Besoin de meubler un sous-sol pour vos ados? Le plus grand quitte la maison pour voler de ses propres ailes? Vous cherchez la perle rare à retaper? Trouvez-vous une camionnette et prenez la route de (très) bon matin le week-end prochain: tout doit partir!

Besoin de meubler un sous-sol pour vos ados? Le plus grand quitte la maison pour voler de ses propres ailes? Vous cherchez la perle rare à retaper? Trouvez-vous une camionnette et prenez la route de (très) bon matin le week-end prochain: tout doit partir!

Qui dit mieux?

Une vente de garage sur la rue DeLorimier à Montréal.

Nous sommes un samedi matin, à peine 8h. Plusieurs résidants de Repentigny s'activent devant leur maison. Le ciel s'assombrit, le mercure ne dépasse pas les 10 degrés, mais les voisins se saluent joyeusement. C'est la vente-débarras officielle des Repentignois et les acheteurs se pointent déjà.

Les voitures ralentissent devant la table de Nathalie Quévillon et de sa famille. Une cuisinière blanche à affichage numérique attire l'attention d'un automobiliste grisonnant. Il baisse sa vitre.

«C'est combien?» lance-t-il aux vendeurs. «Cinquante dollars! répond Mme Quévillon. Elle fonctionne très bien. Je viens de rénover ma cuisine et j'ai acheté de nouveaux appareils électroménagers en acier inoxydable. Sans cela, je l'aurais gardée quelques années encore.»

L'homme répond qu'il y réfléchira, et s'éloigne. Tant pis s'il ne revient pas. La vendeuse soutient que son prix est juste et qu'elle trouvera preneur d'ici la fin de la journée. Pour sa cuisinière, ainsi que sa table de cuisine en chêne (75$), sa boîte à pain (5$) et son tableau noir décoratif (5$).

À la limite, elle baissera son prix plus tard en journée. «Je ne veux rien ramener dans la maison, dit-elle. Il faut que ça parte!»

Les acheteurs potentiels sont nombreux, tôt ce samedi matin, dans ce quartier résidentiel. Certains, carte à la main, viennent de Montréal et même de la Montérégie.

«Quand on aime les ventes-débarras, on n'hésite pas à faire un peu de route pour faire de bonnes affaires», explique François Provençal, auteur du site Internet ventedegarage.ca et mordu de ce genre d'événement. Il offre notamment aux internautes un calendrier des ventes-débarras dans la région de Montréal. Depuis le début de l'année, près de 75 000 personnes l'on consulté.

Ce matin-là, M. Provençal devait choisir entre les objets usagés de Châteauguay et ceux de Repentigny. Cette fois, le résidant de la Montérégie a privilégié la proximité aux trouvailles potentielles de la rive nord. Père de deux jeunes enfants, il ne consacre plus systématiquement ses temps libres à la «recherche de la perle rare».

Bien des objets des ventes-débarras sont loin d'être démodés ou difficilement utilisables.

«Dès 13 ans, je partais presque toutes les fins de semaines du printemps avec mes parents, d'une vente-débarras à l'autre, raconte-t-il. Au départ, je recherchais des jouets, mais quand j'ai voulu partir en appartement, j'y ai trouvé des meubles et des objets décoratifs en parfait état, et surtout à très bon prix. Encore aujourd'hui, pourquoi j'achèterais une tringle neuve quand je peux en trouver une superbe à 1$?»

Parmi ses coups de coeur, il évoque une télévision payée seulement 10$ et une table à langer en bois à 60$. Les prix imbattables des vendeurs l'attirent, mais aussi l'idée de récupérer des objets avant qu'il ne finissent au dépotoir. «Ce ne sont pas tous les objets des ventes-débarras qui sont démodés, soutient M. Provençal. Beaucoup sont encore tout à fait utilisables.»

Sa quête de trouvailles est simplifiée depuis quelques années par une tendance qu'adoptent de plus en plus de municipalités:regrouper les ventes-débarras de tous leurs citoyens une fin de semaine au printemps et une autre à l'automne. L'initiative attire plus de visiteurs, et du coup, plus de citoyens décident de faire le ménage de leur maison.

Mais à Repentigny, pas de veine. Au tournant de 10h, la pluie s'est abattue sur les objets étalés devant des dizaines de maisons. Qu'à cela ne tienne, les vendeurs ont sorti des toiles de plastique et des auvents pour poursuivre leurs ventes-débarras. Les prix ont baissé, et les acheteurs déterminés à faire de bonnes affaires en on profité.

Les deux pieds dans l'eau, le mot débarras prend tout son sens.