Patricia Desjardins a un rapport intime avec la culture inuite. Pour elle, les galets en sont une expression. L'artiste les utilise pour fabriquer des pieds de lampe dont l'esprit s'apparente à celui des inukshuks. Vous connaissez sans doute ces fameuses sculptures de pierre qui ressemblent à des personnages et dont les bras sont placés en forme de croix. Or, dans la tradition du Nunavut, les inukshuks sont plus que des sculptures, ils témoignent d'un lien intime entre les résidants et leur milieu.

En entrevue téléphonique, Patricia Desjardins, photographe, souligne que son métier l'a amenée à croquer la nature sous divers angles. «Mais avec les galets, j'ai découvert une autre façon de l'exprimer. J'aime particulièrement les galets, dit-elle, parce qu'ils viennent des grands glaciers et qu'ils ont beaucoup voyagé.» Ces pierres au long cours ont en effet été ballottées encore et encore par les courants avant d'aboutir sur nos rivages.

 

Originaire du Nouveau-Brunswick, Patricia Desjardins trouve ses galets au bord de la mer. Elle s'y rend d'ailleurs chaque année pour faire le plein de cailloux doux au toucher et qui épousent la paume de la main.

Puis, il y a quatre ans, elle a décidé de sculpter ces pierres d'un autre âge, de leur donner un sens. L'inspiration lui est venue lors d'un voyage à Pond Inlet dans le Grand Nord québécois. Le petit village de 1300 habitants situé au nord du 72e parallèle reste isolé une grande partie de l'année. C'est un peu le bout du monde. Là-bas, Patricia Desjardins a pu s'imprégner de la culture inuite en côtoyant les aînés. «Ils m'ont initiée à leurs coutumes, dit-elle. Ce qui m'a permis de mieux comprendre ce que représente l'art des inukshuks.»

À son retour, l'artiste a cherché à transposer ce savoir dans son processus de création. C'est ainsi que des colonnes de galets ont pris forme. En utilisant des éléments de la nature, la photographe s'inscrit dans une approche environnementale de l'art, dont les galets constituent la matière première. Chaque lampe devient ainsi une sculpture dans laquelle le choix des teintes, des marbrures et des formes n'est pas le seul fruit du hasard. Les galets sont triés, taillés et superposés pour former des pieds de lampe à la fois simples et pleins de sens. «Dans tout ce que je fais, je vise la simplicité, conclut-elle, parce que pour moi, c'est ça, la beauté.»