Il y a de ces maisons qui vous impressionnent avant même que vous y ayez mis les pieds. Quand un propriétaire vous apprend que la sienne est située avenue des Braves, qu'elle compte 24 pièces et un abri nucléaire, vous ne posez pas de question et vous prenez rendez-vous.

Il y a de ces maisons qui vous impressionnent avant même que vous y ayez mis les pieds. Quand un propriétaire vous apprend que la sienne est située avenue des Braves, qu'elle compte 24 pièces et un abri nucléaire, vous ne posez pas de question et vous prenez rendez-vous.

 L'abri nucléaire, il a fallu croire à son existence sur la seule foi de Claude Croteau, son propriétaire.

 La pièce héberge aujourd'hui l'atelier d'ébénisterie de son fils Benoît et nous n'y avons pas été invités.

Avec ou sans abri nucléaire, cette maison du quartier Moncalm, à Québec, est d'une noblesse rare. Deux rangées de rosiers composent une haie d'honneur pour les visiteurs. Des colonnes encadrent la porte d'entrée et soutiennent un balcon en arrondi, à l'étage. Des hydrangées épanouies saluent un début d'automne radieux.

 Émilie, 20 ans, la fille du proprio, est notre hôtesse. L'entregent et l'intérêt pour la décoration sont innés chez elle, puisque son père est président de Meubles Croteau, «le plus vieux magasin de meubles à Québec», soutient-il. Émilie et ses deux frères font partie de la quatrième génération de Croteau à s'impliquer dans l'entreprise familiale.

 Comme de raison, l'intérieur de la maison est une belle vitrine pour le magasin fondé en 1922 par l'aïeul, Roméo.

Le style de l'ameublement convient à cette résidence d'inspiration anglaise, parée d'élégantes boiseries en chêne maillé. À l'entrée, l'escalier est un bijou. Il constitue le coeur du lieu.

 Claude et Ginette Croteau ont aménagé leur chambre dans l'ancienne salle à manger. Elle s'ouvre sur le salon par deux portes françaises. Il s'en dégage un délicieux esprit campagnard mâtiné d'une touche aristocratique.

 La maison de forme cubique est flanquée de deux pièces qui s'accrochent à elle comme des appentis. À droite, se trouve le bureau avec son beau plafond à caissons. L'abri nucléaire est juste en dessous. À gauche, c'est le cigar room, «la pièce de mon père», confie Émilie. Elle a été aménagée sur un ancien balcon.

 Dans cette maison, il y a des centaines de petits carreaux de verre aux fenêtres et aux portes. Oublions l'entretien qu'ils requièrent et retenons la lumière qu'ils génèrent et qui flatte les dorures, le cristal et le bois.

À l'étage, une porte généreusement fenestrée donne sur un charmant balcon. Le soleil inonde le boudoir et le palier, avant de rebondir sur le miroir derrière l'escalier. L'espace semble immense. On s'y sent bien. L'effet de la luminothérapie, c'est sûr.

 L'étage comporte un dédale de couloirs et de chambres dont les portes nous sont restées fermées. Dans une maison de 24 pièces presque centenaire, il reste toujours des travaux et de la peinture. Mais les gens de cette famille ont du coeur au ventre.

 

Photo Martin Martel, Le Soleil

L'escalier d'origine est en chêne maillé.