Des murs sans joie accueillaient les élèves de première et de deuxième secondaire au pavillon Saint-Pierre de l'école Saint-Pierre et des Sentiers, à Charlesbourg, dont Nicole Pocholle est la directrice adjointe depuis quatre ans. Cette femme d'origine française sait que le sentiment d'appartenance naît d'une foule de détails. Et la beauté de notre environnement n'est pas le moindre.

Des murs sans joie accueillaient les élèves de première et de deuxième secondaire au pavillon Saint-Pierre de l'école Saint-Pierre et des Sentiers, à Charlesbourg, dont Nicole Pocholle est la directrice adjointe depuis quatre ans. Cette femme d'origine française sait que le sentiment d'appartenance naît d'une foule de détails. Et la beauté de notre environnement n'est pas le moindre.

La murale des bélugas dessinée par des élèves du programme international.

Ici et là, à tous les étages, elle a donc semé des photos de la Suisse, où elle a déjà enseigné, «pour développer la culture» de ses 600 élèves. Bien à la vue, au bout de corridors ou dans des escaliers, des murales dessinées par des jeunes témoignent de leur participation active au décor de leur milieu. Même les enfants de sixième année, en visite dans leur future école, ont laissé leurs empreintes de gouache sur un long carton transformé en chef-d'oeuvre bigarré.

Dans la classe de sciences humaines de l'enseignant André Boucher, tout de vert et d'orange brûlé, des vitraux ornent le haut des fenêtres. «Ils sont inspirés des Très Riches Heures du duc de Berry, des enluminures du Moyen Âge», précise Mme Pocholle. Ces carreaux de peinture sur verre «vont au-delà du beau», ajoute-t-elle. Ils découlent de recherches en histoire, de travaux de français et de séances d'arts plastiques supervisées par l'enseignante Stéphanie Kelley. La réforme à son meilleur!

Le bureau de la directrice est tout aussi singulier. Elle l'a fait peindre en ocre et en marine, puis elle a demandé à une collègue de lui confectionner des rideaux. À côté de la chaise des visiteurs, la reproduction d'un Dali. Celle avec les cygnes dont les reflets dans l'eau sont des éléphants. Troublant. «Mes jeunes en difficulté ne voient que les éléphants, confie-t-elle. Ça révèle sans doute leur côté sombre.»

Autre corridor, autre oeuvre d'art: ici une murale dessinée par des élèves du régulier.

Le jaune des corridors changera au cours de la prochaine année scolaire. C'est le «gouvernement étudiant» qui aura le dernier mot. Ce sera tout sauf triste, à en juger par le bleu et l'orangé dont ils ont doté la salle commune, où les plantes vertes arriveront en même temps que les premiers élèves. Une seule contrainte: que les couleurs s'harmonisent à la jolie murale des bélugas et à celle illustrant l'un des principes de l'école, la liberté.

Classe «évolutive»

S'il avait à créer une salle de classe à la fois stimulante et studieuse, Claude St-Gelais, designer au Musée de la civilisation, s'arrangerait pour qu'elle soit «évolutive». Il mettrait de la couleur. Et sur un des murs, il déroulerait une immense feuille de papier qu'il changerait au gré des cours et des enseignants. «Pour personnaliser la pièce», explique-t-il.

La murale des jeunes visiteurs de sixième année, futurs étudiants à l'école.

Il regrouperait les pupitres, il remplirait les étagères de livres, il afficherait «la production des enfants» et il garnirait les murs de tableaux, de reproductions d'oeuvres d'art et de belles pages de dictionnaire agrandies.

«En plus d'être beaux, les objets doivent être didactifs et donner le goût d'apprendre, d'en savoir plus, avance M. St-Gelais. Il faut que la classe soit fonctionnelle.» À ses yeux, l'enfant doit «se sentir à l'école», dans une atmosphère studieuse où l'autorité de l'enseignant et le respect des règles ne sont pas négociables.