La mode des parquets blanchis a déjà «sévi». Vous vous souvenez des années 80, début des années 90? «À l'époque, les teintures blanches n'arrivaient pas à neutraliser la couleur du bois. Ce qui donnait des reflets rosés, parfois même violacés», témoigne Christian Bélanger, designer d'intérieur.

La mode des parquets blanchis a déjà «sévi». Vous vous souvenez des années 80, début des années 90? «À l'époque, les teintures blanches n'arrivaient pas à neutraliser la couleur du bois. Ce qui donnait des reflets rosés, parfois même violacés», témoigne Christian Bélanger, designer d'intérieur.

Le fabricant québécois Bois franc Model, de Saint-Édouard-de-Lotbinière, a de son côté ébranlé le marché en dévoilant, en 2005, la série M, une collection de parquets aux couleurs vibrantes et hors-norme, comme le rouge geisha, le gris noir et le... blanc nacré intitulé akoya.

«Nos parquets blancs ont fait sensation auprès de nos clients de Los Angeles, New York et South Beach, en Floride, affirme Richard Gauvreau, directeur marketing chez Bois franc Model. Dès la fin de 2005, nous en avons vendu pour la construction de maisons et de condos haut de gamme, aux États-Unis, précise-t-il. Dans la foulée, d'autres pays, comme les Émirats arabes unis et le Maroc ont suivi.» Du côté du Québec, il aura fallu attendre 2007 pour qu'un réel intérêt se manifeste.

À Montréal, il est aujourd'hui possible d'admirer des parquets blancs de la série M par Model dans les appartements en copropriété du projet l'Oxxford, conçus par le couturier Philippe Dubuc et le designer d'intérieur Christian Bélanger. «La teinture de ces parquets est totalement blanche, très uniforme et sans reflet rose», apprécie le designer.

L'avantage? Un parquet blanc donne une folle impression d'agrandissement. L'espace devient nimbé de lumière.

Mais un parquet immaculé terrifie également. N'est-ce pas extrêmement salissant? Et que faire avec les enfants? «Dès qu'un parquet est d'une couleur unie, toute saleté paraît davantage. Le même phénomène se produit avec les planchers brun chocolat, tellement prisés depuis quelques années», explique Christian Bélanger.

«Sur un parquet blanc, la saleté est facile à détecter, ce qui permet de le nettoyer rapidement, alors qu'avec un tapis, ce n'est pas toujours évident», ajoute Richard Gauvreau. L'idéal pour «oublier» la saleté? Choisir un parquet (texturé) couvert d'un verni naturel, répond le spécialiste.

 «Nous, on enlève nos souliers en entrant et on propose des pantoufles à nos invités», enchaînent Johanne Dupont et Mario Côté, un couple (sans enfant) propriétaire à Québec qui a opté pour un parquet blanc akoya pour le rez-de-chaussée de sa résidence. «J'ai eu le coup de foudre pour ce parquet dans un stand d'exposition de Model, à Las Vegas», raconte Mario Côté.

Dans la foulée, le couple a changé le mobilier du rez-de-chaussée. Il a choisi des fauteuils, des chaises et des canapés en cuir crème. Un effet de douceur est ainsi insufflé à l'aménagement. «Au début, j'avais des craintes à l'idée d'avoir un plancher blanc, mais je suis maintenant enthousiaste, car l'espace semble beaucoup plus grand, il est clair et, surtout, très différent», résume Johanne Dupont.

Les parquets de la série M sont pour la plupart composés d'érable, une essence très pâle qui évite, dans le cas de l'«akoya», la formation de reflets. L'utilisation d'un vernis à base d'oxyde d'aluminium (n'émettant pas de COV) limite l'abrasion de la surface. Quant à la teinture, elle n'est pas complètement opaque, car elle permet d'apercevoir les veines du bois. Elle contient également une poussière métallique brillante.

Il faut compter entre 8$ et 10$ le pied carré pour obtenir un parquet en bois dur ou d'ingénierie de la série M (excluant l'installation). À titre comparatif, un parquet préverni Model classique vaut entre 4$ et 7,50$.

Immaculé et branché

«Regardez n'importe quel magazine européen, ils sont remplis de parquets, de cuisines et de comptoirs blancs», affirme Jean Monet, designer d'intérieur. Ce fondateur de Monet Interiors a commandé un parquet de frêne naturel teint en blanc éclatant pour un vaste condo à vendre à Montréal pour plus de trois millions de dollars. «La teinture n'est pas opaque, mais elle est très riche tout en laissant paraître le grain du bois», fait remarquer Marie Béliveau, copropriétaire de Planchers LuGo. En prime, un traitement contre les rayons UV a été privilégié afin d'éviter le jaunissement.

Enfin, l'atmosphère d'un espace doté d'un parquet immaculé n'est pas nécessairement glacée. Des tapis et des rideaux peuvent aisément réchauffer les lieux. Sans compter que le blanc ne se démode pas.

«J'ai déjà un autre projet d'aménagement d'un parquet blanc dans le Vieux-Montréal», lance Jean Monet. Preuve que les parquets blancs font moins peur aux gens.

 

Photo André Pichette, La Presse

Dans les condos dits puristes du projet l'Oxxford, des parquets blancs du fabricant Bois franc Model ont été privilégiés.