Le secret des Italiens? «Après la Deuxième Guerre mondiale, le design industriel est apparu comme un projet de société. On a voulu offrir de beaux objets au grand public, comme la Vespa ou la petite voiture Fiat Nuova 500», explique Diane Charbonneau, conservatrice des arts décoratifs et du design au MBAM.

Le secret des Italiens? «Après la Deuxième Guerre mondiale, le design industriel est apparu comme un projet de société. On a voulu offrir de beaux objets au grand public, comme la Vespa ou la petite voiture Fiat Nuova 500», explique Diane Charbonneau, conservatrice des arts décoratifs et du design au MBAM.

Ce fauteuil intitulé La poltrona di Proust a été conçu par Alessandro Mendini. Selon ce designer, tout a déjà été inventé et il ne reste plus qu'à transformer les objets existants.

Plusieurs facteurs ont permis aux Italiens de devenir les champions du design. D'abord, ils ont pu profiter du savoir-faire d'artisans talentueux. Ils ont ensuite su exporter leurs produits. Ils se sont également dotés d'expositions, de magazines (comme Casabella) et d'une image de marque irréprochable. Sans compter que le design fait partie intégrante de l'identité italienne.

Avec ses 380 oeuvres, l'expo Il modo italiano permet de découvrir les liens entre l'expérimentation artistique et le design novateur de l'Italie, tout au long du siècle dernier. Les peintures, sculptures, photographies, meubles et objets sont multiples et il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Il est donc souhaitable d'utiliser un audioguide.

Quatre thèmes sont exploités: l'optimisme insouciant du début du XXe siècle, la monumentalité et le rationalisme de l'entre-deux-guerres et de l'époque du fascisme. Le thème de la reconstruction et du miracle économique présente, entre autres produits, la moto toute en rondeurs Vespa 125 des années 50.

Enfin, il y a un espace consacré à la postmodernité. Ici, les adeptes de design et de mobilier reconnaîtront plusieurs pièces cultes, comme le fauteuil La poltrona di Proust d'Alessandro Mendini. Grâce à ce meuble, le designer a voulu exprimer l'idée suivante: tout a déjà été inventé et il ne reste plus qu'à revoir les objets existants. Le résultat saute aux yeux. Multicolore, Poltrona di Proust a été peint dans un esprit pointilliste, selon le détail d'un tableau de Paul Signac.

Plusieurs autres pièces attirent l'attention. Certaines risquent même de faire rigoler les enfants, comme le célèbre portemanteau vert électrique en forme de cactus édité en 1972 par Gufram. «À partir des années 60, la fonction a été délaissée au profit de la forme», rappelle Diane Charbonneau.

Double sens

D'autres meubles aux couleurs gaies sont exposés, comme la bibliothèque Carlton aux formes surréalistes d'Ettore Sottsass éditée par Memphis, un groupe dont l'objectif était de tourner en dérision les prétentions du «Bon Design». Indémodable, le fauteuil La Mamma Up 5 relié par une corde à son repose-pieds a été lancé en 1969 et il possède un double sens. Il est à la fois un hommage à une déesse préhistorique de la fertilité et une critique de la condition féminine (le repose-pieds ayant des allures de boulet).

À la sortie, une autre pièce pique la curiosité: la table Org. Elle a été conçue par la vedette de la nouvelle génération des designers italiens qui s'inspirent de la joie de vivre de leur pays, Fabio Novembre. Dévoilée en 2001, elle est composée d'un plateau de verre et de multiples pieds rouges flottants (comme des poils géants). Seuls quelques pieds sont rigides pour soutenir le plateau.

Cette pièce met en évidence un autre secret du succès des Italiens en matière de design industriel: l'ouverture d'esprit des fabricants. «La créativité est une valeur importante chez les Italiens, fait remarquer la conservatrice du MBAM. Ils développent non seulement des produits industriels, mais aussi des idées.»

Le MBAM propose dorénavant trois nocturnes par semaine. Les mercredis, jeudis et vendredis, le musée est maintenant ouvert de 11h jusqu'à 21h.

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Renseignements: www.mbam.qc.ca