Dans son intérieur au design épuré, les produits de beauté et les condiments sont au fond des armoires. Il n'a qu'une vanité avouée: sa quincaillerie audiovisuelle.

Dans son intérieur au design épuré, les produits de beauté et les condiments sont au fond des armoires. Il n'a qu'une vanité avouée: sa quincaillerie audiovisuelle.

Penthouse d'Alexandre Marchand: salon brique et canapés blancs, intérieur au design épuré. (Photo archives Le Soleil)

Alexandre Marchand, chef de produits chez Maax, est de cette génération de «mâles urbains» portés sur le raffinement et l'hédonisme. Il a deux condos, l'un à Québec, l'autre à l'île des Soeurs, qu'il a aménagés selon la plus pure philosophie métrosexuelle.

Le soin qu'il met à créer son décor trahit son désir de «bien paraître». «Les hommes et les femmes ont des besoins différents, analyse-t-il. La femme aime avoir les choses à portée de la main. L'homme veut projeter une image ordonnée.» Pour elle, le coussin déposé sur le canapé doit être confortable. Pour lui, il importe qu'il soit beau.

Dans la cuisine de madame, la place du robot culinaire est sur le comptoir. Monsieur le range après chaque utilisation. Dans la maison d'une femme, jolies bouteilles et coquets flacons sont alignés autour de la baignoire. Il y a des bouquets de fleurs séchées dans la chambre et des photos encadrées sur les murs du passage. «Chez l'homme, c'est épuré, constate Alexandre Marchand. Rien ne paraît.»

Rien? Rien! Même les fils de la télé et de la chaîne stéréo sont encastrés dans les murs.

Sur son comptoir de granit, le jeune homme a fait percer un petit trou, d'où sortent les fils qu'il branche à son ordinateur et à son téléviseur. Les plaques murales ne sont plus dans le coup. Évidemment, la télé est à écran plat. Et elle est fixée au mur, mince et discrète, presque invisible. «Rien n'est laissé au hasard», résume M. Marchand.

L'homme est fier de son coin audio-vidéo. Raffiné, dépouillé et bien rangé, ce décor de style loft urbain est adouci par le bois naturel. (Photo: Ikea)

Autant les hommes aiment les gadgets technologiques dernier cri, autant sont-ils attirés par des accessoires simples et par des meubles aux lignes épurées, observe Julie Ménard, conseillère en décoration chez Peinture Laurentide. Si l'inox n'a plus de sexe, la pierre, le cuir et le béton ont encore du succès auprès des hommes. Ça leur prend des matériaux bruts. Et, de préférence, faciles d'entretien.

Couleur de terre

Les couleurs non plus n'ont pas de sexe. «Mais il y a des grands classiques, observe le designer Sylvain Côté. Le noir toucan, le vert bosquet ou la coulée d'argent de Benjamin Moore projettent une lumière et une profondeur qui font très masculin.»

Le brun noyer, l'ébène, le beige tabac, le noir chocolat et le gris asphalte sont associés aux intérieurs virils. (Photo: Peinture Laurentide)

Le brun noyer, l'ébène, le beige tabac, le noir chocolat et le gris asphalte sont également associés aux intérieurs virils. «Imaginez une ambiance de cigar lounge ou de porto room d'une belle couleur caramel», illustre Julie Ménard. «Les couleurs de terre, on ne se trompe pas avec ça, confirme Alexandre Marchand. Elles auront encore la cote dans cinq ans.»

Mais ce n'est pas demain la veille que ces messieurs s'achèteront un coussin rose. Une chemise, passe encore, surtout depuis qu'ils ont vu que George Clooney et Brad Pitt portaient si bien le fuchsia.

«En accent, les métrosexuels accepteront une couleur punchée comme le rouge, constate Julie Ménard. Mais en général, les hommes seront plus portés vers le gris, pour un mur ou pour des accessoires.»

Une chambre bien masculine, aux lignes épurées. (Photo: Interior Design)

Amenez-leur de la fourrure foncée à poil ras, du velours côtelé, du tweed et du suède. Déposez un coussin à motif pied-de-poule sur le canapé, une boîte de rangement à carreaux dans un placard, un jeté à chevrons sur la causeuse, et ils se sentiront dans leur élément.

À la rigueur, enfin, il sera permis d'incorporer un objet en lien avec le hobby de monsieur.

«L'idée, c'est de révéler la personnalité de l'homme», résume Sylvain Côté. Ainsi, il n'a rien contre un cellier dans la salle à manger d'un amateur de vin, une table de billard dans le sous-sol ou quelques articles de sport exposés dans le boudoir. «À la condition que ça ne ressemble pas à la Cage aux sports», prévient le designer. À ce chapitre, comme dans tout ce qui relève de la décoration, la modération est de mise.