Pendant un an, Jean-Louis Helstroffer et Sylvie Fournier ont suivi le «parcours du combattant» dans leur maisonnette du quartier Saint-Jean-Baptiste. C'est donc avec un «petit velours» qu'ils ont accueilli la mention spéciale du jury, à l'occasion des Mérites d'architecture de la Ville de Québec.

Pendant un an, Jean-Louis Helstroffer et Sylvie Fournier ont suivi le «parcours du combattant» dans leur maisonnette du quartier Saint-Jean-Baptiste. C'est donc avec un «petit velours» qu'ils ont accueilli la mention spéciale du jury, à l'occasion des Mérites d'architecture de la Ville de Québec.

 Rénover une construction d'un siècle et demi demande du courage. Coincée entre deux maisons, dotée d'une cour aveugle sans accès direct à la rue, bâtie sur le «dur», la leur avait tous les prérequis d'un projet compliqué. Et pour multiplier les embûches, le couple a décidé de faire creuser une cave.

Une grue a donc été installée à l'arrière, sur le terrain voisin qui surplombe légèrement la propriété. «Elle a tout cassé», résume Jean-Louis Helstroffer. Et elle n'a trouvé que de la roche. Si bien que l'excavation a duré cinq semaines, au lieu des deux initialement prévues.

Pendant ce temps, le couple logeait à l'étage. L'homme se souvient avec désespoir des deux convoyeurs qui défiguraient le rez-de-chaussée et qui déversaient les gravats dans un conteneur placé dans la rue. Pas sûr qu'il recommencerait. «Mais on voulait préserver l'âme de la maison», glisse-t-il avec un brin de dérision.

«Nous vivions avec une inconnue: ce que nous allions découvrir au sous-sol, raconte-t-il. Malheureusement, nous sommes tombés sur du dur.» Ils ont dû couler 41 mètres cubes de ciment devant ce roc inamovible sur lequel était bâtie leur maison. Si leur sous-sol est maintenant un «véritable abri antinucléaire», il est moins grand que prévu. Chaque recoin a son utilité. «Je me bats avec l'espace», dit-il.

Entreprises le 3 octobre 2005, les rénovations sont terminées depuis la fin de septembre. Le couple a maintenant envie de souffler avant de se lancer dans la décoration. La maison est fonctionnelle, c'est déjà satisfaisant.

Marbre de pâtissier



 Avec son «marbre d'un pouce et quart», la cuisine est celle d'un pâtissier. «Ça me prenait un marbre pour le chocolat, se réjouit M. Helstroffer. C'est une surprise de Sylvie.» Ses armoires de frêne, son plancher de céramique et ses fenêtres qui donnent sur la plus charmante des cours en font une pièce chaleureuse et vivante.

M. Helstroffer désigne le mur de pierre qui ferme le petit jardin: «Il a été bâti en 1808, sous le régime anglais. Il reliait entre elles toutes les tours Martello. L'été, il est recouvert de vigne.»

La maison n'est pas grande. Mais le propriétaire rappelle qu'elle a jadis été divisée en deux studios. Et à l'étage, vraiment, la salle de séjour, très haute, donne une plaisante impression d'espace. «L'acoustique est formidable», ajoute-t-il en montrant le violon de sa conjointe.

La chambre a été aménagée sur ce qui était autrefois la terrasse. De leur fenêtre-balcon à la coquette balustrade de fer ornemental, M. Helstroffer et Sylvie Fournier aperçoivent les buildings de la ville et les toits du quartier Saint-Jean-Baptiste. C'est très poétique.

Jean-Louis Helstroffer tire une grande fierté des deux salles de bains où il a laissé beaucoup d'huile de bras. Il y en a une à l'étage, attenante à la chambre, et une autre au sous-sol, toutes deux rutilantes sous le marbre et la porcelaine. Tout un luxe pour ce bâtiment de 1848!

Célébration du passé

La maison située au 641, rue Lavigueur, a reçu une mention spéciale dans la catégorie rénovation, à l'occasion des Mérites d'architecture de la Ville de Québec. Joignez-vous à la cohorte de curieux qui ralentissent le pas et qui admirent sa toiture de métal, ses parements orangés et sa porte traditionnelle rouge surmontée d'une imposte. L'architecte Jacky Deschênes et Les Constructions Alphonse Carrier ont été les maîtres d'oeuvre de ce projet d'envergure.

Le jury a conclu: «La mise en valeur de cette résidence modeste à laquelle on a redonné ses lettres de noblesse et toute sa dignité est une excellente célébration du passé.» Jean-Louis Helstroffer et Sylvie Fournier ont toutes les raisons de ressentir un «petit velours». Surtout lorsqu'ils se rappellent que leur maison prenait l'eau et qu'ils avaient dû installer des gouttières à l'intérieur.

 

Photo Le Soleil

Les fenêtres de la cuisine donnent sur la plus charmante des cours.