Avec ses «objets communs» produits en petite série, le designer industriel Guillaume Sasseville s'interroge sur les usages, revisite la notion du quotidien, fouille dans l'histoire. Ses plus récents projets visent à étudier, non sans un peu d'humour, les caractéristiques du marbre.

Sobriété et élégance décrivent bien le travail du Montréalais Guillaume Sasseville. Celui-ci explore les matériaux précieux avec sérieux, mais intègre à ses oeuvres beaucoup de légèreté, sans jamais contester l'aspect utilitaire des objets qu'il décide de créer. C'est d'ailleurs ce qui les rend si accessibles.

Pour le tabouret Classique Commun par exemple, il valorise une technique ancienne de restauration en montrant les agrafes qui en assemblent les différentes composantes. Le procédé n'est pas rare en soi, nous dit-il, mais au lieu d'être dissimulé, comme c'est le cas habituellement, il est volontairement mis en évidence.

«Je m'intéresse aux usages très simples du quotidien en cherchant à les revisiter. Beaucoup d'objets tentent de réinventer la roue, souvent en négligeant la sophistication du détail. Rendre magnifiques ceux qui composent notre environnement immédiat est essentiel. Chaque projet qui passe par mon studio est rigoureusement étudié.»

En témoigne Olympic, un haltère de 2 kg réalisé en collaboration avec Josée Lepage du studio Bondtoo.

Il y a deux ans, le concepteur a obtenu la bourse Phyllis-Lambert Design Montréal pour l'aider à terminer un projet inspiré de la production industrielle montréalaise de verre du début du siècle. La collection Verre commun, en cours de confection à Graz en Autriche, s'attarde sur les arts de la table avec une série de verres et gobelets.

«On tient souvent pour acquis notre mode de vie d'aujourd'hui, mais on n'a qu'à regarder dans le passé pour trouver d'autres façons de faire, souvent plus simple», dit-il.

L'objet en héritage

L'idée de se consacrer à la conception d'objets rares planait déjà lorsque le diplômé en design de l'environnement s'est envolé vers la Suisse.

Il y complète une maîtrise en Design de produit et Industrie du luxe à l'ECAL, la prestigieuse École cantonale d'art de Lausanne où il collabore avec des marques comme Christofle.

De retour, il lancé son studio de design SSSVLL. «Ça va faire bientôt deux ans et ça va bien. J'ai un assistant qui travaille avec moi. Avant de partir, je savais que j'allais démarrer le studio. Il s'agissait de savoir si ce serait ici ou en Europe», raconte-t-il.

Il a donc choisi Montréal. «II y a un grand potentiel en Amérique du Nord. On a vraiment des ressources extraordinaires sous-exploitées. C'est ce terrain de jeu qui m'intéresse.»

Dénicher les bons artisans est une préoccupation constante chez le concepteur, car la relation humaine fait partie intégrante de son approche, qui associe technologies contemporaines et savoir-faire. «C'est stimulant de collaborer avec des artisans. En tant que designer, on pense l'objet, on revisite les comportements et les usages liés à celui-ci, mais après il faut le faire exister. Comment et avec qui créer de petites séries de très haute qualité?»