Avenue des Braves, une maison singulière intrigue et surprend. Sa noblesse impressionne. Sa simplicité séduit. Derrière des fenêtres aux persiennes modernes, ses murs sont recouverts de cerisier massif, on marche sur l'ardoise et ses portes sans quincaillerie sont munies de tirettes de cuir.

Avenue des Braves, une maison singulière intrigue et surprend. Sa noblesse impressionne. Sa simplicité séduit. Derrière des fenêtres aux persiennes modernes, ses murs sont recouverts de cerisier massif, on marche sur l'ardoise et ses portes sans quincaillerie sont munies de tirettes de cuir.

Sa description pourrait se résumer à ces quelques lignes. Sur tous les plans, en effet, l'architecte Louise Amiot, de la firme Amiot et Bergeron, a privilégié «l'uniformité des couleurs et des matériaux». Notre guide, c'est elle. «Le concept de base repose sur l'axe du hall», explique-t-elle. Le salon est resté à droite, la cuisine et la salle à manger, à gauche, en tout respect du plan traditionnel de cette maison des années 50 qui a jadis appartenu à l'ancien maire de Québec Jean Pelletier. L'homme ne la reconnaîtrait pas.

 Des marches suspendues

Devant l'escalier dépourvu de toute structure, le visiteur reste ébahi. Les marches de bois semblent suspendues dans l'espace. Elles sont en fait fixées au mur, alors que des tiges métalliques l'arriment à une plaque de verre verticale qui sert de paroi entre l'escalier et le couloir de l'entrée. Les ingénieurs ont travaillé fort. Le salon, comme toutes les autres pièces, a des murs d'une couleur «soupe aux pois très reposante», commente Louise Amiot. Les fauteuils et les canapés sont blancs. Ici et là, des accents de rouge. Et malgré un abaissement du plafond en raison du chauffage radiant, les moulures sont toujours là.

 À l'avant, la fenêtre constitue un point d'intérêt, puisque deux des trois toiles solaires ont été installées au milieu, afin de laisser passer la lumière. Dehors, des persiennes modernes occupent le coin inférieur droit, «pour créer du rythme et un isolement visuel». Les persiennes y sont pour beaucoup dans l'originalité de la conception extérieure. Les rideaux sont proscrits dans cette maison. Au rez-de-chaussée et à l'étage, des murs entiers ont été recouverts de panneaux de cerisier pleine hauteur, dont le veinage a été soigneusement agencé. Les portes fermées se fondent à ces murs au point d'être quasi invisibles.

La cuisine est un cas unique. Les propriétaires désiraient y intégrer leur cellier, leur étuveuse, leur four à tiroirs, leur plaque au gaz à six ronds, leur évier et leur comptoir à légumes en bois, leurs tiroirs réfrigérés, leur superhotte et leur ordinateur. Eh bien, ils y sont arrivés. «La cuisine a été dessinée en fonction de la largeur des tuiles d'ardoise», ajoute l'architecte. Un plancher chauffant, des comptoirs d'inox et d'ardoise, du verre dépoli et des persiennes au bas des fenêtres enrichissent cette pièce fastueuse enchâssée dans le cerisier massif.

 Dans la salle à manger, il ne faut pas se fier à la sobriété apparente du foyer encastré dans l'ardoise. Sa seconde face donne sur l'extérieur. Là, un âtre immense, une piscine creusée, une pergola de bois torréfié et un garage de cèdre entièrement calqué sur le design de la maison donnent la mesure de son raffinement exceptionnel. À l'étage, il y a trois chambres. Celle du gamin, peuplée de toutous, comporte un mur dont les carreaux ont été peints à la main. Dans la chambre principale, immense, l'homme et la femme ont chacun son walk-in. Celui de monsieur, ouvert, sert de passage vers la salle de bains. On la dit zen. Mais elle suinte le luxe. L'ardoise et le bois lui donnent un sacré cachet.

Des douches que le verre sépare

Et la douche... Son plancher est constitué de dalles d'ardoise rehaussées qui laissent l'eau s'écouler par une fente sur son périmètre. Une paroi de verre dépoli la sépare d'une deuxième douche, aménagée dans la salle de bains des invités.

 Il y a dans ces deux pièces «des jeux de lumière intéressants et subtils», mentionne Louise Amiot. Cette maison propriété de Jean-Yves Germain a mérité un prix à l'occasion des Mérites d'architecture de la Ville de Québec pour son réaménagement intérieur et extérieur. «Plus qu'une simple rénovation, il s'agit de la relecture d'un volume, qui a été réinterprété et redessiné sur un même canevas», a souligné le jury, qui a aussi salué «l'approche audacieuse et non traditionnelle», ainsi que «l'exercice de style intéressant» de l'architecte Louise Amiot.

Photo Le Soleil

La cuisine possède un comptoir en ardoise. Les persiennes au bas des fenêtres laissent filtrer subtilement la lumière.