Déjà utilisée au Moyen Âge, la crémaillère était un outil pour cuisiner. Cette tige de fer servait à suspendre la marmite dans l'âtre de la cheminée pour la préparation des repas. Pourvue de crans, elle permettait de modifier la hauteur du chaudron au-dessus de la braise, selon la cuisson désirée.

Déjà utilisée au Moyen Âge, la crémaillère était un outil pour cuisiner. Cette tige de fer servait à suspendre la marmite dans l'âtre de la cheminée pour la préparation des repas. Pourvue de crans, elle permettait de modifier la hauteur du chaudron au-dessus de la braise, selon la cuisson désirée.

Mais l'expression «pendre la crémaillère» prenait tout son sens lorsqu'on accrochait définitivement l'outil dans la cheminée. Ce geste était posé quand la construction de la maison était terminée, marquant ainsi la prise de possession du foyer. Il indiquait l'intention des nouveaux habitants d'y résider et d'y recevoir la famille.

À l'époque, il était de coutume d'inviter les amis et les personnes ayant participé aux travaux de construction pour festoyer.

Aujourd'hui, la symbolique est restée. On «pend la crémaillère» pour fêter l'aménagement dans un nouveau logis. Mais la marmite fut reléguée au second rang pour laisser place aux punch alcoolisé, croustilles épicées et autres charcuteries roulées.

Les francophones ne sont pas les seuls à utiliser une locution imagée pour désigner cette fête initiatique. L'idée «d'inaugurer» son nouveau chez-soi est cependant beaucoup plus évidente dans l'expression anglaise house-warming, qui signifie littéralement «réchauffer la maison».

Crémaillères actualisées

Aujourd'hui, les magasins d'ustensiles de cuisine et de décoration offrent un autre instrument sous le nom de crémaillère. Il s'agit d'un support ou d'un grillage que l'on fixe habituellement au plafond de la cuisine ou de la salle à manger, au-dessus d'un îlot, afin d'y suspendre les casseroles et les poêlons à l'aide de crochets.

Mais cet accessoire n'est pas aussi connu que son ancêtre pouvait l'être; il n'est effectivement pas évident de dénicher une crémaillère. Chez Baltazar, rue Saint-Joseph Est, à Québec, la conseillère Sophie Michaud soutient que la plupart des clients ne connaissent pas l'utilité de cet outil, ni même son nom. Encore plus rares sont ceux qui en demandent.

Comme l'explique Guy Bel, de la Forge à Pique Assaut de l'île d'Orléans, ce dispositif de rangement n'est pas sans rappeler la crémaillère originelle. En fait, la hauteur de certains modèles s'ajuste grâce à un système de crans, tout comme pour la marmite sur le feu. Et on la pend toujours!

Sa conception se métamorphose désormais au gré des fantaisies. Guy Bel en a surtout conçu pour rénover des maisons ancestrales. Sur commande, il forge certains modèles qui se règlent à l'aide de chaînes. D'autres clients les préfèrent ornementés de motifs, comme des têtes de coq.

Ces nouvelles crémaillères, aussi nommées «porte-casseroles», sont encore couramment faites de fer forgé. Mais il existe des crémaillères pour tous les goûts et tous les budgets. La boutique Fenton Gourmet, de Sainte-Foy, propose un modèle rectangulaire grillagé en acier inoxydable alors que Baltazar dispose de crémaillères en bois serties de crochets métalliques. Les prix s'échelonnent entre 40 et 600 $ selon la qualité des matériaux utilisés et la complexité du design. Les bricoleurs habiles peuvent encore fabriquer leur propre crémaillère à l'aide d'une grille de four, par exemple, de crochets et de quelques bouts de chaînes. L'acquisition d'un tel objet doit forcément être précédée d'une petite réflexion pour déterminer ce qu'on a envie d'y accrocher.

Voyageant à travers les âges, la crémaillère s'est transformée en emportant avec elle une expression du passé. Il est donc possible, au sens propre ou figuré, de «pendre» la crémaillère. Il suffit seulement de décider de quelle manière vous désirez souligner l'entrée dans votre nouvelle demeure.