L'incendie du Manège militaire de Québec est réputé avoir été causé par une lampe halogène «oubliée allumée». Or, chez soi, on a notre lot de lampes d'usage courant de cette nature qui, d'ailleurs, sont de grandes productrices de chaleur. On doit donc les employer avec prudence. Comme c'est le cas pour un rond de cuisinière ou une chaufferette en activité. En fait, aucune matière combustible, aussi bien que notre corps, ne doit entrer en contact avec elles. À ces conditions, elles sont faciles à vivre.

«Qu'il s'agisse d'une lampe sur rail, à faisceau, encastrée, torchère ou de lecture, on doit tout mettre en oeuvre pour qu'aucun rideau ou tout autre tissu ne s'en approche», met en garde David Provencher, conseiller chez Multi-Luminaire, à Lévis. Y compris celles qu'on a installées à l'extérieur. Toute matière combustible, là aussi, doit être tenue à distance.

 

Ces lampes, d'ordinaire de grande délicatesse et mises en place à l'intérieur, produisent une lumière de choix qui habillent bien le décor. Mais elles ne peuvent le faire sans produire une chaleur qui atteint souvent les 200 °C, parfois 500 °C. C'est chaud. Assez pour mettre le feu si on n'y prend pas garde.

Malgré la chaleur, précise Ressources naturelles Canada, leur rendement lumineux est identique à une ampoule incandescente ordinaire «tout en consommant 40 % moins d'énergie». Sans compter une durée de vie utile accrue.

«Mais croire qu'elles sont de grandes consommatrices d'énergie est un mythe», trouve Daniel Cloutier de chez Cantin & Fils, rue Saint-Vallier.

«Elles ne consomment pas au-delà de leur wattage. Qu'il soit de 10 ou 50», soutient-il. David Provencher abonde dans le même sens.

Cependant, il faut les employer avec précaution. Une lampe d'atelier de 500 watts, dont on se sert pour éclairer une pièce de la maison qu'on peint, peut faire chauffer, brunir, voire calciner une pièce de bois se trouvant à proximité.

Daniel Cloutier se souvient en avoir utilisé une pour la réparation, un soir d'hiver, de sa souffleuse à neige. Sa machine était bien éclairée et il n'avait donc pas froid aux mains. «Finalement, je me suis aperçu que le réservoir d'essence en matière plastique de la souffleuse était déformé. La lampe avait été encore trop proche», se rappelle-t-il. Bref, on ne badine pas avec l'halogène.

Emballage

Sur l'emballage des ampoules halogènes qu'on trouve en magasin, les manufacturiers ne ménagent pas les mises en garde. «Tenir loin des liquides et des matières combustibles ou susceptibles de sécher ou de se décolorer... Pour éviter les brûlures, couper l'alimentation électrique et laisser refroidir avant de remplacer l'ampoule... N'employer que dans des luminaires au wattage et au voltage correpondants», peut-on y lire essentiellement. C'est sérieux.

«Les lampes halogènes ne doivent pas être orientées directement sur les surfaces, puisque la chaleur pourrait brûler des matières sensibles, comme la peau humaine ou un tissu délicat», corrobore Ressources Naturelles Canada.

À une torchère halogène, dont la lumière est dirigée au plafond, se rattache d'ordinaire une ampoule de 300 watts. Par conséquent, sa dépense d'énergie est considérable et la chaleur générée de 260 °C. «Mais le rhéostat [gradateur], généralement intégré au luminaire, est de nature à pondérer et la consommation d'électricité, et la chaleur», est d'avis M. Provencher.

Morceau de linge

Ghislaine Lemieux est capitaine au service de prévention des incendies de la Ville de Québec. Cela paraît invraisemblable, note-t-elle, mais ça se voit : des gens vont couvrir une ampoule d'un morceau de linge pour tamiser la lumière et créer de l'ambiance. «À ne jamais faire. Le risque de feu est grand», plaide-t-elle. Y compris avec une ampoule incandescente ordinaire.

Puis, elle préconise l'achat de produits homologués ou endossés, par exemple par l'Agence canadienne de normalisation. «Et accorder absolument l'emploi qu'on en fait aux recommandations du fabricant», enseigne, pour sa part, le Bureau d'assurance du Canada, par les soins de sa conseillère en affaires publiques, Anne Morin.

Et ne vous croyez pas aptes à installer, par vous-mêmes, des lumières encastrées, dans votre cuisine, sous la corniche de votre maison ou ailleurs. «C'est l'affaire d'un électricien», insiste le capitaine Lemieux.

Si une lampe encastrée, dans ses parties supérieures et latérales, touche un autre objet, il doit être muni d'une boîte thermique. «C'est un must», dit David Provencher. Sans compter que les ampoules doivent être fixées sur des armatures de porcelaine ou des réceptacles (sockets) résistants à des températures très élevées.