Au rez-de-chaussée, une piscine baigne dans un décor provençal, en contraste saisissant avec les largesses du lac Brome qui, droit devant, en donne plein la vue. La vaste salle, ouverte de plain-pied sur l'extérieur, se laisse voir de bord en bord à travers des baies de fenêtres en demi-lune. «Si je n'étais pas né au Québec, je serais sûrement de Provence», dit le propriétaire des lieux, un industriel à la retraite.

Au rez-de-chaussée, une piscine baigne dans un décor provençal, en contraste saisissant avec les largesses du lac Brome qui, droit devant, en donne plein la vue. La vaste salle, ouverte de plain-pied sur l'extérieur, se laisse voir de bord en bord à travers des baies de fenêtres en demi-lune. «Si je n'étais pas né au Québec, je serais sûrement de Provence», dit le propriétaire des lieux, un industriel à la retraite.

L'ambiance recrée les couleurs de la Provence. Une polychromie enveloppante nuance des teintes dorées et cuivrées, sur des variations de tons ocrées, chaudes en toutes saisons. On ne s'y trompe pas, la pierre utilisée et prédominante dans ce décor n'est pas tirée de la terre québécoise; elle rappelle trop celle qui façonne le mas provençal, la maison traditionnelle de pierres dans le Midi français.

Cette pierre a pourtant été conçue sur place et elle sort directement de l'imagination de l'artisan Denys Lacombe, dit «le Trompeur». Ici, tout est faux. Il faut toucher aux aspérités pour le croire. Le pinceau, l'éponge et la truelle sont les outils de ce maçon de la contrefaçon pour coucher la pierre et donner du relief aux crépis. «Il n'y a pas de place pour la symétrie et les angles droits dans cette tradition architecturale», constate Denys Lacombe. Le mas se construit à coups de truelle sur une pierre calcaire anguleuse, les matériaux en aplat ont peu de place.

L'artisan s'est bien documenté avant d'exécuter son travail sur des formes déjà existantes. Son premier geste sera de camoufler le bois, un matériau historiquement indésirable dans l'habitat provençal. Une lointaine ordonnance de Colbert sur la protection des forêts, en 1669, a interdit toute activité forestière dans cette région de France. En éléments dominants, une série de cinq arches parallèles à la piscine et une enfilade d'alcôves, d'abord de gypse et de bois, seront retravaillées avec une matière synthétique pour rendre la texture feuilletée de la pierre méridionale.

Des rondeurs sont également données aux alcôves, traditionnellement construites pour accueillir un saint protecteur des lieux, chez les plus fortunés. Puis, l'artisan apposera des pierres de taille et des champs dessinées. Tantôt la pierre des champs est porteuse, tantôt la pierre de taille ennoblit un espace ou est posée en linteaux de fenêtre et de porte qui, à la française ou à l'italienne, sont toutes de cèdre espagnol.

La terre méditerranéenne n'est pas bénie des dieux. Son sol avare gratifie ses habitants d'une roche sédimentaire incohérente au grain grossier. La solidité de l'ouvrage de maçonnerie repose sur un liant de qualité, au sable net, sans terre. La composition du mortier est une affaire sérieuse en Provence, des pratiques séculaires le prescrivent de chaux éteinte et de sable. «Les crépis ne sont pas utilisés pour l'esthétisme comme pour la durabilité. Ils doivent protéger la pierre», explique l'artisan. Leur application est généreuse. «Le Trompeur» décale parfois les pierres pour rappeler les raccords inégaux de l'habitat traditionnel, tout comme, dans cet esprit de durabilité, il badigeonne de chaux les poutres de bois apparentes du haut plafond légèrement infléchi. La chaux gardait initialement le rare bois des attaques de la vermine.

L'entreprise est certes une réussite, mais pourquoi s'être donné autant de mal pour reproduire avec ce souci du détail, sans matériau noble? «Construire en pierres naturelles aurait nécessité une toute autre structure. On aurait dû rajouter une armature au plancher et prendre l'espace déjà restreint dont nous avions besoin en sous-sol pour les installations mécaniques», dit le propriétaire des lieux. Les fondations ne peuvent trop ronger le sol sur les rives du lac Brome à cause de l'infiltration des eaux. Cette restriction est apparente dans la piscine, qui ne fait pas plus de cinq pieds de profondeur.

Et surtout, c'est le sable et la pierre du pays qui donnent ces couleurs si particulières à l'architecture provençale, en mimétisme avec son sol.

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Pour en savoir plus:

Le Trompeur

Montréal: (514) 571-4391

Québec: (418) 262-4391

Courriel: letrompeur@sympatico.ca