Si l'objectif est de surprendre, Machin Chouette ne manque pas d'attirer l'attention. La vitrine du 225, rue Saint-Paul expose en effet de l'inusité ainsi que des objets utilitaires remplis de personnalité. Machin Chouette a 15 ans cette année. Lise Maheu a démarré son commerce en 1995, «alors que ce n'était pas encore la mode de faire de la récupération-création, de donner une deuxième vie à des objets jugés désuets, démodés ou anciens».

«Mais c'est à travers la publicité que tout a commencé, explique-t-elle. À mes débuts, j'étais designer publicitaire, puis quand l'informatique est apparue, je n'ai pas voulu abandonner crayon et papier au profit d'une simple souris. Aussi ai-je décidé de transférer ma passion du dessin vers les meubles.»

 

Tout doucement, Lise Maheu a commencé à entasser dans un petit atelier des meubles anciens, des objets du quotidien qui l'inspiraient. «Sur le coup, je ne savais pas toujours à quoi ils serviraient, mais j'étais persuadée que l'inspiration viendrait.» Or, après 15 ans, la designer avoue que son processus de création s'est raffiné. À la transformation-création s'est ajoutée la fabrication de meubles sur mesure dans diverses essences de bois. «Les gens me soumettent un style, je l'exécute avec l'aide d'un ébéniste et souvent à moins cher qu'un meuble fabriqué en usine, dit-elle. Généralement, on m'apporte un croquis, une photo ou une simple description. Et c'est en discutant que se précise le genre.

Malgré les modes, Mme Maheu estime que les armoires québécoises, les longues tables à l'ancienne ont toujours une place de choix. «D'ailleurs, de plus en plus de gens préfèrent acheter quelque chose d'authentique plutôt que du made in China. Il y a une conscience environnementale qui grandit dans la population et on s'en aperçoit», dit-elle.

Parmi les créations de Machin Chouette, on remarque des tabourets fabriqués à partir d'une boîte à beurre et recouverts d'un coussin de cuir. «Ce meuble, c'est un peu ma marque de commerce, dit Lise Maheu, parce que j'en fais depuis mes tout débuts.» Mais il y a aussi des choses plus éclatées, comme cette ancienne trottinette transformée en lampe ou cette vieille paire de skis nautiques en acajou métamorphosée en étagère.

«C'est sûr qu'il faut pas mal d'imagination et d'inventivité pour exercer ce métier, souligne encore la designer. Car restaurer des meubles qui, en apparence, n'ont rien d'attrayant et leur donner une deuxième vie, ça exige d'avoir des idées et de l'audace. Ce qui explique qu'on doive mettre pas mal d'heures pour arriver à gagner sa vie.»

En vitrine, un large fauteuil de style Maurice, apparu au début du XXe siècle, n'a rien perdu de sa prestance, pas plus que cette petite table bistro tout en lattes de bois assortie de deux chaises du même matériau. Lise Maheu affirme en outre qu'elle ose proposer des choses qui sont à la fois utiles et innovatrices. C'est ce que les clients recherchent, dit-elle. Mais pour continuer de les surprendre, la commerçante remodèle son décor afin d'y ajouter une trouvaille ou encore pour mettre en évidence une de ces belles armoires taillées sur mesure.

www.machinchouette.com