L'art amérindien s'inspire de la nature, de la forêt, de la terre. Artisans jusqu'au bout des doigts, Hélène et Jean-Marie Gros-Louis ont appris à travailler les peaux et à les perler à la manière des anciens. Ça fait près de 50 ans que le couple confectionne des vêtements d'apparat : costumes de danse, vestes à franges, bandeaux amérindiens, petites sacoches. Récemment, ils ont même travaillé pour le Cirque du Soleil, qui leur avait commandé une lanière de tam-tam brodée de pierreries.

En entrevue, Jean-Marie Gros-Louis indique que dans sa lignée, ce savoir-faire s'est transmis de génération en génération. «Mes parents savaient tout faire de leurs mains, dit-il. Très jeune, ils m'ont enseigné à trapper, à gratter les peaux, à les assembler, à les décorer.»

 

L'art du perlage est millénaire, précise pour sa part Hélène Gros-Louis. «Bien avant l'arrivée des Blancs, les Premières Nations ornaient leurs vêtements avec des coquillages, dit-elle. Mais ce sont les Français qui ont introduit les fausses pierres dans nos communautés.»

Si l'art du perlage est assez répandu chez les autochtones, celui de la broderie avec des poils d'orignaux l'est beaucoup moins, mentionne encore Hélène. Ce serait même une spécialité des Hurons-Wendat, dont elle est l'une des rares à connaître les rudiments. Dans son petit atelier, on découvre d'ailleurs une boîte remplie de longs poils beiges, gris, bruns et noirs. Des poils d'orignaux que l'artisane a d'abord lavés et brossés avant de pouvoir les enfiler sur une aiguille pour en faire des broderies. «Et c'est assez unique comme technique», affirme la dame qui, à l'occasion, consacre du temps à l'enseigner aux plus jeunes générations.

Mais à l'exemple des designers de mode, les Gros-Louis créent leurs propres patrons. Dans leur collection, on retrouve des dessins de fleurs, des pointes de flèches, des soleils, des têtes de loup, des pattes d'ours et beaucoup de tortues parce que c'est l'emblème de la nation huronne-wendat. Mais Hélène Gros-Louis tient à rappeler que tout le perlage se fait avant l'assemblage des pièces, d'où l'importance d'avoir des motifs très précis, ajoute-t-elle. Selon elle, cette forme d'artisanat exige beaucoup de patience et de minutie.

Transmission du savoir

«Si je faisais un inventaire de tout ce que j'ai créé dans ma vie, j'en aurais des piles et des piles à vous montrer», ajoute la dame. Malgré toutes ces années à remettre 100 fois sur le métier leur ouvrage, les Gros-Louis continuent d'être passionnés. Et c'est pour cette raison qu'ils ont voulu transmettre leur savoir à leurs enfants et petit-enfant. «Ce qu'ils en feront, ça, c'est une autre histoire», laisse tomber M. Gros-Louis.

Ces dernières années, les deux septuagénaires ont réduit leur rythme de production. Ils ne travaillent que l'automne et l'hiver. «En été, nous préférons profiter de la nature et des cours d'eau.» Aussi, la vieille machine à coudre Pfaff tourne-t-elle au ralenti. Néanmoins, Hélène continue de prendre des commandes spéciales et de fournir des objets d'artisanat amérindien à la boutique de l'Hôtel-Musée Premières Nations de Wendake. 418 842-1242