Ce que les statistiques gouvernementales ne disent pas, c'est le nombre de canaris, pinsons ou perroquets, petits et gros, qui sont devenus des animaux de compagnie.

Ce que les statistiques gouvernementales ne disent pas, c'est le nombre de canaris, pinsons ou perroquets, petits et gros, qui sont devenus des animaux de compagnie.

Et souvent, comme si la volière, la mangeoire, les jumelles ou les livres ne suffisaient plus, voilà que la ménagerie devient tableaux, eaux-fortes, sculptures, bijoux, peluches ou bibelots.

En cette période des Fêtes, ces oiseaux imaginaires sortent de leur nid et prennent leur envol de l'atelier de l'artiste qui les a mis au monde. Je vous en présente quelques-uns, découverts lors d'une visite au Salon des métiers d'art de Montréal où la faune ailée était à l'honneur.

Diane Marier

Porte-bouteille à tête de macareux moine, une oeuvre de Diane Marier.

Ses oeuvres sont pratiques: tables, pots, assiettes et bains d'oiseaux. Si l'argile prend des formes diverses, souvent inusitées, l'oiseau domine fréquemment la scène. Caricatural, il fait sourire. Dans son coin de campagne, à Stoneham, Diane Marier observe les oiseaux et les invite à table. «Ils ont tous des traits caricaturaux que je m'amuse à reproduire. C'est souvent le cas de leur bec. Je leur donne un air amusant, un peu humain.»

Oiseau préféré: difficile de choisir. La fragilité de la sittelle la fascine. Mais elle se souvient de cette excursion en kayak de mer dans les îles Mingan où elle espérait observer des macareux qui ne sont jamais venus. «Il a fallu que j'aille au Biodôme pour en voir, dit-elle. Aujourd'hui, je prends plaisir à les sculpter et à leur donner une allure particulière.»

Atelier: www.dianemarierceramique.com

Étienne Guay

Le carouge à épaulette qui devient un virevent inusité.

Ses oiseaux sont en métal recyclé. À défaut de voler, ils virevoltent. Carouges, étourneaux, merles, vachers, quiscales, mésangeais et bien d'autres sont devenus virevent et girouettes. Étienne Guay a son atelier à Saint-Jean-Port-Joli. Il a étudié en biologie et a fait de la recherche dans ce domaine pour des professeurs. Ses objets mobiles sont un hommage aux oiseaux, dit-il, même si certains sont des mal-aimés. «Nous tenons pour acquis que les oiseaux sont là pour toujours. Dans mon coin, le vacher à tête brune et le moineau sont presque disparus, souligne-t-il. Voilà qui amène à réfléchir.»

Oiseau préféré: les étourneaux sansonnets, «pour leur joyeux bordel quand ils sont regroupés sur un fil».

Atelier: (418) 598-7133

Stéphanie Lemelin

Héron au nid, coupe-papier de Stéphanie Lemelin.

Pour concevoir ses jolis coupe-papier, l'artiste joaillière Stéphanie Lemelin s'inspire principalement des oiseaux à long bec. Étain, zinc, placages donnent aux grands hérons ou aux pélicans des poses naturelles ou surréalistes, selon le point de vue. Ils sont au nid, perchés, sur le point de s'envoler ou en train de sommeiller. Spontanément, on a envie de les prendre dans la main, eux qui sont si peu portés à ce genre de familiarité.

Oiseau préféré: plusieurs viennent à sa mangeoire, dans sa cour à Brossard. Mais elle a jeté son dévolu sur les échassiers, surtout le grand héron. Pour sa forme, sa grâce, la texture de son plumage.

Atelier: (450) 926-1718

Michel Chayer

Troglodyte mignon de Michel Chayer. Un oiseau minuscule toujours en mouvement.

Ses oiseaux sont grandeur nature ou presque, jamais identiques, aux lignes fuyantes, un peu surréalistes. Ils sont faits en bois de chez nous, mais aussi en bois précieux comme l'ébène. Michel Chayer, de Varennes, a consacré près de 40 ans à la sculpture et depuis bien des années déjà les oiseaux sont au centre de son oeuvre. Même de grandes entreprises lui en réclament. Sorti de ses mains, le troglodyte mignon porte bien son nom. Vivant, prêt à sauter de branche en branche, le sujet est particulièrement apprécié des connaisseurs et du sculpteur. «Quel oiseau! Il est minuscule mais sait protéger son territoire. Toujours en mouvement, il a le diable au corps. Au point où est difficile à observer.»

Oiseau préféré: Le merle est son espèce fétiche depuis son enfance. «Son arrivée signifie que le printemps est vraiment arrivé. Le plus étonnant, c'est que je ne l'ai jamais encore sculpté.»

Atelier: (450) 929-1845; www.michelchayer.com

Michel Boire

Un des perroquets de Michel Boire dans son enveloppe originale.

Ses oiseaux rappellent les grands perroquets, du moins leur bec. Ils sont pensifs, caricaturaux, anthropomorphiques. Voilà un an à peine, presque jour pour jour, que Michel Boire a découvert sa technique, qui n'est pas de la sculpture, insiste-t-il. L'artisan fait naître de drôles d'oiseaux du milieu d'une bûche ou d'un bout de bois. Le plus étonnant, c'est que le «nid» est aussi spectaculaire que son hôte.

Oiseau préféré: ce grand pic qui s'était attardé durant une semaine devant la fenêtre de son chalet et qui avait décortiqué les quarts-de-rond, exaspéré probablement de ne pouvoir éloigner ce rival si tenace que représentait son reflet. C'est aussi un grand pic en bois qui signale la visite à la maison, à Mandeville, dans le rang de la Branche à gauche...

Francine Binette

Voilà plusieurs années que Francine Binette travaille le cuivre à Terrebonne avec son homme, Pierre. Cuivre découpé, chauffé, martelé; cuivre chatoyant qui prend des formes animales diverses, mais surtout celles de volatiles domestiques. Ici, le coq est à l'honneur. «Parce qu'il est fier, qu'il nous annonce le lever du jour, qu'il est un protecteur et un porte-bonheur», dit-elle.

Oiseau préféré: élevée sur une ferme, elle a été marquée par les coqs. Francine Binette se souvient des moments où elle allait chercher les oeufs sous les poules pondeuses. Il y avait toujours un coq qui veillait au grain, surtout un petit banty, qui n'appréciait nullement sa présence. «Dieu sait si je me suis fait courir après!»

Atelier: (450) 964-5697; www.lartducuivre.com.