Des céramiques créées par les plus grands maîtres potiers du Québec ainsi que des collections de poteries anciennes, voire très anciennes, seront exposées au Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré jusqu'à la mi-mai. Parmi les 150 pièces en vitrine, des morceaux de choix prêtés par des collectionneurs privés et par des musées québécois, dont le Musée de la civilisation et le musée du Saguenay.

L'exposition est ambitieuse, puisqu'elle couvre 200 ans de l'histoire du Québec à partir des premiers artisans jusqu'à l'industrialisation. Et tant qu'à rassembler autant d'objets de collection en un même endroit, Jacques Blais, qui est aussi président de la Société historique de la Côté de Beaupré, en a profité pour faire un survol de cet art dans un livre intitulé La poterie et la céramique au Québec. «Un ouvrage qui, dit-il, veut rendre hommage aux artisans et à leur métier à travers les magnifiques pièces qu'ils nous ont léguées au fil du temps.»

 

Dans la lignée des grands potiers, les Drolet de Baie-Saint-Paul auront exercé leur métier pendant près de 40 ans, soit jusqu'en 1890. Et Jacques Blais nous apprend qu'ils réussiront pendant toutes ces années à en tirer la subsistance pour leur nombreuse famille.

Du côté de Québec, impossible de passer à côté de la famille Dion, qui fournira des céramistes pendant trois générations. Dans son essai, M. Blais mentionne que Jean-Baptiste Dion commencera en 1854 à cuire de la poterie au confluent de la petite rivière Lorette et de la rivière Saint-Charles. Par la suite, c'est son frère Antoine qui prendra la relève. Leur aventure se terminera en 1918 alors que la manufacture est aux mains d'étrangers.

Toujours dans la région de Québec, la poterie de Cap-Rouge fonctionnera de 1860 à 1892 avec des hauts et des bas. Au plus fort de l'activité, la manufacture employait une vingtaine de personnes. Parmi les joueurs importants de l'industrie, Céramique de Beauce marquera le XXe siècle. Ainsi après la découverte d'argile appropriée à la céramique dans le secteur de la rivière Calway, 33 potiers demanderont, en 1940, leur incorporation au Syndicat des céramistes paysans de la Beauce. Vingt-cinq ans plus tard, Céramique de Beauce manufacturait plus d'un million de pièces par année. Puis, sans crier gare, elle déclarera faillite le 11 mai 1989.

Dans son survol de la céramique au Québec, Jacques Blais raconte l'histoire des potiers du bourg Saint-Denis, ceux de Saint-Jean et d'Iberville ainsi que ceux du Saguenay. Il mentionne aussi qu'à la fin du régime français en 1760, plus d'une douzaine de poteries sont en activité dans les régions de Trois-Rivières, de Montréal, de Québec, de Charlevoix et de la Beauce. L'essai de Jacques Blais est en vente au coût de 20 $.

L'exposition se tient au Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré, 7976, avenue Royale, à Beaupré. Heures d'ouverture : du lundi au vendredi, de 9h30 à 16h30.

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