Michel Caron et sa femme Denise Mongrain ont pris une «retraite sympathique» avant leurs 40 ans pour réaliser leurs rêves de voyages. De cette solide maison jaune, ce paysage bucolique pour lequel ils ont eu un coup de foudre, ils n'en sont pas prisonniers. Au contraire. La peinture était à peine sèche qu'ils mettaient une pancarte «À vendre» au bord du chemin Royal, 125 mètres plus haut.

Michel Caron et sa femme Denise Mongrain ont pris une «retraite sympathique» avant leurs 40 ans pour réaliser leurs rêves de voyages. De cette solide maison jaune, ce paysage bucolique pour lequel ils ont eu un coup de foudre, ils n'en sont pas prisonniers. Au contraire. La peinture était à peine sèche qu'ils mettaient une pancarte «À vendre» au bord du chemin Royal, 125 mètres plus haut.

La maison jaune plantée dans le décor pastoral de Saint-Ferréol.

Ils feront comme ils ont fait la dernière fois: ils prendront le large. C'était en 2002. Ils ont passé six mois en Nouvelle-Zélande et en Australie, après avoir vendu leur maison de Bromont. En fait, pas juste la maison. Les meubles, les draps, les petites cuillères. «On avait soupé avec les acheteurs, raconte Denise. Après le café, on a pris nos valises et on est partis, en leur laissant tout le reste.»

Leur prochaine destination: le Chili et l'Argentine, où ils pourront perfectionner leur espagnol. Et ensuite, ce sera la Scandinavie. Puis l'Asie. Comme d'habitude, ils n'encombreront pas leurs sacs à dos de bibelots et de babioles. Les souvenirs remplissent leurs têtes, pas leurs étagères.

Des créations de Denise, Ginette la vache qui fait du parapente est sans contredit la plus amusante.

Michel et Denise ont conçu cette maison pour l'intégrer le mieux possible au paysage changeant de Saint-Ferréol. La modeste église du village, dont le clocher carré se profile au loin, le mont Sainte-Anne, fidèle miroir des saisons, les vallons et les forêts de Charlevoix, à l'est, leur ont dicté une maison sans fioritures et un aménagement paysager minimal fait de roches et de vivaces indigènes. Les oiseaux viennent se pavaner sur le tipi de branchages.

À l'intérieur, le paysage prend tout l'espace à travers les fenêtres sans rideau. Et comme si ce n'était pas assez, Denise l'a peint sur le meuble de télévision, comme elle le voit lorsqu'elle est assise devant une émission.

De la salle à manger, le panorama de Charlevoix se livre aux dîneurs.

Denise dessine partout: directement sur les murs ou sur les panneaux d'armoire ainsi que sur des toiles qu'elle suspend jusque dans les garde-robes. «C'est mon côté exagéré», convient-elle. C'est naïf et charmant. Et Ginette, la vache qui fait du parapente, en est l'expression la plus drôle. Dans une chambre, des silhouettes fantomatiques font peur aux invités.

Dans la salle à manger: une grande table carrée. Dans la chambre d'amis : des lits superposés camouflés dans une encoignure. La visite est la bienvenue ici. «Michel est le plus jeune d'une famille de 17 enfants», confirme Denise. Jeanne, la maman, vient de mourir. Veuve à 48 ans, avec 15 enfants encore à la maison, «elle ne connaissait pas ça, prendre une marche», confie Michel. Dans les romans qu'il écrit «il y a beaucoup de Jeanne», dit-il.

Autodidactes

Michel et Denise ont tout fait de leurs mains à l'intérieur. En autodidactes, par-dessus le marché. «Il faut prendre son temps, ne pas avoir peur d'essayer et s'informer», résument-ils. Ils ont vécu huit mois dans le chantier perpétuel de leur chez-soi, qu'ils ont terminé en mars 2005.

Ils auraient pu se contenter de murs de gypse. Mais non, il leur fallait des petites lattes, même au plafond. Dans la mignonne salle d'eau du rez-de-chaussée, Denise les a peintes en deux tons, café crème et dune de Gobi, afin de donner l'effet d'une tapisserie rayée.

Une salle de bains lumineuse inspirée de Cape Cod.

Ils ont aussi fabriqué le lit carriole et les tables de chevet de leur chambre, la table de la salle à manger, le meuble de télévision et le coffre à bois. Ils ont eux-mêmes dessiné leur grande douche à angle, aux jolies parois de verre givré. La vaste salle de bains, tout de bleu et de beige avec un zeste de jaune, est inspirée de Cape Cod. «Les étoiles de mer viennent de la Nouvelle-Zélande et de la côte ouest américaine», s'empresse de préciser Denise.

Rustique et confortable. Campagnarde et actuelle. Personnelle et sobre. Cette maison mérite ces vagabonds qui y ont posé leurs valises et qui se ressourcent au contact de leur authenticité profonde.