Complété en 1937, l'élégant édifice de style Streamline moderne, ramification tardive du style Art déco, est considéré comme un chef-d'oeuvre de son époque. Sur toute sa largeur, une très belle fresque réalisée par Charles Comfort retrace les différentes facettes de l'économie canadienne.

Complété en 1937, l'élégant édifice de style Streamline moderne, ramification tardive du style Art déco, est considéré comme un chef-d'oeuvre de son époque. Sur toute sa largeur, une très belle fresque réalisée par Charles Comfort retrace les différentes facettes de l'économie canadienne.

C'est donc au coeur du secteur des affaires de Toronto que cet organisme sans but lucratif veille depuis 11 ans à faire le pont entre le design et les citoyens, dit Michael Prokopow, vice-président et conservateur de Design Exchange. «Notre mission est de faire prendre conscience aux Canadiens de l'importance du design dans leur vie et de promouvoir le design comme quelque chose qui est à la fois bon pour les affaires, pour le confort domestique, pour la vie sociale, etc. Pour ce faire, nous étudions, documentons et faisons la promotion du design à travers les disciplines et les époques.»

Le design sous toutes ses formes, voilà donc l'originalité de l'organisme qui s'intéresse autant à l'architecture et au design d'intérieur qu'au design industriel, graphique, urbain, en passant par la mode et l'architecture paysagère. Pour atteindre ses objectifs, Design Exchange travaille sur trois terrains: l'éducation, la recherche et la diffusion.

C'est connu, les bonnes habitudes se prennent tôt! C'est pourquoi l'organisme reçoit régulièrement des groupes scolaires et, depuis deux ans, organise des camps d'été où des jeunes de 5 à 14 ans se familiarisent avec le design d'intérieur, la mode, la fabrication de jouets, etc.

Design Exchange loge dans l'ancien édifice de la Bourse de Toronto, un édifice complété en 1937.

Les concours de design visent une clientèle plus âgée: des étudiants en design ou des professionnels du secteur. Ces derniers seront à l'honneur, le 29 novembre, à l'occasion des Design Exchange Awards, un concours où les projets sont évalués par un jury selon leur fonction, leur esthétique et leur succès économique. L'an dernier, le consortium Daoust Lestage-Provencher Roy Associés s'était illustré, en remportant l'or dans la catégorie Architecture paysagère pour la place Jean-Paul Riopelle et dans la catégorie Design urbain pour le Quartier international de Montréal.

La recherche est aussi au coeur de la mission de Design Exchange, qui héberge un centre de documentation comptant quelques milliers de livres, des magazines et des archives classées par catégorie, le tout accessible au public. «C'est très important, car beaucoup de choses significatives ont été perdues parce que souvent, les designers ne pensent pas à l'importance de leur travail, dit Michael Prokopow. Les dossiers d'un architecte qui a oeuvré durant 40 ans renferment beaucoup d'informations sur notre patrimoine.»

By Design: mosaïque du design canadien

Chez Design Exchange, on peut visiter gratuitement une petite exposition. Au moment de notre passage, le thème abordé était la vie dans un pays froid. Quinze expositions sont présentées chaque année au rez-de-chaussée.

Le but de notre visite était évidemment de parcourir By Design, l'exposition principale au Design Exchange jusqu'à la fin de l'année. Bien qu'on n'y trouve pas de chef-d'oeuvre pour faire courir les foules (même si la torche des Jeux olympiques de Montréal peut raviver de bons souvenirs!), c'est dans son ensemble que l'exposition prend toute sa force.

Pour la mettre sur pied, M. Prokopow a utilisé une méthode plutôt inhabituelle: «J'ai demandé à des collègues de musées et de collections au pays de parcourir leur collection et de choisir l'objet qu'ils considéraient comme le plus significatif dans l'histoire du design canadien.» Aucune autre instruction n'était fournie. C'est donc avec beaucoup de curiosité que M. Prokopow et son équipe ont déballé des petites boîtes (vase, lampe, matériel dentaire, etc.) et des plus grandes (sofa, chaise, bureau du maire d'Ottawa, motoneige, etc.).

Tous ces objets ont été placés chronologiquement. On traverse donc environ 180 ans de design en parcourant cette exposition, ce qui nous donne un bel échantillon de la société canadienne et de son évolution. Un beau portrait du pays, croit Michael Prokopow. «Si je n'étais pas très familier avec le Canada, je percevrais dans cette exposition une société très près de la terre, où le climat joue un rôle important et où règne un dialogue constant sur la modernisation.»

Et si au début, des formes assez classiques et la technologie agricole prennent beaucoup d'importance, il est frappant de constater que le modernisme a marqué le milieu du siècle dernier pour culminer avec des formes inspirées de la conquête de l'espace vers les années 60. Puis, à mesure qu'on s'approche du moment présent, un design plus classique apparaît. Bref, on assiste à une démonstration concrète, et fortuite, de l'effet du retour du balancier!

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Design Exchange, 234, Bay Street, Toronto.

Renseignements: (416) 363-6121 ou www.dx.org