D'un côté, il y a Marie-Hélène Beaulieu. De l'autre, Sébastien Duchange. Tous les deux exercent le métier fascinant et méconnu de souffleur de verre, entre autres à la canne (des tubes en inox réfractaire) et au chalumeau. Ensemble, ils ont fondé Sébomari, un atelier de production d'objets de verrerie fabriqués en petites séries.

Marie-Hélène a fait ses études au Centre des métiers du verre du Québec. Sébastien, lui, est né en France, en Picardie plus exactement, berceau d'une longue tradition verrière. On y trouve notamment le siège de Saint-Gobain, entreprise fondée en 1665 par Louis XIV (autrefois La Manufacture royale de glaces de miroirs), qui a notamment participé à la construction de la Galerie des Glaces du Château de Versailles, et plus tard à la Pyramide du Louvre. C'est près de Nancy toutefois qu'il a gagné ses galons, au Centre européen de recherches et de formation des arts verriers (CERFAV), où il a reçu un enseignement très traditionnel du verre.

Un côté scientifique

Tous les deux ont tâté des études scientifiques avant de bifurquer définitivement vers le métier de souffleur de verre. Un «détour» qu'ils voient comme un avantage, parce qu'il leur a permis une meilleure compréhension de leur art, histoire de le pousser plus loin. Car s'il comporte sa part de mystère, le travail du verre n'a rien de magique, au contraire. Il faut les entendre parler de la composition de la matière (plus de 90% de sable), de l'agencement des molécules, de l'importance de la force centrifuge et de la gravité pour obtenir les formes envisagées, lorsque le verre en fusion, brûlant, devient malléable comme du miel.

Il faut aussi les entendre parler de la beauté de ce matériau, de sa transparence «obtenue par aucune autre matière». De sa fragilité qui, si elle confère à la pièce ses qualités, «exerce aussi le calme et la patience du souffleur de verre». On sent qu'ils éprouvent un profond respect pour ce savoir-faire ancestral, maîtrisé au terme d'un lent apprentissage.

Un atelier, deux visions

Depuis 6 ans, Marie-Hélène et Sébastien ont leur atelier dans un bâtiment de la rue Rosemont. Isolément, chacun poursuit une carrière artistique en solo, conçoit des pièces de collection, uniques, qui possèdent un langage plastique qui leur est propre. Elle fabrique des pièces organiques, aux formes végétales, délicates, plus spontanées que réfléchies. Ses créations à lui sont longuement mûries, plus ludiques, graphiques. Plus revendicatrices aussi, plus ancrées dans une prise de parole sociale, politique.

Sébomari est la conjugaison de ces deux «personnalités». Sous ce nom, ils font de la sous-traitance pour des projets artistiques, des commandes de designers et d'architectes. Par exemple, pour les luminaires dessinés par Antoine Laverdière, lorsqu'ils intègrent le verre (Hôtel La Ferme, de Baie-Saint-Paul, restaurants Le filet et le Club chasse et pêche), ou encore les bases en verre des filtres à eau Aquaovo.

Mais ils s'amusent également à développer et mettre au point leur petite production d'objets fonctionnels et décoratifs. Comme des lampes à huile dont les contours rappellent tantôt un galet, tantôt une bombe (!), des parfumeuses d'ambiance «endolithes», une référence aux organismes qui croient et vivent à l'intérieur des rochers, ou des mangeoires à oiseaux (à venir). Ces créations de verre sont en vente à l'atelier, sur rendez-vous. Quelques pièces sont également présentées à la Galerie Elena Lee, spécialisée dans le verre d'art contemporain, au 1460, rue Sherbrooke O., à deux pas du Musée des beaux-arts, qui présente actuellement les oeuvres de Dale Chihuly, grand artiste du verre soufflé.

À noter aussi que Sébomari offre, sur rendez-vous, des cours privés d'initiation au verre soufflé au chalumeau, directement à l'atelier.

Photo fournie par Sébomari

Les deux artisans s'amusent également à développer et mettre au point leur petite production d'objets fonctionnels et décoratifs, comme ces lampes à l'huile, qui rappellent une bombe.