Le verrier américain Louis Comfort Tiffany (1848-1933), célèbre pour ses lampes en forme de nénuphars ou de magnolias de style «Art nouveau», fait pour la première fois l'objet d'une exposition en France, au musée du Luxembourg à Paris.

Quelque 160 oeuvres - vitraux, vases, luminaires, dessins, - rassemblées dans Louis Comfort Tiffany, Couleurs et lumière (16 septembre-17 janvier 2010), évoquent la carrière et l'inventivité d'un créateur qui fut le «chef de file du design américain» au tournant des XIX et XXe siècles, selon les organisateurs.

L'exposition, avec des variantes, ira ensuite au Musée des beaux-arts de Montréal avec qui elle est coorganisée, du 11 février au 2 mai 2010, puis au Virginia Museum of fine arts de Richmond du 29 mai au 15 août.

Louis Tiffany, fils de l'orfèvre et créateur de bijoux Charles Tiffany, fut le chef d'orchestre du travail de dizaines de dessinateurs et verriers qui créèrent, sous son impulsion et dans ses ateliers, lampes, vases, vitraux, inventant de nouvelles formes et de nouvelles techniques pour travailler le verre.

Le jeune homme, qui baigne dans une atmosphère artistique dès son plus jeune âge, étudie la peinture, notamment à Paris où il séjourne à plusieurs reprises. Très vite, il s'intéresse à l'art du verre, qu'il utilise alors pour la décoration d'intérieur qui fut son premier métier.

Il incruste des cercles de verre dans un paravent de bois - pour la maison de l'écrivain Mark Twain -, créé un écran de cheminée constitué de centaines de plaquettes de verre, inclut des billes de verre dans le métal d'un pied de lampe.

Le premier vitrail qu'il réalise est immédiatement «radical», dit devant la presse Rosalind Pepall, commissaire de l'exposition et conservatrice au musée des beaux-arts de Montréal.

Il joue du mélange des couleurs, des courbes et contre-courbes pour un décor abstrait, en incluant des petits cabochons de verre de couleur. Il utilisera ce dernier procédé très fréquemment dans les quelque 5000 vitraux que ses ateliers réaliseront.

L'exposition présente également deux vitraux d'un ensemble de 18 réalisés pour une église de Montréal. Au-delà du sujet traditionnel abordé - «Le Bon Pasteur», «Le Christ à Emmaüs» - ils montrent l'extraordinaire inventivité des ateliers Tiffany, rapidement célèbres et réputés.

Pour la première fois, le verre est travaillé à chaud pour réaliser des drapés, un peu comme on modèlerait de la cire chaude pour lui donner du relief, au lieu de peindre les plis de la robe.

Tiffany superpose également les plaques de verres de couleur, pour amplifier les nuances de tons.

L'exposition de nombreux vases et lampes évoque la manière dont les ateliers travaillaient le verre, avec des vases «Lave» dont les coulées imitent celles de la matière en fusion, des pièces de verre irisé, doré, marbré, aux motifs abstraits et étonnamment modernes, ou imités de la nature (glycines, magnolias, plumes de paon, toile d'araignée, libellule, etc.).

À l'époque, Tiffany est représenté à Paris par le marchand Siegfried Bing dont la galerie L'Art nouveau donnera son nom à ce courant. Il commandera à l'Américain des vitraux tirés de dessins d'artistes français, comme Toulouse-Lautrec.