec. La mousse mémoire viscoélastique est synthétique et sa qualité se mesure à sa densité (ne descendez pas sous la barre des 4 lb/pi3, conseille-t-on chez Dormez-Vous?). Pour le latex: visez le plus fort pourcentage possible de matière naturelle, de type talalay, assurant une meilleure circulation d'air.

Surmatelas 

Une couche «confort» est souvent ajoutée sur le dessus des matelas à ressorts (elle peut y être fixée ou vendue séparément). Elle peut être constituée de fibres synthétiques, de latex, de mousse à mémoire de forme, de coton ou de laine. Cette dernière est plus chère, mais est plus chaude l'hiver, et plus fraîche l'été.

Couvre-matelas 

Pas de housse protectrice, pas de garantie? Presque. Les fabricants de matelas n'honoreront pas leur garantie si le matelas présente la moindre tache, et ce, même s'il présente un défaut de fabrication! Les fibres synthétiques sont les seules offrant une barrière étanche contre les acariens et les punaises de lit. «La laine est très populaire parce qu'elle respire mieux», note Anthony Lionetti, de Matelas Bonheur.

Sommier

Est-il essentiel? «Il absorbe 50% des chocs, ce qui prolonge la durée de vie du matelas», note Louis Martin Despas, directeur régional des magasins Dormez-vous? Comptez 20% du prix du total de l'achat. Des vendeurs notent toutefois que l'on peut s'en passer si notre matelas repose sur une base en bois.

Entretien

On ne lave pas un matelas: on passe plutôt l'aspirateur à sa surface à chaque lavage de la housse protectrice. Une rotation de 180 degrés est suggérée chaque saison, voire toutes les deux semaines pour les trois premiers mois, recommande-t-on chez Matelas Dauphin.

Et les acariens? 

Le seul vrai moyen de se prémunir contre les acariens est d'envelopper ses oreillers et son matelas d'une housse étanche, scellée avec une fermeture éclair. «Une housse qui ne couvre que le dessus du matelas, ce n'est pas suffisant: les acariens peuvent la contourner», met en garde Dr Marek Rola-Pelszczynski, allergologue au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). Ces housses peuvent être faites de matériaux synthétiques ou naturels, mais tissées très finement pour empêcher le passage des acariens. Les draps doivent de plus être lavés toutes les semaines, à l'eau chaude, et l'humidité de la chambre ne devrait pas dépasser 40%. Enfin, notez que si le froid tue les acariens, «ils restent allergisants même lorsqu'ils sont morts», note Dr Rola-Pelszcynski. Bref, le fait de sortir son oreiller l'hiver permet de ralentir la prolifération des insectes, mais ceux qui y sont déjà incrustés continueront de vous faire la vie dure.