«L'objet à collectionner en design fait un retour en force», flaire Pierre Laramée, cofondateur de la boutique-galerie Commissaires, à Montréal. Ce mordu de design contemporain ratisse les boutiques-galeries les plus cotées du monde, comme Moss, dans le quartier SoHo, à New York et il dévore les magazines les plus in, tels Frame et Icon.

«L'objet à collectionner en design fait un retour en force», flaire Pierre Laramée, cofondateur de la boutique-galerie Commissaires, à Montréal. Ce mordu de design contemporain ratisse les boutiques-galeries les plus cotées du monde, comme Moss, dans le quartier SoHo, à New York et il dévore les magazines les plus in, tels Frame et Icon.

Trois chaises brûlées, mais toujours fonctionnelles (!) du designer Maarten Baas ont été spécialement conçues pour la boutique. Ces chaises à 2175 $ chacune n'ont pas encore trouvé preneur. Mais elles piquent la curiosité. «Je suis convaincu que les Montréalais auront le goût de collectionner des pièces uniques ou des objets fabriqués en petite série», affirme Pierre Laramée.

Art, artisanat ou design?

Cet énorme pompon de la designer Pernelle Fagerlund attire la curiosité des adeptes de design actuel.

La frontière entre designers et artistes n'a jamais été aussi floue. La directrice de la galerie Joyce Yahouda le confirme: «Certaines de nos oeuvres d'art sont aussi des objets utilitaires.» Récemment, Mme Yahouda a exposé des oeuvres de Georges Audet qui peuvent faire office de table ou de sculpture. La galerie présente en ce moment deux énormes sculptures malléables du designer Jacques Bilodeau.

«Je les considère comme des artistes qui font du design et créent des objets architecturaux», précise la galériste.

Le métissage entre l'art et le design n'est pas nouveau, direz-vous. Effectivement, plusieurs artistes et designers ont sauté la clôture. Le sofa Mae West formé de lèvres géantes imaginé par Salvador Dali en est un exemple. De l'autre côté, le designer Alessandro Mendini a fait peindre à la main son fauteuil Proust, en 1978.

À Montréal, les meubles «artistiques» ont leurs adeptes. À preuve, le propriétaire de la boutique Triede, spécialisée en design d'avant-garde, a vendu dernièrement un fauteuil Proust conçu par Mendini et fabriqué par Cappellini.

Du design beau comme de l'art...

D'où vient cette proximité entre le design et l'art? Elle remonte à plus de 25 ans, estime Gilles Godmer, conservateur au Musée d'art contemporain de Montréal (MAC). «Les artistes n'ont cessé pendant tout ce temps d'utiliser du mobilier dans la réalisation de leurs oeuvres.»

Collectionneurs d'art et amoureux du design de meubles apprécient cette oeuvre de l'artiste Yannick Pouliot. (Photo fournie par le Musée d'art contemporain de Montréal)

Le conservateur donne quelques noms québécois. Le sculpteur Gilles Mihalcean a déjà coupé une commode et l'a intégrée dans son oeuvre Brume gaspésienne de 1987. Michel Goulet a longtemps utilisé des chaises. L'an passé, Yannick Pouliot a présenté un sofa victorien bombé sur lequel il est impossible de s'asseoir... «Au printemps, le Québécois Samuel Roy-Bois nous fera prendre conscience de notre rapport à l'habitat avec un très grand matelas posé dans une boîte couverte d'isolant», annonce Gilles Godmer.

La création artistique a influencé plusieurs designers et les installations ont stimulé la cohabitation entre les différentes formes d'art. Dans cet esprit de mixité, les designers de meubles ont abandonné l'aspect strictement fonctionnel au profit du symbolisme et de l'esthétique, explique Diane Charbonneau, conservateur des arts décoratifs au Musée des beaux-arts de Montréal. «Les designers donnent des titres aux objets, comme le font les peintres pour leurs toiles», dit-elle.

Le Musée des beaux-arts de Montréal présentera d'ailleurs dès le mois de mai une exposition qui explorera la «synergie entre l'expérimentation artistique et le design novateur de l'Italie du XXe siècle».