Avec de l'acier, du verre, de l'aluminium et du bois, deux artistes du design ont composé une rampe d'escalier qui récite le poème de nos quatre saisons. Cette oeuvre ?casse-cou? déclinée en 12 tableaux botaniques a été baptisée l'escalier Vivaldi.

Avec de l'acier, du verre, de l'aluminium et du bois, deux artistes du design ont composé une rampe d'escalier qui récite le poème de nos quatre saisons. Cette oeuvre ?casse-cou? déclinée en 12 tableaux botaniques a été baptisée l'escalier Vivaldi.

Le designer Jean Martel en a fait le dessin sur papier, que le ferronnier d'art Jérôme Lapointe a «traduit» en trois dimensions. «Regardez les tableaux de l'automne, suggère Jean Martel. Les feuilles sont toutes percées et recroquevillées.» Fabriquée avec des matériaux robustes, cette rampe est pourtant d'un lyrisme rare.

À l'instar du plafond, la main courante en chêne est de couleur fusain, que souligne une subtile ligne d'aluminium. Elle s'évanouit au bas des marches en une volute qui coiffe un cylindre de verre thermoformé, signé Jean Bélanger, de l'atelier Coquelicot. Enchevêtré dans l'acier, ce même verre givré imite les fragments d'un glacier dans les tableaux de l'hiver, tout en haut.

Le ferronnier d'art Jérôme Lapointe a consacré plusieurs mois à cet escalier qu'il a construit comme un casse-tête. Les motifs de feuilles se déploient dans une suite logique qui débute par le printemps au bas des marches. L'artisan désigne le feuillage noir «bleui par l'acide» sur lequel les «accidents» du métal sont encore apparents.

Pour l'automne, il a appliqué une patine de vernis antique à l'huile de lin, qui a donné à ce paysage martelé sa couleur bronze doré. Et les feuilles vertes de l'été ? «C'est ma recette secrète», répond-il. Jérôme Lapointe occupe depuis trois ans un local industriel sans fenêtre de la rue Saint-Sacrement, à Québec.

Ce bachelier en arts visuels fabrique aussi bien des remorques, que des sculptures, des mezzanines de restaurant, des boîtes à fleurs, des lutrins et des bases de baignoire pour l'entreprise MAAX. Il s'est tourné vers la forge au moment où il a voulu faire lui-même ses propres luminaires. Il a suivi des cours à L'oeil de Poisson, dans le complexe Méduse, où il a pris racine finalement. C'est là que le designer d'intérieur Jean Martel l'a connu et a appris à lui faire confiance. «J'aimais son côté artiste», raconte ce dernier.

Les deux hommes ont eu pas mal de pain sur la planche dans cette maison de Québec qui requérait bien des améliorations. Avant de s'atteler à la rampe, ils ont eu pour mandat de dessiner le lustre de l'entrée. Jean Martel a imaginé «des racines de carottes» que Jérôme Lapointe a sculptées dans le métal, en y ajoutant quelques oiseaux. Jean Martel a cousu lui-même les délicats abat-jour avec de la cotte de maille dorée.

Miroir monumental

Dans ce hall monumental, il faut de l'extraordinaire et du gigantesque. De chaque côté de la porte d'entrée, les fenêtres sont habillées de toiles romaines en soie de Thaïlande. Une femme juchée sur des échasses pourrait se maquiller devant le long miroir rectangulaire conçu par l'imaginatif duo. Son cadre de métal légèrement courbé est une merveille. «Pour moi, ce miroir évoque une église des années 60», s'émeut Jean Martel. Sa console, en dessous, est du même raffinement. Une plaque de verre supportée par des minisocles d'ébène repose sur une base en zébrano.

Les tiroirs sont recouverts de feuilles d'argent, leurs tirettes sont en cuir. Et les tabourets ont des sièges en poil de poney. On n'a qu'à s'y asseoir et à se laisser charmer par cette pièce que Jean Martel a parée de «bijoux», avec distinction et amour du beau.

__________________

Pour en savoir plus:

Forge ornementale Lapointe: 418-682-1310