«Il faut aimer cuisiner pour acheter une création La Cornue. Si sa principale fonction est d'épater les invités, on passera à côté de belles expériences culinaires», souligne Jean-Pierre Dastous, directeur des ventes du magasin montréalais.

«Il faut aimer cuisiner pour acheter une création La Cornue. Si sa principale fonction est d'épater les invités, on passera à côté de belles expériences culinaires», souligne Jean-Pierre Dastous, directeur des ventes du magasin montréalais.

Il faut aimer cuisiner pour acheter une création La Cornue, estime Jean-Pierre Dastous. (Photo Michel Gravel, La Presse)

Parmi les acheteurs à l'âme de cuistot, il y a Céline Dion, Robin Williams, Brad Pitt, Jacques Chirac, Yves Saint Laurent, Michel Sardou, et toute une panoplie de ducs, comtes, et princes de ce monde. Ce qui les a fait craquer? Un mélange de fiabilité, de précision et de finition, ainsi qu'une bonne dose de tradition.

La cuisinière qui trône dans la vitrine de la boutique de l'avenue Laurier Ouest comporte deux fours voûte (un au gaz, l'autre électrique), quatre brûleurs, un gril et une plaque à mijoter.

Nombreux sont les curieux, mais rares sont ceux qui passent du lèche-vitrine à l'achat. Véritables objets d'art, les cuisinières La Cornue coûtent de 20 000 $ à 50 000 $, taxes, frais de douanes et de transport non inclus.

Depuis l'ouverture de la boutique en 2000, seulement 25 clients sont allés jusqu'à s'en procurer une. Chaque année, l'entreprise n'en fabrique qu'une centaine pour des clients partout dans le monde.

Une histoire centenaire

Le Français Albert Dupuys a confectionné la première cuisinière La Cornue en 1908. En inventant un système de cuisson à circulation de gaz, il permettait aux ménagères- sa clientèle cible à l'époque- de cuire les pièces de viande uniformément. La chaleur, comme produite par les parois intérieures du four, provient d'une cavité qui fait le tour de la voûte.

Ce mode de cuisson permet de conserver jusqu'à 92 % des sucs de la viande, comparativement à environ 75 % pour les fours conventionnels. Les viandes sont par conséquent plus tendres et plus nutritives, soutient le fabricant.

Le succès est donc immédiat pour les cuisinières La Cornue, toutes fabriquées à la main. Jusqu'en 1985, elles s'adressent à un large public, à des prix qui se comparent à ceux des marques populaires. «C'était la Maytag de l'époque, en France», affirme M. Dastous.

Par contre, à la fin du XXe siècle, la concurrence des fabricants de masse force l'entreprise à se spécialiser dans les produits haut de gamme et à exporter ses cuisinières.

Le fils et le petit-fils d'Albert Dupuys, André et Xavier, qui ont successivement pris la direction de l'entreprise, ont toujours refusé d'automatiser la production des cuisinières La Cornue.

La Cornue «grand public»?

En se spécialisant dans des produits coûteux, La Cornue a tourné le dos à une clientèle qui ne peut pas se permettre de payer autant pour une cuisinière. Avec le modèle CornuFé, qui coûtera 10 000 $, l'entreprise essaie de reconquérir une partie de la clientèle aisée.

Offert en septembre au Québec, cette cuisinière comptera deux fours électriques conventionnels (pas en forme de voûte ni au gaz) et cinq brûleurs. S'il le désire, le client pourra substituer le brûleur du centre par une plaque à griller ou une plaque à mijoter. Comme ce modèle sera moins cher, le choix de couleurs sera par conséquent moins grand.

Dans les détails, le dernier-né de La Cornue sera par contre semblable aux cuisinières les plus chères: brûleurs en laiton massif, plans de travail en inox de grande qualité, portes sans joints et matériaux luxueux comme le cuivre, le nickel, le laiton ou le chrome pour la finition.

L'entreprise prévient d'ailleurs ses clients que leur cuisinière sera si solide qu'elle leur survivra.

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Renseignements: (514) 277-0317