Le bois de grève qui s'échoue sur les rivages fait le grand bonheur de Paule Dionne. Cette femme a une histoire peu banale.

Ainsi, après une carrière remarquable dans l'hôtellerie notamment comme directrice de l'hôtel Dominion de Québec, elle a décidé à l'aube de la cinquantaine de vivre autrement, d'être plus zen et de prendre le temps d'exploiter ses talents artistiques. «Un don qui sommeillait en moi depuis des années, et que j'alimentais durant mes loisirs par des cours d'aquarelle, de céramique, de bricolage», dit-elle en entrevue.

Mais la révélation de sa nouvelle vocation, son changement de carrière, est survenue lors d'un voyage en France, précise-t-elle. C'est en ramassant du bois flotté - des troncs ballottés par les marées, des branches tordues et des billots au vécu tourmenté - que Paule Dionne a trouvé la matière première qui forgerait ses prochaines créations. Des oeuvres qui prennent la forme de lampes, de miroirs, de crochets et autres objets de décoration.

Les chasses au trésor de Paule Dionne s'échelonnent surtout le long du Saint-Laurent, entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie, mais aussi sur les plages du Maine et dans le fjord du Saguenay. «Chaque fois, c'est un suspense parce que je ne sais pas ce que je vais découvrir.»

Quand elle vide son sac à trouvailles, l'artiste anticipe ce que deviendront les pièces de bois patinées par le temps ou cicatrisées en divers endroits. «Les noeuds du bois, les blessures, les piqûres font partie intégrante de l'oeuvre, racontent son histoire. Je ne cherche pas à les masquer, ni à les maquiller, je les utilise tels quels. Et il y a beaucoup d'émotion à travailler une pièce de bois vieille de 150 ans, de savoir qu'on lui donne une deuxième vie.»

Rustique chic

Paule Dionne s'inscrit dans la mouvance du rustique chic. Ses créations brisent les lignes parfaites du moderne et du contemporain pour donner une touche d'authenticité chaleureuse au décor, mais toujours en lien étroit avec la nature. Aujourd'hui, c'est même de bon ton d'introduire des objets issus du patrimoine québécois dans le décor.

D'ailleurs, au dernier salon Expo habitat de Québec, elle a pu mesurer l'intérêt du public pour ses luminaires qui ornaient le kiosque de Charpente Montmorency, dont une suspension tout à fait spectaculaire faite de branches entrelacées. La réaction des visiteurs l'a convaincue de poursuivre dans cette voie. «C'est un style qui se marie à toutes sortes d'ambiances», avance-t-elle.

Au cours des derniers mois, l'artisane s'est laissé porter par la création. Elle a conçu différents modèles de lampes sur pied, de lampes de table, de crochets, de miroirs en vue du lancement officiel de sa collection, qui s'est déroulé le mardi 5 juillet à la Galerie studio Brigitte Thériault au 39, rue Dalhousie, dans le Vieux-Port. Son lieu d'exposition pour l'été.

Femme d'affaires

Malgré un changement de cap, Paule Dionne n'a pas perdu ses qualités de leader ni son sens de l'organisation. À preuve, elle a créé sa propre compagnie grâce au fonds d'emprunt de Québec, elle a suivi des cours en gestion de marketing et a trouvé le temps de visiter sept à huit salons au cours des derniers mois. Depuis qu'elle a osé faire le grand saut dans un autre type d'activité, d'autres femmes lui ont confié admirer son audace au point de vouloir l'imiter.

lfournier@lesoleil.com

Le Soleil, Patrice Laroche

En plus des lampes, Paule Dionne fabrique des horloges, des miroirs et des petits crochets rustiques.