Jean-Marc Harvey voulait deux choses quand il était gamin: devenir architecte et vivre là où l'ascenseur ne se rend pas. Il a réalisé ses deux souhaits, et aujourd'hui, il aime toujours son travail, autant que son penthouse de Sainte-Foy, qui vieillit merveilleusement bien.

Jean-Marc Harvey voulait deux choses quand il était gamin: devenir architecte et vivre là où l'ascenseur ne se rend pas. Il a réalisé ses deux souhaits, et aujourd'hui, il aime toujours son travail, autant que son penthouse de Sainte-Foy, qui vieillit merveilleusement bien.

De l'extérieur, l'édifice Le Noblet - situé au coin de l'avenue Monk et du chemin Sainte-Foy - passe inaperçu. Un immeuble à condos des années 70 parmi tant d'autres.

Sauf que son dernier étage vaut le coup d'oeil. Après un passage à travers un sombre escalier, on pousse la porte et la lumière jaillit. Au nord, les montagnes; à l'ouest, le coeur de la ville et entre les deux, une vue sur l'île d'Orléans.

Le paysage se dévore quand les stores de bois, qui alternent avec des colonnes de brique, sont grand ouverts. «Par beau temps, je peux voir mon autre chez-moi, à la campagne», lance M. Harvey, qui passe environ la moitié de son temps à sa maison de Sainte-Pétronille.

Lorsqu'il a acheté ce condo, en 1978, M. Harvey l'a aménagé avec goût. Ça allait de soi pour cet architecte, fondateur de l'Atelier Avant-Garde, qui trempe dans le design d'intérieur.

Le défi a plutôt été de le garder à la page, en procédant à des révisions de la décoration tous les 10 ans. Ce qui fait qu'aujourd'hui, la majorité du mobilier (table, meubles de salon, tête de lit) date des années 70, sans jurer avec le granit et le bois vernis, des matériaux plus modernes. «J'aime acheter des choses de qualité, qui durent longtemps. Une façon de faire plutôt rare aujourd'hui!» commente M. Harvey en riant.

Prenez, par exemple, le bain tourbillon en forme de cercle parfait. Il est d'un brun rougeâtre très «années 70», mais il s'intègre bien avec le granit du plancher.

Une histoire

Presque tout dans l'appartement terrasse de M. Harvey a une histoire. Le piano, c'est pour sa femme Claire, qui a l'oreille musicale. Le violon posé dessus, c'était le sien à l'âge de six ans.

Les meubles roses un peu futuristes? Ils ont été conçus par le designer Olivier Mourgue. La chaise longue, de la collection Djinn, a même été choisie par Stanley Kubrick pour équiper la station spatiale de son film 2001 : l'Odyssée de l'espace.

La main posée sur la table de la salle à manger, M. Harvey raconte avec animation qu'elle est signée par Le Corbusier, designer célèbre. «J'avais 42 ans quand je l'ai achetée et Le Corbusier avait 42 ans quand il l'a conçue. C'est une belle coïncidence», dit-il.

Toujours d'inspiration européenne, le foyer est un modèle de Richard le Droff. Il a été fabriqué d'acier inoxydable, bien avant que le matériau ne devienne populaire.

Dans les lampes Reggiani qui illuminent la table, il y a des ampoules faites à la main, vieilles de plusieurs décennies, mais qui n'ont jamais brûlé, foi de Jean-Marc Harvey. «C'est la preuve que l'on est capable de faire des choses durables!» s'exclame-t-il.

Dans la cuisine, sa couleur fétiche, le rouge, égaie l'espace résolument pratique et moderne. Le petit banc ajustable, placé au fond, permet au couple de cuisiner assis à l'occasion.

Les planchers de cerisier brésilien apportent une touche de chaleur et se marient très bien avec la brique. En général, l'aménagement est sobre, mais partout où l'on pose le regard, il y a une toile ou un objet qui attire l'attention par ses couleurs vives ou sa forme originale.

Du rangement

Même si Jean-Marc Harvey aime son mobilier, il est tout aussi fier, sinon plus, des astuces pratico-pratiques de rangement qu'il a créées dans son penthouse.

Sous le plancher surélevé de la salle de bains, il y a l'aspirateur central auquel on accède par une trappe. Sous les comptoirs de bois qui bordent le lavabo se cachent des articles de toilette.

Dans l'entrée, il a créé une énorme penderie sur deux niveaux, avec des marches d'escalier qui sont aussi des tiroirs. Sur un mur du salon, il suffit d'abaisser une porte du meuble de rangement et voilà que l'on a une table à dessin.

Chaque recoin de la cuisine, qui est petite, mais à laquelle le miroir du fond donne un effet de grandeur, est utilisé à bon escient, avec l'installation, par exemple, de tiroirs coupe-pied (situés tout en bas des armoires) et de tiroirs à épices (sur les côtés du micro-ondes).

«C'est ma façon de vivre dans un espace dégagé, en ayant tout à la portée de la main», souligne M. Harvey.

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Cuisine pratique, où se côtoient le granit, le bois et... le rouge.