Quand ils se sont débarrassés du communisme, les Polonais se sont mis à recevoir et à exhiber leur belle vaisselle, leur argenterie et leurs nappes de lin. Mais ils n'ont pas mis leurs traditions de côté : à Noël, il y a toujours du foin sur la table polonaise!

Quand ils se sont débarrassés du communisme, les Polonais se sont mis à recevoir et à exhiber leur belle vaisselle, leur argenterie et leurs nappes de lin. Mais ils n'ont pas mis leurs traditions de côté : à Noël, il y a toujours du foin sur la table polonaise!

«Le foin symbolise la crèche de Jésus», explique Krystina Frydecka, qui avait décoré sa maison de Sainte-Foy comme si c'était le réveillon, pour la visite du Soleil. La dame fait une petite entorse à la tradition : normalement, il y aurait une balle de foin sous la table. Elle se contente d'une couronne de branchages et d'une poignée de brindilles qui ressemblent à un petit nid.

Dans ce centre de table tout simple, mais riche de sens, Krystina dépose du pain sans levain que tous les convives partagent au début du repas. À l'époque, les humains et les animaux participaient à ce rituel, rappelle-t-elle avec un petit rire. «Encore aujourd'hui, au moment du partage, tout le monde a les larmes aux yeux, confie-t-elle. On pense à ceux qui sont morts ou qui sont encore en Pologne.»

Le 24, Krystina et son mari Janusz, leur fille Agnes, leur petite-fille de cinq ans Victoria et son papa, se mettront à table lorsque la première étoile sera apparue dans le ciel. Ils auront mis un couvert supplémentaire pour un vagabond ou un esseulé qui pourrait frapper inopinément. Pour les catholiques polonais, ce couvert symbolique est destiné à Jésus, résume-t-elle.

Ils ne mangeront pas de viande, afin de se «sentir en communion avec la nature». Mais ils auront cuisiné 12 plats, «en référence aux 12 apôtres», mentionne Krystina. Année après année, le menu est composé de soupe de betterave, de raviolis farcis, de hareng, de vodka, de noix et de figues. Notre hôtesse perpétue aussi la tradition avec des gâteaux aux fruits macérés qu'elle confectionne par dizaines et qu'elle distribue aux amis.

Sur le buffet de sa salle à manger, elle a réparti biscuits, noix et gâteaux. Elle a glissé à travers ces douceurs, une sculpture centenaire du Christ affligé qui appartenait à la famille de son mari. Et la jarre à biscuits en forme de rêne, si typiquement québécoise, c'est un clin d'oeil à la petite Victoria.

Krystina et les membres de sa famille sont arrivés à Québec en 1985. Contrairement à bien des émigrés, ils ont réussi à apporter avec eux de nombreux objets qui évoquent leur Pologne natale, notamment des petits ornements de paille dont ils garnissent le sapin. Quand elle voit à quel point les Québécois rejettent leurs propres traditions, ça lui fait mal.

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Ornements de Noël polonais.