C'est peu dire qu'il «en mange». Disons plutôt qu'après 25 ans de travail du bois il arrive encore à en différencier tous les parfums. Et c'est d'ailleurs l'un des grands plaisirs des ébénistes que de «sentir» l'odeur caractéristique du bois coupé. Marc Richardson travaille seul dans un grand atelier inondé de lumière, où les planches de bois rares jonchent le sol, où les outils silencieux attendent la prochaine création.

C'est peu dire qu'il «en mange». Disons plutôt qu'après 25 ans de travail du bois il arrive encore à en différencier tous les parfums. Et c'est d'ailleurs l'un des grands plaisirs des ébénistes que de «sentir» l'odeur caractéristique du bois coupé. Marc Richardson travaille seul dans un grand atelier inondé de lumière, où les planches de bois rares jonchent le sol, où les outils silencieux attendent la prochaine création.

Table d'entrée avec tiroir

L'ébéniste se défend bien d'être un chef de file en matière de design. Au début de sa carrière il sculptait ses meubles, leur donnant des formes organiques, multipliant les difficultés techniques pour le seul plaisir d'apprendre. «C'était plus flyé. Je me suis demandé si j'étais un sculpteur ou un artisan», admet-il avec un léger accent. Aujourd'hui la réputation de l'artisan est faite de travail solide, indémodable, dépouillé. Le noyer, le cerisier, l'acajou, wenge, amarante, les bois précieux se transforment en meubles qui pourront être légués en héritage et traverser le temps. «Un bon design est intemporel», ajoute-t-il.

Il est né en Grèce et a fait, comme Ulysse, bien des voyages, ses parents étaient attachés à l'ambassade canadienne d'un pays à l'autre. C'est ainsi qu'il a vécu longtemps au Japon, le pays qui l'a le plus marqué sur le plan des influences artistiques. «Simplicité, lignes claires, contours marqués», explique-t-il. Il a puisé dans cette culture beaucoup d'éléments esthétiques qui caractérisent son travail, aujourd'hui.

Après des études au Collège Dawson en beaux-arts, le dessin de meuble à Toronto et le design intérieur, Marc Richardson a découvert sa véritable vocation le jour où il est entré dans une boutique du Vermont et découvert des meubles d'artisans. Coup de coeur pour cette forme de création qui lui a livré petit à petit tous ses secrets, et donné envie d'y consacrer sa vie. Sa réputation s'est bâtie de bouche à oreille ici, et avec le merveilleux Internet il peut désormais séduire des clients du monde entier, des Américains, des Australiens, des Japonais, etc. «Des gens qui aiment vraiment le bois, le naturel.» Modeste, il s'étonne de ce succès. «C'est vrai que la simplicité est au goût du jour.» Les meubles élégants de l'ébéniste portent sa griffe.

Table décorative en cerisier

Tables, chaises, consoles, armoires, chaque meuble est pensé, dessiné, peaufiné pour être beau mais aussi utile. Tenons, mortaises, sablage à la main, respect du grain du bois, exploitation des formes inusitées et des défauts que la nature elle-même imagine dans l'arbre, sans compter les couleurs, voilà ce qui continue de susciter une passion quotidienne. Car il peut donner libre cours à son imagination et se servir d'une autre essence de bois comme incrustations. «Le bois massif est comme un être humain, chacun est différent.» Il compte bien, à 50 ans tout juste, poursuivre son travail le plus longtemps possible.

«Ce qui me fascine? Le bois travaille encore une fois devenu meuble. Même coupé, équarri, assemblé, il est toujours vivant, sa vie continue.»