Catherine Vandal, 37 ans, habite une maison datant du XIXe siècle dans l'île de Montréal. Les «vieilles granges» remplies d'objets hétéroclites l'incitent parfois à faire des détours quand elle va à la campagne. C'est dans l'une de ces vieilles granges qu'elle a déniché une chaise berçante en bois, l'été dernier. Elle a payé une dizaine de dollars pour sa trouvaille.

Son père, ingénieur retraité, a toujours aimé travailler de ses mains. «Il a passé une partie de l'été dernier à renipper la chaise pour moi», raconte Mme Vandal.

Possède-t-elle une antiquité pour autant? Non.

La différence entre brocante et antiquité, c'est la valeur marchande.

La brocante désigne des objets d'occasion, généralement de peu de valeur. Ainsi en est-il de «l'éternelle machine à coudre», explique Francis Lord, de Milord Antiquités, à Montréal. «Ce meuble traditionnel avec la lampe à l'huile et la dentelle n'a pas de valeur, c'est un objet utilitaire, pas un objet d'art!» Ainsi en est-il de la chaise berçante de Mme Vandal, ne lui en déplaise.

Une antiquité, c'est quelque chose d'une époque «très ancienne», selon le dictionnaire. Statistique Canada parle d'«objets d'antiquité ayant plus de cent ans d'âge». Mais attention: la valeur marchande d'une antiquité n'est pas nécessairement liée à son ancienneté, plutôt à sa rareté, à son caractère «exceptionnel». Ainsi, un meuble estampillé d'un artisan reconnu vaut plus qu'un meuble semblable non estampillé.

Cela dit, on peut trouver de petites pièces de mobilier et des accessoires dans les trois chiffres - dans la même gamme de prix qu'un équivalent industriel, en somme.

Prenons pour exemple une table de chevet. On peut en trouver à des prix variant entre 400$ et 700$ chez Rowntree Antiquités, avenue Atwater. Jennifer Rowntree se spécialise dans les antiquités provenant d'Europe de l'Est. Son inventaire rustique, tout de bois ou presque, contraste avec celui de Grand Central, situé non loin, rue Notre-Dame. Cette boutique au plafond couvert de lustres étincelants demande deux à trois fois plus pour une table de chevet dont le dessus sera en marbre ou en marqueterie. Des styles fort différents, il faut le dire. Car acheter des antiquités, c'est comme acheter une montre: c'est une affaire de goût et de style personnel avant toute chose.