Façonnés par le temps, les vieux meubles ont des histoires à raconter. Laurence et Benjamin, de Québec, ont appris à les écouter. Conquis, ils ne peuvent maintenant plus s'en passer.

Façonnés par le temps, les vieux meubles ont des histoires à raconter. Laurence et Benjamin, de Québec, ont appris à les écouter. Conquis, ils ne peuvent maintenant plus s'en passer.

 Le couple habite dans ce quatre et demi du quartier Saint-Jean-Baptiste depuis trois ans. Séduite par les plafonds à caissons, Laurence aimait bien l'ambiance vieillotte du logement plus que centenaire. Elle estime d'ailleurs qu'ils ont été «super chanceux» de dénicher cet appartement au prix abordable, car ils se font rares dans le quartier.

 La jeune femme dit sentir «l'âme de l'appartement», l'ancien logis d'un marchand de bois : «tout est raboté», usé et chaleureux. Une personnalité soulignée par de hautes et profondes fenêtres, des moulures saillantes et des arches invitantes. Une mystérieuse ouverture conduit en effet du salon à la cuisine. Pas assez haute pour laisser circuler les propriétaires, elle permet néanmoins à la lumière de baigner les pièces.

 Laurence et Benjamin affectionnent particulièrement les antiquités paysannes et rustiques, presque archaïques. «Les antiquités, c'est le patrimoine. Ça nous rappelle notre histoire», justifie Laurence, qui a été initiée par son amoureux. Petit à petit, la chasse aux antiquités est devenue une passion commune qui fait aujourd'hui partie intégrante de leur budget.

Dans leur jus

 Les deux adeptes de brocantes traquent les pièces avec leurs couleurs d'origine, maltraitées par le temps : «dans leur jus», en langage d'antiquaire. Et québécoises, de préférence. Ils entretiennent notamment une bonne relation avec un antiquaire de Sherbrooke, où ils «partent à la chasse». C'est lui qui leur a vendu, un peu à contrecoeur, le vaisselier que l'on trouve dans le salon, leur trouvaille préférée. Éreintée par les années, elle a été restaurée dans les règles. On n'y voit que du feu.

 Dans la cuisine, Laurence déplore que des armoires en mélamine fassent maintenant face à la grande armoire en bois. Elles font de l'ombre à un autre élément de leur collection : un fauteuil rustique au fond de babiche, qui a fait du cinéma! Il a été utilisé dans le film Le survenant; une petite fierté pour ses propriétaires.

 Toujours à la recherche d'un prétexte pour se procurer leur prochaine pièce, les nouveaux parents ont profité de l'arrivée de bébé pour se gâter. Une commode patinée s'est donc transformée en table à langer et un coffre a fait son apparition dans la chambrette du poupon.

Dans la chambre principale, un lave-mains au fini vert-de-gris, cueilli en piteux état, sert de meuble d'appoint. Mais pas question de mettre trop d'énergie pour revaloriser un meuble qui pourrait avoir du potentiel. Le couple laisse faire les pros. Une vieille pièce trouvée dans le fond d'une grange ne se transformera pas en une antiquité de valeur après un bon effort de décapage. «C'est un mythe», soutient Laurence.

 En côtoyant la tradition de la sorte, la paire a également développé une attirance pour d'autres belles choses : les tableaux. Ils aimeraient maintenant se composer une collection de toiles pour garnir leurs murs. Avec ces ambitions, c'est à déménager qu'ils devront bientôt penser, question d'avoir plus de place pour leurs passions!

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Cette chaise de babiche est une ex-vedette de cinéma.