Un look «heavy metal» et une passion pour les couteaux, il n'en fallait pas plus pour qu'à l'adolescence, Dave Fortin se sente unique et différent. «À l'âge de 13 ans, je sculptais des couteaux, dit-il en entrevue. J'avais ma propre technique et je pensais que j'étais seul au monde à faire ça jusqu'au jour où je suis tombé sur une re- vue spécialisée en coutellerie d'art.» Du coup, sa vie a changé. Dave Fortin a découvert que des artistes du monde entier nourrissaient une passion semblable à la sienne.

Dans la région de Québec, des maîtres couteliers comme Jacques Jobin, Chantal Gilbert ou Gaétan Beauchamp sont devenus ses modèles, ses mentors. «Ils m'ont accueilli comme un des leurs, dit-il, en plus de m'enseigner différentes techniques. Mais les autres, je les ai acquises par moi-même parce qu'il n'y a pas d'école de coutellerie au Québec alors qu'il en existe plusieurs aux États-Unis. De plus, on ne choisit pas d'être coutelier d'art, explique encore Dave Fortin, c'est une passion; il faut juste y répondre.» C'est ce qu'il a fait.

 

Mais son parcours est atypique, car sa passion pour les couteaux, il l'a développée en parallèle à un travail d'éducateur spécialisé qu'il a cependant abandonné au retour d'un voyage en Inde où il a appris les techniques millénaires de la joaillerie traditionnelle et de la soudure. «C'est là-bas que s'est précisé mon besoin de sculpter, dit-il, que mon style s'est affirmé.»

En coutellerie, son design est contemporain. Mais Dave Fortin se distingue surtout par les aciers damassés de ses couteaux. Une spécialité qu'il a présentement la chance d'approfondir grâce à une bourse de recherche du Conseil des arts et des lettres du Québec.

«Les métaux me fascinent, lance-t-il. Et c'est extraordinaire les alliages que l'on peut faire.» En ce moment, Dave Fortin expérimente différents amalgames, tant à Montréal, que dans sa forge de Sainte-Anne-de-Beaupré. Mais la base de la coutellerie, ça reste l'acier, dit-il. Les meilleurs offrent des lames performantes et hyper tranchantes parce qu'il ne faut jamais oublier qu'avant d'être beau, le premier rôle d'un couteau, c'est de couper!

Sur mesure

Mais à côté des couteaux d'art aux lames sculptées, aux man- ches sertis de pierres, de cornes d'orignal, de nacre, de bois précieux, il y a la coutellerie de cuisine. Dave Fortin l'a intégrée à sa production. À ses yeux, elle est tout aussi importante que la coutellerie d'art parce qu'elle nécessite la même rigueur, la même qualité d'exécution que le couteau qu'on place sur un piédestal dans une exposition.

«Or, les couteaux de chef que je réalise pour les cuisiniers amateurs ou professionnels sont toujours sur commande, dit-il. Et vous seriez étonnés de voir le nombre de personnes qui souhaitent posséder un couteau bien à eux.»

Leurs exigences : avoir un couteau équilibré, qui tient bien dans la main et, surtout, qui coupe parfaitement.

Souvent, les gens commencent par un tranchoir auquel ils ajoutent le couteau d'office, le couteau à découper. Dave Fortin leur offre un service d'affûtage de couteau, mais aussi de ciseaux, de sécateurs, de haches. Un art dans lequel il excelle et qui lui permet de sauver des objets anciens dont plusieurs ont une valeur sentimentale aux yeux de leurs propriétaires qui lui déclarent avec émotion : «Vous savez, M. Fortin, ça, c'était le couteau que maman utilisait tous les jours. Puis celui-là, c'était à mon grand-père. Il s'en servait pour dépecer le gibier.»

Informations : www.couteauxdeva.com ou 418 261-2085