Peindre du bois pour embellir son décor, en blanc de surcroît; l'idée fera crier plusieurs au sacrilège. Et probablement encore plus s'il s'agit du plancher. Pourtant, les parquets immaculés sont tout indiqués pour les décors qui ont un sérieux besoin de lumière. Une touche d'éclat pour le temps gris et un bon moyen de mettre de jolis meubles en valeur.

Les planchers blancs évoquent également la Scandinavie, région qui connaît de longs hivers peu ensoleillés. IKEA, géant suédois du mobilier «prêt-à-assembler», est d'ailleurs reconnu pour allier blancs et bois non teint dans ses décors. Un mélange de simplicité et de commodité. Suffit de feuilleter un de ses catalogues pour repérer de nombreux parquets clairs ponctués de tapis et autres meubles rehaussés par cette blancheur.

 

Juli Daoust et John Baker, propriétaires de la boutique torontoise Mjölk (se prononce «mi-yelk») spécialisée en design scandinave, ont osé la tendance à la fois dans leur chalet et dans leur appartement. Ils ont documenté l'opération sur leur blogue Kitka (www.kitkadesigntoronto.com). Le résultat : une surface qui contraste agréablement avec leur mobilier, majoritairement noir.

Juli et John ont été largement inspirés par les appartements et les maisons d'été lors d'un voyage en Suède. «C'est une excellente façon de transformer de vieux planchers sans avoir à refinir ou à les remplacer totalement», expliquent-ils par courriel. Ils ont effectivement tenté le coup en attente d'une rénovation plus importante. Ce blanc illumine immanquablement les espaces sombres, affirment-ils, mais trouvent l'effet mieux réussi dans des pièces aux lignes simples.

À la maison, ils ont dénudé leur parquet de bois dur qui était recouvert de stratifié. «La couleur détonnait avec notre mobilier», spécifient-ils. Le plancher étant déjà rêche, le couple torontois l'a simplement nettoyé et couvert avec de la peinture Benjamin Moore pour porches et planchers. Trois couches en tout, comprenant celle d'apprêt.

L'artisan parqueteur Martin Laplante, de Verdun, ne procéderait toutefois pas de la sorte pour un résultat durable. Après avoir effectué un ponçage superficiel du plancher, surtout s'il est déjà verni, il suggère d'abord d'appliquer une couche d'apprêt à l'huile. Il faudra ensuite apposer, de préférence, deux couches de peinture blanche, à l'huile, toujours. Un vernis devra aussi être ajouté pour éviter les taches. M. Laplante conseille un vernis à l'eau pour empêcher le jaunissement de la surface avec le temps.

Réno en profondeur

Le blanc vous tente irrésistiblement et vous êtes prêt à investir davantage? Bois Franc Model, une entreprise de Saint-Édouard-de-Lotbinière, offre la Série M, une gamme de planchers de bois franc aux coloris extravagants à laquelle s'ajoutent le noir et le blanc. Turquoise caribéen, doré, rouge geisha... De toutes ces couleurs, le parquet d'érable blanc nacré «akoya» a été le coup de coeur des clients.

Richard Gauvreau, chargé du développement de la Série M pour sa sortie en 2005, relate qu'une équipe de designers et d'architectes avait alors délibéré au sujet des tendances des prochaines années en matière de parquets. «Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des planchers sont bruns, on voulait ajouter un peu de diversité.»

La demande de plancher blanc venait alors des États-Unis, de propriétaires de demeures luxueuses du sud de la Floride ou de la Californie, qui voulaient oser la tendance, au risque de s'en lasser. «La plupart des gens font poser un plancher pour 25 ans. Ils vont rester dans les valeurs sûres, plus conventionnelles, dans les dérivés de bruns», affirme M. Gauvreau, qui commence aujourd'hui à voir un intérêt de monsieur et madame Tout-le-Monde.

Mais attention, il ne s'agit plus des «blancs essuyés» des années 90, plus pastel, mais d'un blanc «ultra bright» que Bois franc Model a longuement étudié, spécifie M. Gauvreau. L'érable, essence domestique, a été choisi pour son grain modeste et pour son absence de teinte rosée. On peut toujours voir les veines du bois, ce qui confère un aspect plus naturel au parquet.

On trouve d'ailleurs plutôt ces planchers nacrés dans des décors monochromes, explique M. Gauvreau, avec des meubles ou des accessoires souvent clairs, également. Le plancher de bois franc «akoya» se détaille à quelque 8 $ du pied carré. Et si le blanc venait à vous déplaire, il est toujours possible de sabler le plancher et de le teindre à votre guise. Pour connaître les détaillants : www.pgmodel.com

Entretien difficile?

Le plus grand souci du locataire : la saleté. «La poussière sur un plancher blanc, ça paraît moins que sur un plancher foncé. Ce n'est pas plus difficile d'entretien qu'un plancher prévernis de teinture normale. Tout est dans la qualité du vernis», assure Richard Gauvreau. Toutefois, si vous avez un labrador noir, ce n'est définitivement pas une bonne idée, ajoute-t-il.

Pour leur part, Juli Daoust et John Baker ne portent pas de chaussures, question de mettre toutes les chances de leur côté. Ils doivent parfois faire des retouches, mais apprécient bien le caractère ajouté par quelques encoches.