Sophie Muguette Rouleau exerce un métier aussi rare que nécessaire: elle restaure les objets en céramique et en porcelaine. De l'anse d'une tasse du service à vaisselle ayant appartenu à votre grand-mère à l'objet rare d'une collection en passant par le bibelot rapporté de voyage, pratiquement tout se répare! Portrait d'une passionnée qui fait de nombreux heureux en recollant les morceaux.

Depuis qu'elle est toute petite, Sophie Muguette Rouleau est une bricoleuse. Elle cherchait à réparer tous les objets qui lui tombaient sous la main. Cette autodidacte a été apprentie pendant deux ans chez Mr Fix It, un atelier montréalais de réparation, avant d'ouvrir son propre atelier.

Elle se spécialise dans les pièces de céramique, de porcelaine, de plâtre et d'ivoire ainsi que de certaines pierres. La majorité des objets qu'on lui apporte ont une valeur sentimentale pour leurs propriétaires. On ne fait pas toujours restaurer les objets parce qu'ils valent cher, mais plutôt parce qu'on y est attaché.

D'ailleurs, Sophie Muguette ne veut pas toucher aux pièces muséales ou à celles ayant une grande valeur. Elle préfère les objets du quotidien, ceux qui ont du vécu et de belles histoires. Elle se souvient par exemple de la restauration d'un petit mouton de porcelaine qui avait été acheté au magasin à 1 $. Ce bibelot avait été le dernier cadeau offert par un enfant à son grand-père avant qu'il meure. Un membre de la famille a déboursé 125 $ pour le faire réparer par Sophie.

Parmi les objets inusités qu'on lui a demandé de restaurer, elle se souvient aussi de couvercles d'anciens réservoirs de toilettes.

Avant d'apporter un objet

Sophie Muguette Rouleau ne conseille pas aux gens de tenter de recoller eux-mêmes un objet brisé. Les colles vendues en quincaillerie sont peu résistantes et jaunissent avec le temps. De plus, un objet mal collé coûtera plus cher à restaurer puisqu'il faudra le décoller.

Elle suggère d'emballer chaque morceau séparément et de ne pas tous les mettre dans le même sac. La céramique est très fragile et le frottement des différents morceaux les uns contre les autres peut causer encore plus de dommages. Chose importante à savoir, il est souvent possible de reconstruire un morceau manquant.

Les différents types de restauration

La restauratrice propose trois types d'intervention: la restauration de base (collage simple), la restauration pour usage (bord d'assiette, par exemple, mais attention: aucune colle ne pourra être en contact avec des aliments ou aller au four) et la restauration illusionniste, plus complexe, qui redonne à l'objet sa forme originale et où il est impossible de voir les interventions. 

Il est aussi important de savoir que ce genre de travail est long, un temps de séchage pour la colle va de sept jours à un mois. Sophie Muguette Rouleau propose aussi la méthode de restauration japonaise kintsugi, qui consiste à accentuer les traces de bris ou les craquelures avec de la poudre métallique.

http://mamzellemuguette.wixsite.com/mamzellemuguette

Photo François Roy, La Presse

Cette grande statue en plâtre était entreposée dans le garage depuis des semaines quand, en garant sa voiture, la cliente a reculé un peu trop...