Pendant les Fêtes, la table de la cuisine devient le centre d'attention. On gravite autour pendant le réveillon, c'est assis en famille qu'on y rattrape le temps perdu ou c'est entre amis qu'on y fête la fin de l'année. Mais quand on est en terrain moins connu, tant comme hôte que comme invité, la situation est plus délicate. On veut bien faire, mais comment s'en assurer?

«L'art de la table est une simple logique», soutient Cendrine Chénel, consultante en étiquette et en protocole chez Ars Vivendi, qui propose notamment des ateliers sur l'étiquette à table à l'Académie culinaire de Québec et de Montréal, ainsi qu'au restaurant laurie raphaël. Mme Chénel indique que ses cours sont avant tout destinés à s'outiller. «Ça permet d'avoir confiance.» Ainsi, lors d'un souper avec des collègues ou la belle-famille, on peut se concentrer sur la discussion plutôt que s'interroger sans fin sur l'utilité de cette énième fourchette.

Avec Mme Chénel, on apprend notamment que le foie gras ne se tartine pas : on le prend avec le côté de la fourchette pour le déposer sur le pain. Et, non, pas besoin de cuillère pour manger ses spaghettis : les Romains ne le font même pas.

Depuis une dizaine d'années, les Québécois ont davantage le goût de faire les choses dans les règles lorsque vient le temps de recevoir, remarque la consultante, qui est d'origine française. Partout en province, les gens ont commencé, côté bouffe, à découvrir les produits du terroir et les importations fines. Ils ont développé un intérêt plus poussé pour la cuisine. On passe maintenant à l'étape suivante : l'art de la table.

Tout d'abord, l'invitation idéale pour un goûter des Fêtes serait écrite. Mais à l'ère de Facebook, on prend peu le temps de le faire. Si envoyer une carte n'est pas dans les plans, il serait préférable d'appeler ses futurs convives au lieu de leur envoyer un courriel, soutient Mme Chénel.

Première étape avant de cuisiner : dresser la table afin de se mettre dans l'état d'esprit de recevoir. L'objectif d'une réception est aussi que les gens se rencontrent. On assoie donc ses convives en alternant hommes et femmes, note la consultante. «Idéalement, il faut séparer les couples pour que les disputes qui auraient pu avoir lieu dans l'auto n'aient pas d'impact autour de la table.» La place d'honneur se trouve à droite de l'hôte, et la deuxième place la plus importante, à gauche. C'est à ce premier endroit que l'on doit asseoir un invité de prestige, s'il y en a un.

Au-delà de six personnes, il est suggéré d'inscrire les noms sur des placiers, «à la main, avec son écriture du dimanche», et de les installer à côté des verres, au-dessus du couteau. La conférencière suggère aussi de l'inscrire recto et verso si les invités ne se connaissent pas beaucoup.

Présidence à l'anglaise

Mme Chénel préfère la présidence à l'anglaise, soit l'hôte et l'hôtesse aux bouts de la table, pour les repas à domicile. Ceux-ci auront un point de vue d'ensemble sur la tablée et les invités, disons, un peu moins prisés, se retrouveront tout de même au centre.

Les ustensiles seront placés de façon à pouvoir les utiliser de l'extérieur jusqu'à l'intérieur, de l'entrée au plat principal. Les fourchettes à gauche, le couteau et la cuillère pour le potage, à droite. La cuillère et la fourchette à dessert sont placées en haut de l'assiette. Le verre à eau, celui pour le vin rouge et celui pour le vin blanc seront posés en haut ou en diagonale de l'assiette dans cet ordre, de gauche à droite.

La serviette - en tissu plutôt qu'en papier, de préférence - ne doit pas être placée sous les fourchettes. On la dispose à côté de celles-ci, ou bien dans l'assiette. Bien que les jeux d'origami dans les coupes soient jolis, ils risquent de briser le verre délicat.

Lorsque l'hôte portera la serviette à ses cuisses, ce sera signe que le repas peut commencer. Si on doit s'absenter de la table un instant, on laisse la serviette sur la chaise. Elle devra être disposée sur la table, à droite de l'assiette, une fois le repas terminé.

Comment tenir son verre? Mme Chénel abonde dans le même sens que les oenophiles : par la tige, afin que le liquide demeure froid. On devrait d'ailleurs s'essuyer la bouche avant de boire, cela évitera de laisser des traces disgracieuses.

Harmonie des services

Aussi, lors de l'élaboration du menu, il faut s'assurer de créer un ensemble harmonieux et diversifié. Une tarte au poireau suivie d'une tarte sucrée pour le dessert, par exemple, est à éviter. Si un des plats se veut copieux, allégez les autres, suggère Cendrine Chénel.

Pour ce qui est de la cuisine, il faut en faire le plus possible avant que les invités arrivent. L'idéal est de finaliser les plats juste avant le service. On devrait d'ailleurs refuser poliment toute aide pour la préparation du repas. Habituellement, Monsieur s'occupe de l'apéro et du vin pendant que Madame est aux fourneaux. L'idée est de pouvoir passer du bon temps pendant le repas, mais aussi de pouvoir en profiter lorsqu'on sera invité ailleurs. Même chose pour la vaisselle, même si - mais on ne le dira pas - l'aide pour cette tâche est toujours appréciée!